Après plus de deux ans de production et une démo (toujours disponible gratuitement sur Steam si vous n'y avez pas encore goûté) qui a généré une très forte attente tant elle a su montrer le potentiel de ce jeu d'infiltration, Budget Cuts est enfin sorti sur Steam et Oculus Store pour un prix oscillant entre 25 et 30 €, avec un support annoncé pour HTC Vive et Oculus Rift. Face à la marée de FPS qui inonde la VR, on est en effet heureux de voir un peu de nouveauté débarquer, surtout si celle-ci s'avère aussi efficace qu'elle semble l'être.
La sortie du titre, tout d'abord annoncée le 16 mai 2018 au cours de la GDC 2018 à San Francisco, avait finalement été repoussée au 31 mai par les Suédois de Neat Corporation afin de régler correctement les derniers détails. Cela n'a toutefois pas été suffisant puisqu'il a fallu annuler le jeu la veille de son lancement pour améliorer sa stabilité défaillante, surtout sur Oculus Rift, ainsi que résorber quelques bugs. Mais tout ceci est du passé puisque le titre est finalement sorti le 14 juin 2018. Il est donc temps de voir le résultat tant attendu.
- Genre : Action, Infiltration
- Date de sortie : 14 juin 2018
- Plateforme : HTC Vive, Oculus Rift
- Développeur : Neat Corporation
- Éditeur : Neat Corporation
- Prix : 27,99 € (Steam), 29,99 € (Oculus Store)
I love my job, I love my job, I LOVE MY JOB
Si vous avez joué à la démo de Budget Cuts, le lancement du jeu devrait vous être familier : vous commencerez en effet l'aventure comme dans la démo. Mais vous vous rendrez vite compte que certaines choses ont changé. Les textures semblent légèrement différentes, vos manettes ainsi que le translocator ont bien plus de classe, et les objets dispersés dans le décor ne sont plus tout à fait les mêmes. De plus, en jetant les tasses qui se trouvent sur le rebord des fenêtres, vous découvrirez que celles-ci se brisent en entrant en contact avec le sol. Au bout du couloir, lorsque vous tournerez à gauche, vous constaterez également que ce n'est plus pareil. La lumière de la pièce du fond est éteinte et c'est à vous de l'allumer grâce à l'interrupteur. Et les objets cubiques de couleur que l'on croisait dans la démo ont disparu au profit d'éléments identifiables.
Autre changement notable, le cercle du portail créé par le translocator, et qui vous permet d'observer à distance, a vu sa taille réduite, ce qui s'avère plutôt une bonne idée. Vous n'aurez ensuite plus qu'à accéder au coffre sous la table pour désactiver la protection laser de la grille vous permettant d'accéder à la pièce voisine ; celle-ci est en travaux et vous pouvez donc passer sans soucis. Vous retrouverez dans cette pièce l'ascenseur qui, soit dit en passant, a été amélioré, pour accéder à un autre étage. Sur fond de musique ad hoc, vous attendez que les portes s'ouvrent et là, surprise, ce n'est plus comme dans la démo. Cette première partie servant de tutoriel, les choses sérieuses peuvent alors commencer. Et pour cela, il vous faudra revenir trois heures en arrière.
Vous vous retrouvez alors dans un bureau aseptisé de Transcorp, "We are the Future", de type open space avec comme camarades de travail des robots aux formes arrondies et un peu voûtés. Ceux-ci discutent allègrement en maniant un humour parfois un peu noir. Vous les verrez également se promener en sifflotant ou chantonner, et quelques fois aussi en train de parler tout seuls, à l'image de ce robot qui répète à toute vitesse "I love my job", comme pour s'en persuader. Sur votre bureau se trouvent un tampon, des feuilles d'accréditation, un téléphone-fax et une mallette estampillée "top secret". L'un de vos camarades robotiques vous apporte un pager et celui-ci vous demande d'appeler le 1985. Là, une certaine Winta vous annonce que votre emploi est en danger, que tous les humains disparaissent autour de vous pour être remplacés par des robots bien plus économiques et que vous devez quitter l'immeuble au plus vite en emportant avec vous un prototype de grande valeur, le translocator. Afin de vous aider, elle vous faxe des indications (et accessoirement sa photo, histoire de mieux faire connaissance) pour retrouver la clé cachée derrière le pot de fleurs : celle-ci ouvre la mallette où se trouve l'indispensable outil qui vous permettra d'accéder à n'importe quel lieu tout en passant le plus inaperçu possible, grâce à un système de portail. Ensuite, il vous faut sauter dans l'immeuble d'en face, trouver l'ascenseur et accéder au 3e étage.
Attention de ne pas oublier votre pager sur votre bureau, mais si tel était le cas, pas de panique : le bureau des objets perdus "Lost and Found" vous le restituera. Une fois votre objectif rempli, celui-ci vibrera en effet pour vous donner un nouveau numéro à appeler. Winta vous indiquera alors la prochaine étape, fax à l'appui, et ainsi de suite à chaque fois. Vous devrez dès lors vous méfier des robots militaires chargés de protéger certaines zones dont l'accès est restreint. Ils surveillent les lieux, parfois en patrouillant, et tirent sans sommation s'ils vous repèrent. À vous de trouver le moyen de passer, parfois à l'aide de cartes d'accès qu'il vous faudra au préalable dénicher, en les évitant ou, lorsque vous aurez récupéré ce que Winta appelle des "ouvre-lettres" mais qui ne vous serviront ni plus ni moins que de couteaux de lancer, en les exterminant pour effecer le danger et parvenir à sortir indemne du bâtiment.
Work Work Work Work Work Work Work Work Work Work Work Work
Au lancement de Budget Cuts, trois slots de sauvegarde vous sont proposés et vous pouvez choisir entre trois niveaux de difficulté (relaxing, standard et extra) ainsi que de disposer ou non de l'assistance au lancer. Dans sa version définitive, le jeu est toujours un peu long à se lancer, mais rien à voir avec la première mouture qui devait sortir le 31 mai (nous avons testé le jeu sur Oculus Rift). De même, si la consommation en ressources était telle qu'elle provoquait des ralentissement du jeu au point de le rendre souvent injouable (comment viser au bon endroit au bon moment dans de telles conditions ?), voire l'empêchait même de démarrer, c'est rentré dans l'ordre. Il y a bien encore quelques lags ou quelques bugs d'affichage de temps en temps, au détour d'un couloir, mais on peut désormais passer outre ces petits inconvénients. Le travail de Neat Corporation au cours de ces quinze jours supplémentaires semble avoir porté ses fruits, et même se poursuivre puisqu'une nouvelle mise à jour de 400 Mo a eu lieu le 16 juin.
Autre nouveauté dans la version définitive : la possibilité de jouer soit en 180° soit en 360°. Bien entendu, la seconde option garantit bien plus d'immersion, mais avoir pensé à une option "jouer de face" avec une rotation par cran est plutôt bienvenu pour ceux qui n'ont pas les moyens de bénéficier du room-scale. En revanche, si vous pouvez y recourir, nous vous encourageons à choisir cette solution, non seulement pour l'immersion, mais aussi parce que cela s'avère bien plus difficile en 180°. En effet, entraîné par l'action, nous avons vite fait de nous retrouver dos aux capteurs et à perdre ainsi le contrôle de nos actions, ce qui peut s'avérer plutôt problématique dans les situations tendues. De plus, lorsqu'il faut agir vite et bien, le room-scale apportera encore une fois un plus indéniable. Et cela évite de relever régulièrement le casque pour se repositionner, puisqu'aucune information ne nous est fournie en jeu sur la direction dans laquelle se trouvent les capteurs.
Les graphismes de Budget Cuts, ce n'est une surprise pour personne, ne sont pas sa force. Ils sont relativement simples, même avec les améliorations apportées par le jeu final telles que la lumière crue diffusée par les néons ou les objets ayant pris forme, mais ils remplissent bien leur office et ont finalement leur charme. Il n'en demeure pas moins qu'on a affaire à des textures basiques et des animations inachevées comme ce café que l'on peut faire couler dans des tasses éternellement vides. L'ambiance sonore, quant à elle, est plutôt bonne avec des musiques variées (spatiale, jazzy, d'ascenseur, tendue…) et des bruitages permettant de bien localiser les ennemis et leur attitude, notamment quand ils vous repèrent. Et puis il y a tous ces propos tenus par les robots ou dans les annonces diffusées par les haut-parleurs avec un humour omniprésent bien plaisant. On retrouve également cet esprit sur les multiples affiches parsemées dans les locaux de TransCorp, ou même sur les horloges où tous les chiffres des heures sont remplacés par le mot "work".
Par contre, si vous êtes allergique à l'anglais, cela risque d'être un peu compliqué, car tout est dans la langue de nos voisins d'outre-manche, que ce soit les textes ou la voix de Winta qui vous explique ce que vous devez faire au téléphone. Heureusement, celle-ci joint à ses propos des croquis explicatifs qui peuvent aider si vous n'avez pas tout compris. Sur le plan visuel, on regrettera de ne pas avoir de corps. Ne comptez pas admirer vos jambes ou même vos bras dans Budget Cuts, vous ne verrez que les contrôleurs faisant office d'outils voler dans les airs au bout de vos mains invisibles. Autre regret, les sauvegardes sont automatiques et se déclenchent en des points bien précis qui, parfois, se trouvent un peu trop éloignés du passage délicat que vous avez du mal à franchir, vous obligeant ainsi à refaire à chaque fois tout le chemin préalable avant de retenter votre chance. Heureusement, dans la plupart des cas, elles auront l'intelligence de se faire au bon moment.
Translocator un jour, translocator toujours
Nous disposons ici de deux outils semblables à des contrôleurs qui nous donnent la possibilité de tout faire. Ils permettent tout d'abord d'utiliser une loupe pour lire plus facilement les notes que l'on trouvera, mais cela ne présente guère d'intérêt. C'est également grâce à eux que l'on pourra utiliser le translocator, mais nous y reviendrons dans un instant. Et enfin, ils permettent de presser des boutons (lumière, ascenseur, sèche-main, machine à café…), d'ouvrir des portes, des tiroirs ou même des cuvettes de WC, de manger des cookies, ou simplement de se saisir d'objets pour les déplacer ou les utiliser (clés, cartes d'accès, fléchettes, ouvre-lettres…). C'est ainsi que vous pourrez détourner les ouvre-lettres en couteaux de lancer pour vous défaire des robots assurant la sécurité des locaux de TransCorp. Ceux-ci ne voudront en effet pas vous laisser vous enfuir, surtout depuis que vous vous êtes emparé d'un prototype de la plus grande importance : le translocator.
Toute la richesse de Budget Cuts réside dans cet outil d'où découle tout son gameplay. Il s'agit d'une sorte de pistolet d'où jaillit une boule bleue que vous pouvez projeter là où vous le souhaitez afin de vous y téléporter. Cela permet d'accéder à des endroits sinon inaccessibles : vous pouvez passer d'un immeuble à un autre par la fenêtre en franchissant ainsi plusieurs mètres au-dessus du vide, ou encore vous glisser par une toute petite ouverture, souvent des grilles d'aération, pour accéder à une autre pièce, voire accéder à des étages inférieurs ou supérieurs sans prendre d'escaliers ou l'ascenseur. Mais, surtout, le translocator dispose d'un atout primordial : il crée une sorte de portail là où atterrit la boule projetée, vous donnant la possibilité d'observer ce qui se passe autour avant de vous téléporter. Cela permet donc de juger de la situation avant de se rendre sur place et, si cela s'avère trop dangereux, de renoncer à le faire afin de chercher une autre voie, idéal pour se glisser discrètement partout. Nous ne le répéterons jamais assez, cette technique est fabuleuse et fait probablement du titre de Neat Corporation une future référence du jeu d'infiltration en réalité virtuelle.
Pour accéder aux différentes zones, ils vous faudra régulièrement mettre la main sur des cartes d'accès vous permettant de franchir des portes ou d'utiliser des ascenseurs. Vous devrez donc pour cela fouiller des bureaux, ouvrir des tiroirs ou des placards. Vous découvrirez à cette occasion certaines lettres à l'intérêt discutable vous en apprenant un peu plus sur les employés de TransCorp mais qui contiendront aussi parfois des indices, ainsi que des statuettes cachées à collectionner. Mais pour accéder à ceux-ci et franchir les différentes barrières qui se dresseront devant vous, vous devrez trouver le moyen d'y parvenir. Nous pourrions comparer cela à des sortes de puzzles à résoudre, mais à solutions multiples. Vous pouvez en effet choisir d'éliminer les robots militaires pour écarter le danger, mais lorsque ceux-ci seront trop nombreux, il sera sans doute plus simple, voire inévitable, de chercher à les éviter. Pour cela, vous devrez trouver le chemin le plus sûr en passant par les faux-plafonds et en les contournant autant que faire se peut.
Les faux plafonds présentant assez peu d'espace en hauteur, il faudra vous baisser pour pouvoir y accéder, et parfois assez bas. Et nous parlons bien ici de se baisser physiquement, pas en pressant un bouton. De même, si vous vous faites repérer, vous pourrez chercher à vous cacher derrière un mur ou en vous baissant derrière un bureau. Mais attention, les robots qui vous repéreront vous prendront en chasse et se cacher ne sera alors pas toujours suffisant. Vous n'aurez alors plus d'autre choix que de les affronter ou de vous enfuir très vite, car ils tirent sans sommation et vous éliminent très rapidement et facilement. Si vous choisissez de les éliminer, il faudra donc être très rapide, surtout s'ils sont deux ou plus à vous tomber dessus. Heureusement, avant qu'ils ne passent en mode alerte, ils émettent un bruit très distinctif signifiant qu'ils ont repéré quelque chose de suspect, et le cercle bleu de leur tête passe au jaune avant de devenir rouge, ce qui signifie alors qu'il est trop tard et qu'il faut disparaître au plus vite ou sortir les ouvre-lettres, à condition d'en avoir sur soi. Suivant le point d'impact des couteaux que vous leur lancerez dessus, avec plus ou moins de difficulté compte tenu d'un feeling pas toujours au rendez-vous à ce niveau, ils seront hors d'usage plus ou moins vite, se vidant de leur huile noirâtre. Et inutile d'essayer de se saisir de leurs armes à feu, elles sont incompatibles avec vos contrôleurs, déclenchant systématiquement un court-circuit.
Nous conclurons ce test en disant qu'il serait vraiment dommage de passer à côté de ce jeu au gameplay taillé pour la VR, surtout qu'il est encore en promotion de lancement à 25,19 € sur Steam et 26,99 € sur l'Oculus Store. Par contre, si l'on nous avait annoncé que nous pourrions compter sur huit heures pour en venir à bout et non plus sur quatre à six heures comme évoqué précédemment, c'était peut-être un peu présomptueux. À moins de buter régulièrement sur quelques passages qui vous obligeraient à vous y reprendre plusieurs fois, rallongeant ainsi la durée de vie du jeu, vous devriez le boucler en bien moins de temps que cela. Mais si l'expérience vous a plu, rassurez-vous, elle n'est probablement pas finie, car, à moins d'une réduction de budget, une suite pourrait bien être dans les cartons.
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