La composante physique serait-elle importante pour les joueurs esport ? Direction l'Allemagne, où un élément de réponse a été publié il y a quelques jours. Le Pr. Ingo Froböse est un enseignant-chercheur à l'université sportive de Cologne, la plus grande université d'Europe dans cette catégorie avec plus de 5000 élèves. Intéressé par le développement de l'esport, ce vieux hibou s'est donc mis en tête d'observer les joueurs de jeu vidéo en pleine action et d'étudier les efforts insoupçonnés que ces derniers demandent à leurs corps.
L'esport c'est la santé ...
L'étude produite risque d'alimenter un peu plus le débat qui oppose l’esport au sport traditionnel. En mesurant les efforts produits, le professeur a relevé que les joueurs esport sollicitaient bien plus leur corps que l'on ne pourrait le croire. Le taux de cortisol (hormone stéroïde secrétée par l'homme) qu'il aurait relevé serait équivalent à celui trouvé chez les conducteurs de courses automobile, et les pulsations par minute du coeur monteraient jusqu'à 160 ou 180. Ce sont des chiffres que l'on retrouve en course et notamment au marathon. Mais les spécificités des joueurs esport l’intéressent tout autant. Certains jeux sont moins contraignants, mais une grande partie de ces personnes sont capables de produire entre 300 et 400 actions par minutes avec une activité asymétrique : la main droite et la main gauche ne font pas du tout la même chose, tout le cerveau est ainsi sollicité. C’est une activité que la majorité de la population ne saurait accomplir.
L'équipe Fnatic 2015, loin d'un ordinateur
Jouer c'est la conserver !
Pour le Pr. Ingo Froböse, la pratique de l'esport à haut niveau est donc très exigeante sur le plan physique et presque autant, voire peut-être plus, que le sport. Par cette conclusion, il appelle donc les joueurs à prendre bien plus soin de leur corps. Pour lui, la majorité des jeunes qui exercent cette activité n'ont pas le bagage physique nécessaire et ne font pas suffisamment d’efforts pour rattraper ce retard. Que ce soit quelques exercices tous les jours ou une visite régulière à la salle de sport, il est nécessaire de se préparer. L'étude aborde aussi le sujet de la nutrition : si les joueurs professionnels faisaient plus attention à ce qu'ils mangent tout en s’entraînant, il estime qu'ils pourraient gagner plusieurs années de carrière et que cela réglerait un bon nombre de soucis.
Il est vrai que la dimension physique n'est pas encore très développée dans l'esport. Les blessures existent pourtant, comme les problèmes aux mains ou les soucis liés au canal carpien. Flash, génie de Starcraft, en a souffert pendant très longtemps avant de se faire opérer, et cela a affecté son niveau de jeu. Sur LoL, Hai avait pris sa retraite en partie à cause de ses problèmes aux poignets. Certaines équipes tentent déjà de rattraper ce retard, comme TSM ou Fnatic qui imposent des exercices physiques à leurs joueurs en semaine, mais l'adage «un esprit sain dans un corps sain» n'est probablement pas le favori des joueurs professionnels. Il faudra du temps avant que cela ne rentre dans les mœurs, mais une pratique sportive deviendra sûrement obligatoire pour les joueurs esport.