Décrochant l'ultime round d'une finale à couper le souffle, dans une totale scène de liesse, les joueurs de Penta Sports se lèvent pour saluer leur adversaire vaincu, Evil Geniuses. Les sourires affichés sur leurs têtes, elles-mêmes dans les nuages suite à ce premier sacre lors d'un Major, contraste avec l'expression de déception des joueurs postés de l'autre côté de la scène. Et plus particulièrement celui d'un homme aux yeux brillants, prêts à laisser s'échapper un torrent de larmes. Cet homme, c'est Canadian.
Assis sur sa chaise de gaming, les mains croisées en boule contre son front : pas besoin d'être le meilleur Pulse main pour capter au sensor cardiaque que le coeur du bon Troy est en crise. En même temps, laisser s'échapper un Major après avoir mené 2 maps à 0 ne peut laisser que des regrets ; d'autant plus quand on est le tenant du titre et un général hors pair. Si bien que depuis ce 18 février 2018, la situation de celui qui réalisait un doublé Pro League - Six Invitational 2017 un an auparavant, a pris un virage à cent quatre-vingts degrés, façon péplum : « le winner devenu loser, le loser qui est devenu gladiateur, le gladiateur qui défia Penta Sports ».
Mon nom est Troyus Jaroslawskus Canadius, commandant en chef des armées du Nord, général des Evil Geniuses
Détermination à toute épreuve, leadership autoproclamé et légitimité naturelle : voici les qualités d’un général de l’armée romaine que l’on pourrait, en s’arrêtant de plus près, retrouver chez Canadian. Et comme Maximus Decimus Meridius, aka le « Gladiateur », Troy a réalisé une ascension tellement prompte, au cours de ses batailles « Rainbow Sixéenne », qu’il fut rapidement pressenti comme le futur César pour diriger l’avenir de la discipline. Finaliste face à Yunktis en Saison 2 de PL, vainqueur de la saison 3 et du Six Invitational dans la foulée : qui a fait mieux en termes de conquête à l’époque ? Yung, son coéquipier actuel, et personne d’autre.
De cette manière, l’originaire de Toronto a toujours su se mettre en avant. Tombé dans une marmite de Monster Energy lorsqu’il était petit, posant sur des photos, accompagné d’une banane ou drapeau du Canada sur les épaules, Canadian est un personnage à lui tout seul. En remettant le T-bag au goût du jour et en déterrant un débat déjà entériné par l’ESL par la même occasion, Troy semble préserver son autodétermination quant à retrouver un statut de numéro un mondial ; pour lui et sa formation. Mais c’est bien ici que cela coince...
Vainqueur d’une Pro League oubliée, conquérant d’un Sledgehammer subtilisé
Canadian serait-il à R6 ce que Vegeta est à l’univers de Dragon Ball Z ? Comme voué à tenir l’éternelle place de numéro 2 ? Événement après événement, depuis qu’il a laissé s’échapper sa masse fétiche au sortir de l'Invitational 2018, l’impression ne cesse de prendre de l’ampleur. Son ascension fulgurante n’a semble-t-il pas vraiment plu aux fils légitimes de Rainbow Six, Pengu et ses frères d’armes. Et à l’image de commode, ces derniers se sont arrangés pour mettre le Canadien à l’ombre, le privant sans aucun scrupule de ce qu’il avait de plus précieux : la possibilité de gagner de nouveau une Pro League, un Six Invitational ou un Six Major.
Voilà déjà trois fois de suite que l’Ontarien croise le fer dans l’arène avec les nouveaux G2 Esports, et le bilan reste sans équivoque : les joueurs de la structure basée en Germanie sont sortis victorieux du champ de bataille à trois reprises. Un sentiment de puissance suprême, comme si Rainbow Six avait tendu le bras et pointé le sol avec son pouce, symbolisant la mise à mort du gladiateur canadien. Ou comme si le début de l’oeuvre de Ridley Scott prenait fin au bout de 10 minutes, avec le décès fictif de Russell Crowe et la déroute des légions romaines. Mais fort heureusement, Troy est resté bien vivant, et ne lâchera surement pas le morceau avant d’avoir « regagné sa liberté ».
Et j’aurais ma vengeance, dans ce Major ou dans l’autre
On peut dire que l’homme est impactant in-game et compte - au nombre de six - le plus grand chiffre de finales internationales disputées ; pareillement à Pengu et Joonas. De quoi inscrire l’opener d’à peine 22 ans comme l’une des figures mondiales de la compétition sur Rainbow Six. Encore faudra-t-il conclure et remporter les matchs décisifs pour retrouver une gloire suprême, qui s’éloigne au fil du temps qui passe.
L’objectif paraît ainsi plus qu’évident : Canadian devra profiter de la DreamHack de Montréal pour mettre un terme à son incroyable série de finales perdues consécutivement. Lorsque dans une autre mesure, se qualifier dès à présent - via la première place de la DH - pour le Six Invitational 2019 et son Colisée, serait un moyen de pouvoir se mesurer de nouveau au géant G2. Pour enfin devenir ce gladiateur qui fît tomber un empereur ?
Crédits photos : Benjamin Martinet, PeterHChau
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