Sixquatre l'a répété un peu partout : « Il y aura un avant et un après Six Major de Paris ». Et il n'a pas tort. Que ce soit dans les yeux des équipes impuissantes face au sacre de G2 ; dans les esprits des nombreux passionnés de la scène e-sportive de R6, touchés par l'incroyable spectacle audiovisuel proposé durant l'événement ; ou dans les têtes des développeurs du jeu qui voient leur création prendre une ampleur conséquente, rassemblement après rassemblement ; Rainbow Six se mue perpétuellement et les conclusions sont légion après ce Six Major de Paris.
Le Brésil, la tête à Rio
Il fut un temps où la scène brésilienne faisait peur à l'élite mondiale de R6, au point de voir Black Dragons ou la Team Liquid faire tomber Penta Sports en phase finale de Pro League. Mais ce temps est révolu, aux oubliettes, comme si le cycle du skill et de la fougue auriverde qui régnait jadis n'avait plus lieu d'être. La méta a (encore) beaucoup évoluée avec notamment l'introduction du ban des opérateurs et le changement du format des matchs, l'aspect stratégique prenant une ampleur d'autant plus importante que courir et viser les têtes ne suffisent plus à remporter des rencontres de haut niveau.
Voguant sur les vagues de son succès en PL Saison 7, le nez au vent de par sa position de leader de la zone sud-américaine, Liquid a pourtant bien cherché à libérer le NesKraken. Mais celui qui était élu MVP à l'international, il y a 3 mois, a cette fois surnagé. Face aux Français de Vitality et un Biboo bien plus efficace dans le même rôle, l'opener brésilien a vu son embarcation prendre l'eau, peu avant de subir une ultime salve imparable d'Obey Alliance, bon dernier du championnat étasunien. Touché-coulé, la Team Liquid.
Dans cette continuité, Immortals et Faze Clan sont aussi restés sur le palier des playoffs et NiP, façon « dernier des Mohicans » , s'est cassé les dents contre Evil Geniuses en quarts. Cette contre-performance générale n'a alors pas tardée à provoquer la réaction des différents protagonistes du pays de la cachaça sur les réseaux sociaux. Mais attention ! Si le Brésil parvient (après plus de deux ans) à bonifier les aspects mentaux et stratégiques de son gameplay, la phase finale de Pro League Saison 8, à Rio de Janeiro, dans une enceinte de plus de 10 000 sièges, risque d'être très tendue pour les visiteurs.
I Will Survive
Avec 15 joueurs professionels engagés sur l'event, la France n'était pas en reste quant à ses chances de s'inscrire dans la légende, qui plus est à domicile, dans une salle affichant complet. Et bien qu'incapable d'aller jusqu'au bout, la nation récemment devenue Championne du Monde de football a bel et bien eu son mot à dire lors de ce Major parisien dédié à Rainbow Six : à l'image de Vitality qui n'a que peu tremblé au moment d'écarter Liquid et Nora-Rengo ; portée par les solides prestations de BriD, et tous les hurlements que sa précision, son sens du clutch et sa régularité ont provoqués dans la salle comme dans les salons.
Possédant un stand-in de luxe que représente Falko, Millenium a également réalisé un parcours honorable, rendant les Immortals mortels et dominant de long en large les Coréens d'Element Mystic. Et que dire du 6-0 infligé par Mock-It à G2, sur la seule carte concédée dans le tournoi par le futur champion ? Force est de constater que tout cela, bien que gratifiant, n'a pas été suffisant. Ok, simple, basique. Ou quand un jeu vidéo rejoint un vieux rencard qui pue la défaite à plein nez. « Tu sais, tu me plais énormément. Mais il manque cette petite étincelle, cette petite chose qui fait que nous pourrions être ensemble ».
In fine, depuis trois Majors sur PC, la France et les demi-finales se cherchent sans se trouver. Voilà déjà trois speed-datings infructueux pour des frenchies qui ne parviennent pas à conclure ; devancés cette fois-ci par les gentlemans de la Team Secret et les anciens Penta Sports. Mais nul doute que le romantisme à la française et le french-kiss sauront triompher lors du Six Invitational 2019, à Montréal. Car qu'on le veuille ou non, atteindre le Top 4 d'un Major sera désormais l'un des grands objectifs de la « baguette ». À elle de s'en donner les moyens…
Le Seigneur des Majors : la communauté de Kanto
« Un Kanto pour les gouverner tous. Un Kanto pour les trouver. Un Kanto pour les amener tous et dans la vitrine les exposer ». Voilà, résumé en une phrase, l'état actuel de la scène R6 et des trophées qui se profilent à l'horizon. Camouflé par la prestation de Neskgwa lors des finales de Pro League Saison 7, Kantoraketti a profité de ce Major pour remettre tout le monde d'accord : le padre du R6 Game, aujourd'hui, c'est lui. Tout droit sorti de la faction des nains du Seigneur des Anneaux, le jeune Finlandais a livré des prestations de haute volée, tel un formidable soliste venant parfaire tout l’orchestre symphonique de qualité qu'est G2.
Au diable donc le plan de vengeance de Canadian, qui avait épinglé un tweet significatif : une photo des ex-Penta soulevant le sledgehammer du Six Invitational accompagné de ces mots : « nouveau fond d'écran » , afin d'entretenir l'esprit de revanche à chaque retour bureau. Au vu de cette troisième finale consécutivement perdue, le capitaine des Evil Geniuses pourra mettre à jour son wallpaper et voir ces mêmes joueurs soulever de nouveau le « précieux », devenu shield.
Déjà ultra-titrés, méga-dominateurs et giga-égoïstes, les hommes de G2, qu'on se le tienne pour dit, n'auront donc concédé qu'une map en cinq rencontres. Pour eux, il n'y aura pas vraiment eu d'avant ou d'après Major de Paris, si ce n'est que de tout rafler avec un maillot de Penta ou une tunique de G2 reste légèrement différent. Puissions-nous espérer que de cette exemplarité et de cette efficacité naisse alors le déclic nécessaire à la progression de l'ensemble de la scène compétitive ? Une chose est sûre : quand la locomotive accélère, tous les wagons lui emboitent le pas.
Crédit photos : Ubisoft
Tout sur Rainbow Six Siege