Le tryhard, c'est dans la tête
Avoir du skill ou de l'expérience sur un jeu ne fait pas tout ! Le "mental" et le "comportement" sont deux vecteurs qui revêtent une importance extrême lors des matchs compétitifs. En effet, à la manière des sportifs traditionnels, les eSportifs sont souvent détenteurs de formidables capacités psychologiques et d'une implacable maîtrise d’eux-mêmes.
Hoej par exemple, grand vainqueur des derniers HCT EU sur Hearthstone, s'est distingué par son attitude très rigoureuse et la dissimulation de ses émotions. Le joueur danois, comme l'ont fait remarquer les casters, avait une attitude de joueur de poker, impassible lors des matchs décisifs.
Sur League of Legends, le fameux "tilt" fait des ravages à tous les niveaux ! Seules les plus remarquables équipes pros, coréennes notamment, semblent immunisées au problème et font preuve d'un sang froid exceptionnel.
Pour vous aider à booster vos chances de victoires, voici une petite compilation des attitudes qui pourront optimiser vos sessions de tryhard. L'enjeu ici ne va pas être de vous faire la morale, sur le fait qu'être méchant dans le chat c'est mal etc. Au contraire : on vous propose ici d'être tout à fait machiavélique et de gonfler votre winrate en étant solide psychologiquement ! Tous les moyens sont bons pour gagner de l'elo !
Etre toxique, ça coûte cher
La toxicité est un terme majeur de l'univers gaming, qui porte bien son nom. Elle désigne le fait de détériorer l'expérience de jeu des autres, notamment via des insultes et des injures. Les comportements toxiques ont depuis longtemps fait l'objet de plaintes de la part des communautés, et les développeurs ont pris le problème à bras le corps. Dès 2012, Riot voulait "guérir" les joueurs toxiques en faisant appel à des scientifiques et à des comportementalistes : la manœuvre donne naissance à l'ancien système d'honneur. Ce dernier a d'ailleurs connu il y a peu de temps un grand rework, qui récompense mieux les alliés honorables.
Pensez aussi qu'être toxique peut vous être directement préjudiciable : le ban définitif n'est pas un mythe ! Chaque année, Riot gèle des milliers de comptes de joueurs ayant eu des attitudes exécrables. Et perdre son compte, le jour où ça arrive, ça fait mal.
En outre, sachez que votre toxicité impacte directement votre manière de jouer. Le fait de "flame" les autres prend du temps. Littéralement. Ecrire des longs messages pour ridiculiser ou blâmer un allié vous amène souvent à soustraire votre attention du jeu, voire à immobiliser votre personnage. Or, il est clair que League of Legends est un jeu qui nécessite toute votre attention. Chaque seconde où vous n'êtes pas focus sur la game représente un manque à gagner pour vous. Minime, certes, mais autant mettre toutes les chances de son côté en ranked.
Sans compter l'énervement qui découle des débats dans le chat : vous êtes moins focus sur les actions, plus agressif et moins attentif à ce qu'il se passe sur la map...
Vous l'aurez compris, être toxique vous coûtera cher en LP.
Ensuite, pour gèrer les mauvais comportements issus d'autres joueurs que vous-même, il existe un moyen simple et radical : le fameux bouton "mute", accessible sur LoL comme sur Hearthstone. Il ne faut en effet pas hésiter à recourir à lui. La toxicité est contagieuse : répondre sur le chat à des insultes ne fera que diminuer votre concentration et votre calme. En outre, les joueurs toxiques qui ne parviennent pas à embraser le chat finissent souvent par se lasser. Dans cette situation, ignorer, c'est la clé.
Sur Hearthstone, la toxicité se manifeste par les emotes, seul moyen d'interagir "verbalement" avec l'adversaire. Là aussi, n'hésitez pas à couper le sifflet de votre adversaire s'il vous provoque de trop. Les voix des héros sont assez énervantes et il est inutile d'être nargué gratuitement. Bestmarmotte, joueur iconique de la scène fr, a d'ailleurs pour habitude de mute chacun de ses adversaires en début de game, pour rester concentré au maximum.
Hans Sama, le jeune ADC prodige, est réputé en soloQ pour son calme et sa capacité à ignorer royalement les joueurs toxiques.
Mieux interagir avec ses alliés
On peut s’interroger sur la meilleure façon de réagir aux "crises" verbales qui animent fréquemment le chat sur le ladder. Trop souvent, les joueurs montrent du doigt les mauvais plays de leurs alliés, et ne manquent pas de "saler" à foison le joueur qui est déjà mal dans sa partie.
En vérité, la majorité des toxiques s'acharne sur le vilain petit canard de la game en vue de le forcer à mieux jouer. Mais qui a vraiment envie de se reconcentrer et de donner le meilleur de lui même tout en étant la cible des moqueries et des insultes de ses mates? La toxicité ne fait pas mieux jouer : elle n'incite jamais les autres à se dépasser.
Voici un petit tableau comparatif qui fait la synthèse des réactions à adopter en ranked. Quand une action tourne au vinaigre, la plupart des joueurs a tendance à se focaliser sur celui qui a le moins bien joué le fight. Or League of Legends est un jeu d'équipe : vous devez apprendre à collectiviser les fautes et les responsabilités. Au lieu d'un "you" accusateur et violent, optez pour le "we" inclusif, qui partage les fautes et rassérène votre team.
Un allié qui sent que vous prenez votre part de responsabilité d'une erreur et qui n'est pas harcelé verbalement se reconcentrera plus facilement, et ne baissera pas les bras.
Bonne interaction | Interaction toxique ou "tiltante" |
We need to communicate | What are you doing? |
Let's try to refocus | I'm done... |
Next time, just ping me before please | Can you stop doing this? |
Mistakes happen. Let's move on. | This was sooooo bad |
We can still win this | Surrender at 15 please |
Le "good guy" meurt, mais ne se rend pas
L'option de l'abandon (surrender en anglais) est une mécanique qui laissera songeur le compétiteur en puissance que vous êtes. Sur Hearthstone et League of Legends, la possibilité existe pour permettre aux joueurs de quitter une partie "perdue d'avance" pour en recommencer une autre, et ainsi gagner du temps. Riot a même appuyé l'idée en autorisant, depuis mai dernier, le "surrender à 15 minutes". Soit.
Maintenant imaginez votre désarroi si, en Ligue des champions ou en NBA, votre équipe favorite, menée au score, jetait l'éponge et capitulait au bout de 15 minutes. Impensable non? Et c'est normal ; car le propre du sportif -et donc de l'eSportif bien sûr- est de ne jamais abandonner.
Tant qu'il reste une chance de l'emporter, aussi infime soit-elle, pourquoi ne pas la saisir? Les remontada exceptionnelles et les retournements de situations inouïs s'observent chaque jour dans les mondes du sport et du jeu vidéo compétitif, et en constituent souvent les plus beaux moments.
Certes, le mantra "never surrender" est critiquable sous bien des aspects : il ne paie pas toujours, il peut occasionner de grosses pertes de temps, des humiliations de la part de vos adversaires... Mais si vos parties classées sont sacrées, autant se saisir des 1 ou 2% de chance de victoire supplémentaires ainsi générés. Vous serez toujours très agréablement surpris quand vous gagnerez une game "perdue d'avance" : il faut juste résister à la tentation d'appuyer sur le bouton de la reddition !
Myw, ancien joueur Millenium et ADC de renom sur le ladder Européen, est un exemple de joueur haut-elo ayant adopté la philosophie du "never surrender". Le frère de Bloos s'est illustré sur la scène LoL française avec son opiniâtreté et son refus de voter "oui" aux demandes d'abandon.
Keep Calm and Carry On
Remise en question, focus sur ses propres erreurs, encouragement de ses mates... A vous d'adopter l'attitude positive : ça ne coûte rien et ça rapporte beaucoup. Alors certes, rester zen ne vous empêchera pas d'avoir de temps à autre des alliés complètement à côté de la plaque : ce qui vous est proposé ci-dessus n'est en aucun cas une recette miracle. Mais vous parviendrez parfois, en bon capitaine, à obtenir des victoires inespérées.
Peace and tryhard.