Test de Watch Dogs 2
Après un premier épisode accueilli tièdement par la communauté, Ubisoft revient dans le microcosme des hackers avec Watch Dogs 2, opérant du même coup un changement de ton radical. Pari réussi ?
Pirates, ils ont volé notre recette !
Watch Dogs 2 nous propose de suivre le destin de Marcus Holloway, un talentueux pirate écopant d'un casier judiciaire qui n'est pas le sien. Pour découvrir la vérité et mettre à sec la société Blume à l'origine du CTos2.0, le jeune homme va rejoindre Dedsec, un groupe d'hacktivistes cherchant à engranger des followers et à faire éclater la vérité sur les multinationales qui ont la mainmise sur les données personnelles d'une grande majorité de la population. Changement radical de ton pour ce second opus, avec un groupe de jeunes débridés en lieu et place de la sobriété d'un Aiden en quête de revanche. Terminé les missions un peu trop sérieuses et le contexte trop terre à terre, ici on se la donne grand spectacle pour amuser la galerie, du moins dans la première moitié du jeu, après quoi Dedsec va devoir passer à l'étape supérieure en attaquant directement les grands groupes qui dirigent San Francisco. Du côté des quêtes secondaires, les développeurs se sont également lâchés, avec une brouette de références à l'Internet moderne et aux réseaux sociaux, mais comme cela fait partie du charme de la découverte, on vous laisse les retrouver vous-même.
Cependant, cette surabondance de clins d’œil ne sert pas vraiment le jeu et au bout d'un moment, on a sérieusement l'impression d'avoir un jeu qui souhaite nous rappeler qu'il est cool et branché à grands coups de coude dans le bras. Ça pourrait encore aller si le jeu disposait de personnages suffisamment intéressants auxquels se raccrocher, malheureusement seul Marcus tire son épingle du jeu, avec de bonnes répliques et un charisme «hipsterien» qu'on s'est surpris à aimer après quelques heures. Pour le reste du casting, il s'agit surtout de vrais clichés sur pattes aux personnalités trop survolées pour être véritablement intéressantes. Prenons Wrench par exemple : en dehors de son masque, qu'est-ce qui nous permettrait de nous souvenir de ce protagoniste une fois le jeu terminé ? Absolument rien, et il en va de même pour l'intrigue bâclée et parfois trop brute de décoffrage. On pense notamment aux séquences suivant le premier gros rebondissement du jeu, qui avaient du potentiel, mais qui sont expédiées en une «mission». Dommage, il y avait quelque chose de vraiment bon à faire avec ce point de vue et cet univers, mais l'ensemble reste regrettablement trop léger. Précisons tout de même que cela reste un bon cran au-dessus de son prédécesseur.
Hack euh, coucou...
Watch Dogs 2 suit le modèle classique de l'open-world contemporain, même si quelques-uns de ses modes multijoueur permettent de rendre l'ensemble plus vivant et inattendu. En effet, dans l'univers de WD2, votre mission peut être interrompue par un hacker/joueur, tentant de pirater vos données ou collant le boxon aux alentours. Libre à vous alors d'aller interrompre les méfaits du squatteur, ou bien le laisser tranquille en continuant votre chemin. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres des possibilités offertes par les modes en ligne de Watch Dogs 2, et lorsque les serveurs ne font pas de caprices, il faut bien avouer que cela fonctionne plutôt bien. En dehors des opérations principales sur lesquelles nous reviendrons un peu plus bas, Marcus a également accès à pléthore de missions secondaires et de petites activités liées aux applications de son smartphone, comme un recensement des plus beaux paysages de la ville ou des trajets de taxis pour des tiers. Pour ces derniers, il faudra cependant composer avec la conduite erratique du jeu : loin d'être calamiteuse, elle reste tout de même insatisfaisante et, en fonction du véhicule que vous conduisez, vous pouvez vous retrouver avec une véritable patinette ou au contraire avec une voiture scotchée à la route. La physique sur les routes propose également de croiser quelques étrangetés, à l'instar de ce métro prenant la direction des cieux après une simple collision, ou des moyens de locomotion semblant ignorer les notions de poids ou de gravité. Finalement, le joueur averti se contentera de se téléporter aux accès rapides les plus proches de sa mission afin d'éviter les trajets les plus longs. Pour rester dans les mécaniques de gameplay qui fâchent, les gunfights ne nous ont pas laissés une très bonne impression non plus : le son des armes est raté, l'ensemble est mou et le corps-à-corps se limite à une action contextuelle après une simple pression sur le bouton associé.
Des écueils qui peuvent paraître secondaires étant donné que le jeu incite grandement à l'infiltration, du moins lors de ses missions principales, ce qui pose un autre énorme problème : le schéma de ces dernières est quasi identique du début à la fin, à quelques exceptions près : vous arrivez dans une enceinte protégée, activez le hacknet (la vision de l'aigle de Marcus), vous repérez les objectifs à hacker en contrôlant les caméras et vous faufilez à travers une série de pièces gardées, jusqu'au hack de votre cible. Entendons-nous bien, le gameplay est fun et les différentes branches de l'arbre de compétences apportent un peu de variété. Hélas, on en fait malheureusement trop vite le tour, et après six missions aux objectifs certes différents dans leur intitulé mais copiés/collés dans leur accomplissement, on finit par déchanter et le jeu ne fait pas grand chose pour nous sortir de cette routine. Finalement, on a l'impression que Watch Dogs 2 a été pensé pour être joué d'une façon bien particulière : une mission principale, puis quelques secondaires, pour ensuite relancer une principale, afin d'éviter le plus possible la redondance des opérations qui font avancer l'intrigue. Néanmoins, comme précisé plus haut, quelques séquences rehaussent un peu le niveau et heureusement, sinon l'enchaînement de puzzles à aiguillages et autres hacks de caméra nous aurait plongés dans un ennui profond : mention spéciale à ce passage plutôt fun et jouissif sur fond de Prodigy. Lorsque l'on fait le bilan, WD2 propose donc quelque chose de plus complet que son aîné avec sa panoplie de gadgets, ses capacités de hacking étendues et son arbre bien garni, mais pêche clairement par la variété des situations proposées, a fortiori dans la quête principale de Dedsec.
Fenêtres et murs de feu
Testé sur version PS4, étant donné que la version PC du jeu a été légèrement repoussée probablement afin de sortir un portage digne de ce nom, on ne peut pas dire que Watch Dogs 2 nous ait éblouis par sa beauté. Loin d'être hideux ou bâclé, le San Francisco d'Ubisoft n'est pourtant pas à la hauteur des standards actuels sur consoles : l'aliasing est omniprésent, le framerate est instable lorsque l'on dévale les rues de la ville à pleine balle et certains moments de la journée offrent un rendu faiblard. Un constat d'autant plus regrettable que le jeu sait aussi montrer de belles choses : quelques panoramas vraiment cools, des environnements qui fourmillent de détails et toujours ce soin apporté aux animations du héros et même à celles des différents passants qui rendent la ville vivante. La bande-son réussit elle aussi à faire avaler la pilule, avec des radios aux tracklists bien étudiées et des pistes en pleine mission dans l'esprit de notre bande de hackers fous. Petite parenthèse enfin pour mentionner les vidéos Dedsec de Tania qui viennent ponctuer la plupart des objectifs principaux : de véritables petits délires visuels franchement bien réalisés.
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Les plus et les moins |
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Marcus, un héros plutôt cool | Missions principales : contextes différents, mais objectifs similaires |
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Les gadgets et les compétences | La conduite, c'est toujours pas ça | ||||
Beaucoup d'activités et de missions annexes | Gunfights mollassons | ||||
Quelques vannes passent bien | Technique au ras des pâquerettes | ||||
Certaines missions réussissent tout de même à tirer leur épingle du jeu |
Scénario peu convaincant | ||||
Multi intégré au solo plutôt efficace | Références trop forcées |