Test de Dishonored 2
Les français d'Arkane Studios nous proposent Dishonored 2, la suite directe de l'une des meilleures licences inédites de la génération précédente. Voici notre avis sur ce sérieux prétendant au titre de jeu de l'année, disponible depuis le 10 novembre sur PS4, PC et Xbox One.
Emily et Corvo sont dans un bateau...
Dishonored 2 débute sur les chapeaux de roues, à peu près de la même manière que son aîné : en pleine commémoration de la mort de l'ancienne impératrice, de mystérieux invités vont venir mettre leur grain de sel en s'octroyant le trône en quelques minutes et de manière assez violente. Qui sont ces gens, quels sont leurs projets ? C'est ce que vous allez vous évertuer à découvrir tout au long d'une aventure qui va tout d'abord vous demander de choisir qui incarner, sachant que les deux protagonistes disposent de pouvoirs distincts. Pour cette première traversée, nous avons choisi la douce Emily Kaldwin, aussi charmante que létale. Après une séquence dans laquelle elle se fait repousser manu militari jusqu'à ses appartements, le jeu débute enfin et premier constat sur cette introduction : c'est un peu brut de décoffrage. Certes, Dishonored 1 ne s'embarrassait pas non plus d'un prologue trop long, mais là il faut avouer que les développeurs sont passés à la vitesse supérieure.
Est-ce que cela dessert le jeu pour autant ? Pas le moins du monde, puisque D2 fonctionne beaucoup sur le principe de «narration environnementale» : à de nombreuses occasions, Emily ou Corvo auront un commentaire à faire sur les objets qu'ils croiseront, lorsque ce ne seront pas des textes que nous vous conseillons fortement de lire si vous souhaitez vous imprégner convenablement de l'univers, ou tout simplement les badauds qui discutent en pleine rue. Le résultat est plutôt satisfaisant : sans surenchère de mise en scène, Dishonored 2 réussit à installer son scénario via le gameplay, avec une intrigue proposant quelques coups d'éclat qui parviennent à maintenir l'attention du joueur de manière constante. Pour ne rien gâcher, la galerie de personnages offre quelques bonnes surprises, avec beaucoup de figures marquantes et des dialogues à l'écriture soignée. Certains pesteront sur la VF du jeu, en ce qui nous concerne cela n'a pas été un souci, ayant trouvé cette dernière tout à fait convenable.
Les Infiltrés
La proposition initiale de Dishonored est d'offrir aux joueurs de nombreuses façons d'accomplir un objectif, et cette manière d'aborder les différents environnements du jeu est véritablement transcendée dans cette suite. La première arrivée à Karnaka pourra donner le tournis aux non-initiés, tant la cité recèle de recoins cachés et passages annexes dissimulant secrets et boutiques clandestines. Car avant d'accomplir les objectifs principaux, il est fortement recommandé de vider les lieux visités de la moindre rune, charme d'os ou lingot afin d'améliorer convenablement sa panoplie de pouvoirs et son arsenal : l'exploration est tout aussi importante que la résolution des différents problèmes d'une mission, et s'en passer vous ferait facilement manquer 50% de ce qui fait le sel du jeu. De toute façon, l'amélioration et l'achat de nouveaux pouvoirs est quasi indispensable afin de surmonter votre premier run de Dishonored 2, a fortiori si vous êtes un novice de l'assassinat. L'intelligence artificielle est particulièrement efficace dans le jeu, peut-être parfois un peu trop, en vous remarquant de très loin, voire même à travers certains obstacles. Pas de secret alors, apprenez les gestes qui sauvent : F5 pour la sauvegarde rapide et F9 pour le chargement rapide, une manip dont il va falloir abuser au cours de l'aventure si vous ne voulez pas finir par manger votre clavier. Les plus téméraires pourront tout de même se la jouer kamikaze, avec un mode de difficulté inédit «Sans Pouvoirs» qui promet le grand frisson aux perfectionnistes !
Pour ceux qui veulent se la jouer frontal, le titre édité par Bethesda profite d'un système de corps-à-corps très vif et qui ne fait pas cadeaux, gare à ceux qui ne maîtriseront pas la parade au plus vite, vous allez vous faire dérouiller en deux-deux. C'est indéniablement la plus grande force de Dishonored 2 : quelle que soit votre façon de jouer, les développeurs lyonnais ont réussi à trouver de nombreuses manières de la laisser s'exprimer dans des cartes taillées aussi bien pour les espions que pour les bourrins. L'ensemble se bonifie encore davantage lorsque le jeu nous propose un level-design original ou de nouvelles mécaniques disponibles juste le temps d'une mission ou deux, ce qui est très bien vu et permet de varier encore un peu plus l'excellent gameplay de cette suite. Si l'effet de surprise n'est plus, D2 parvient à aller au bout de la philosophie du premier Dishonored en offrant un gameplay d'une finesse et d'une maîtrise à couper le souffle. Chapeau Arkane !
Optimisation optimiste
Après toutes ces louanges, il est malheureusement temps de passer aux choses qui fâchent. Non pas qu'elles soient nombreuses, non, mais elles sont tout de même disposées à vous gâcher l'expérience, les vilaines. En effet, peut-être pour rendre hommage aux autres jeux de son éditeur, Arkane Studios propose un Dishonored 2 à l'optimisation complètement aux fraises depuis le jour de sa sortie. Alors certes, ils sont au travail sur un patch, mais mettons-nous deux minutes à la place du joueur moyen ayant eu l'excellente idée (attention, de l'ironie se cache dans cette phrase) de précommander Batman Arkham Knight, puis No Man's Sky et enfin ce Dishonored 2... Celui-ci a désormais suffisamment de raisons pour jeter son matos par la fenêtre dans un accès de colère, et on le comprend. Entre l'anti-aliasing qui ne remplit pas correctement son office, les frames qui fondent comme neige au soleil après avoir mis le nez dehors (hors Dunwall) et les différents problèmes liés à la gestion de la souris, on se demande très sérieusement comment le jeu a pu sortir dans cet état. C'est d'autant plus dommage que l'esthétique du jeu est une véritable baffe : la direction artistique est sublime et, comme pour le gameplay, on a l'impression d'un Dishonored 1 qui serait allé au bout des choses, au paroxysme de ce que pouvait offrir cette formule. Alors on reste optimistes et on espère que les français d'Arkane rectifieront le tir de ce lancement gâché très rapidement et, si c'est effectivement le cas, Dishonored 2 deviendrait alors un très sérieux prétendant au titre de jeu de l'année, rien que ça !
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Les plus et les moins |
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Level design aux petits oignons | IA clairvoyante | ||||
Gameplay maîtrisé de bout en bout | Très gros soucis d'optimisation pour le moment |
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Direction artistique à tomber par terre | |||||
Grosse rejouabilité |
Testé sur PC