Personne ne l'aurait imaginé il y a quelques années, c'est aujourd'hui une réalité : Nintendo est depuis quelques mois un acteur important de la plateforme mobile. Entre le lancement plutôt réussi de l'application sociale Miitomo et le succès Pokémon GO, bien qu'indirectement lié à la firme japonaise, Big N est maintenant prêt à sérieusement envoyer la magie de sa mascotte dans nos poches. Surprise de la keynote d'Apple en septembre dernier, un Shigeru Miyamoto sauvage était apparu sur la scène pour nous présenter Super Mario Run, un runner en exclusivité iOS sorti le 15 décembre, fruit d'une collaboration avec le créateur de jeux mobile DeNA. C'est à notre tour de vous présenter ce free-to-start proposé gratuitement au téléchargement mais à 10€ en version complète, dont vous risquez d'entendre parler pendant encore un moment.
De la Nintendo DS à l'iPhone
Mars 2015 : Satoru Iwata, alors président de Nintendo, signe un accord inédit avec le développeur de jeux mobiles DeNA dans le but de créer cinq jeux mobiles utilisant des IP Nintendo avant mars 2017. Surprise chez les joueurs et euphorie chez les actionnaires, si les choses ont bien changé aujourd'hui, souvenons-nous que la firme japonaise et son président d'époque étaient (très) réfractaires au jeu sur téléphones portables. Même après son changement de stratégie, Iwata insistait bien sur le fait que Nintendo n'avait pas vocation à devenir développeur de jeux mobiles mais profitait simplement de la tendance pour élargir son public et inciter le plus de monde possible à s'essayer aux supports Nintendo en disposant quelques-unes de ses franchises à la portée de chacun. Satoru Iwata ne peut hélas plus constater ce que devient le fruit de sa collaboration avec DeNA mais à l'heure actuelle, deux projets ont vu le jour : Miitomo, cette application sociale mettant en scène les personnages minimalistes caractéristiques de Big N depuis une dizaine d'années, a plutôt bien marché au départ, même si son succès s'est rapidement estompé ; la firme tente par ailleurs de la relancer avec une 2.0 fraîchement sortie. Puis il y a ce Super Mario Run, qui devrait cette fois n'avoir aucun mal à séduire le grand public international, la mascotte de Nintendo étant une imprimante à dollars ambulante.
Toujours en attente de détails pour les deux prochains titres Nintendo sur mobile, qui devraient être basés sur les sagas Animal Crossing et Fire Emblem, Super Mario Run est à vue d'œil un titre assez classique mettant en scène la mascotte la plus surexploitée du jeu vidéo. Une édition allégée de New Super Mario Bros., pas tellement en poids car proportionnellement à son prix, ses trois modes proposés et ses vingt-quatre niveaux classent Super Mario Run parmi les jeux ayant un très bon rapport qualité/prix, mais plutôt light en commandes puisque le joueur se contentera de simples appuis sur l'écran ne servant seulement à faire sauter le personnage. Car tout le reste est automatique, on ne contrôle donc pas la vitesse de Mario. Mais Nintendo sont les maîtres de la plateforme et on ne pouvait s'attendre qu'à un titre de qualité malgré les restrictions techniques : Super Mario Run remplit tous ses objectifs, qui sont de proposer un jeu simple, fun, addictif et accessible à tous. Chacun y trouvera son compte grâce à une difficulté très bien dosée et croissante, et si tout le monde est capable de terminer le mode principal, les objectifs secondaires comme la collecte de pièces spéciales sont un véritable challenge. Il y a en effet cinq pièces roses à collecter dans chaque niveau, et lorsqu'elles ont toutes été récoltées, il y a cinq pièces violettes à récupérer, et ainsi de suite. Cela allonge donc considérablement la durée de vie du soft qui semblait pourtant déjà presque infinie avec les Défis Toad et l'éditeur de royaume.
Tour des mondes est le mode principal de Super Mario Run. Il est composé de vingt-quatre niveaux découpés en six mondes sans thèmes particuliers, une sorte de bric-à-brac reprenant les thématiques de niveaux majeures des derniers Mario 2D. Plaines, souterrains, maisons hantées, déserts, forteresses, bateaux volants, châteaux, les thèmes sont variés même si très classiques, et un niveau aquatique ou enneigé n'aurait pas été du luxe. L'objectif est donc d'arriver à la fin des niveaux, et chaque monde se termine par un combat de boss. Sa durée de vie est donc plus que correcte pour un jeu qui, rappelons-le, est proposé à 10€. Seuls les trois premiers niveaux sont disponibles dans la version gratuite, le quatrième est également jouable dans une démo de vingt secondes. En outre, l'intérêt majeur des joueurs à la recherche de challenge est clairement la collecte de pièces de couleur, qui n'est pas une tâche facile. Cet objectif secondaire est réservé aux plus adeptes d'entre vous car il nécessite une bonne adresse des sauts et une certaine concentration.
Mais le mode le plus intéressant à nos yeux est Défis Toad, car en plus de proposer une expérience de jeu un peu plus novatrice que celle de Tour des mondes, sa durée de vie est complètement illimitée. Vous y affronterez les fantômes d'autres joueurs qui auront avant vous eux aussi parcouru le niveau dans le but d'amasser un maximum de pièces, fait le plus de figures avec style et ainsi avoir un nombre conséquent de Toad supporters à l'écran dans un temps imparti. Car oui, Mario est un véritable cascadeur dans ce titre qui a une nouvelle panoplie de mouvements, tels que le saut sur un rebord ou encore le petit saut sur un ennemi, ce qui permet de l'éviter sans devoir l'écraser sauvagement. Ces mouvements plus techniques et inhabituels dans un Mario ne sont pas seulement esthétiques, mais sont aussi le meilleur moyen d'attirer des Toad dans notre camp et ainsi faire gonfler notre score final à la fin d'un Défi Toad. Celui qui obtient le meilleur score à la fin du temps imparti récupère ses pièces récoltées dans le niveau, garde ses Toad et prend aussi ceux de l'adversaire pour peupler le royaume champignon du gagnant. Chaque ennemi éliminé et chaque figure réalisée est donc un pas de plus vers la victoire dans Défis Toad. Le mode est clairement orienté multijoueur, dans lequel on prend pas mal de plaisir, ça décoiffe et ça bouge beaucoup, particulièrement lorsque notre jauge de "pièces en folie" est pleine, permettant comme son nom l'indique d'accumuler plus facilement une grande quantité de pièces pendant quelques secondes.
Enfin, l'Éditeur de royaume est un mode plus secondaire mais très sympathique qui vous laissera personnaliser et faire évoluer votre propre royaume champignon détruit par le très méchant Bowser. À vous de lui faire retrouver sa beauté d'antan en collectant des pièces dans les niveaux et en réunissant un maximum de Toad dans Défis Toad. Les personnalisations sont plutôt poussées et vont des petites maisons à la statue à l'effigie de Mario. Certains éléments ne sont pas uniquement décoratifs, comme les maisons bonus qui vous permettent de jouer toutes les huit heures à un petit mini-jeu vous permettant d'amasser des tickets pour Défis Toad et des pièces, ou encore les maisons de personnages qui vous permettent de l'incarner dans les différents modes. Le château de la princesse Peach évolue lui aussi en fonction du niveau de votre royaume, vous pourrez même étendre son espace pour y poser encore plus d'éléments grâce au pont arc-en-ciel. Il y a au total six personnages jouables et la plupart se débloquent en installant leur maison dans votre royaume.
Un bon Mario dans la poche
En plus d'être esthétiquement réussi, propre et fluide, le jeu est globalement très dynamique et avec peu de temps de chargement, le passage d'un mode à un autre s'effectue efficacement et il n'y a pas de perte de temps particulière comme sur console, un point positif à souligner puisque le jeu s'adresse surtout aux joueurs occasionnels en quête de sessions de jeu brèves et rapides à l'extérieur de chez soi. Le pari est réussi puisque le jeu est totalement jouable avec une seule main et ne demande pas des efforts et une gymnastique des doigts particulière, l'appui pouvant se faire n'importe où sur l'écran. Les fans de la première heure reconnaîtront la plupart des musiques qui sont essentiellement reprises de précédents opus des New Super Mario Bros., bien que Nintendo ait fait l'effort de reprendre certaines d'entre elles (adieu les "BAH BAH"). On note que le remix de la musique pour les souterrains est particulièrement entraînant et original.
Super Mario Run est un excellent titre sur mobile que nous recommandons à toute personne affectionnant les aventures en 2D de la bande à Mario. On regrette tout de même qu'il nécessite une connexion à internet permanente pour fonctionner, ce qui risque d'en gêner plus d'un, particulièrement les personnes qui n'habitent pas dans une grande ville, les utilisateurs du métro ou tout simplement les personnes qui n'ont pas un forfait mobile comprenant un abonnement à internet. Cela limite donc le nombre de personnes potentiellement intéressées, dommage pour un jeu grand public. Malgré ce détail qui a son importance, le jeu a un énorme potentiel à succès devant lui, et c'est tout ce que nous lui souhaitons. Super Mario Run n'aura aucun mal à s'imposer sur les iPhone et iPad de monsieur et madame tout le monde et vous recommande d'au moins l'essayer si vous possédez un appareil pommé, puisqu'il est disponible en téléchargement gratuit sur l'App Store et prévu pour une sortie en 2017 sur Android. Et qui sait, peut-être vous laisserez-vous tenter ?