Test de The Division
Sorti le 8 mars dernier, The Division a déjà fait couler beaucoup d'encre et de nombreux joueurs hésitent encore à sauter le pas. Permettez-nous d'être votre phare dans la nuit avec notre avis détaillé sur la version PC du titre de Massive Entertainment.
The Division : Trailer de lancement
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De nombreuses années de développement, un budget de 80 millions de dollars, une campagne marketing tonitruante... The Division est un très gros morceau pour Ubisoft et Massive, ça se sent. Gros au point que les représentants d'Ubisoft parlent eux-même d'« un avant et d'un après » pour l'éditeur... ah ouais quand même ! Yves Guillemot s'est évidemment expliqué sur le pourquoi du comment de cette nouvelle vision d'entreprise : dorénavant, Ubi et ses studios se tourneront beaucoup vers l'ultra-connecté, avec des jeux aux cycles de vie beaucoup plus longs, probablement via des season-pass et des extensions qui permettront de renouveler le contenu tout en gardant le même contenant. The Division serait donc le pionnier de cette nouvelle politique : eh bien voyons ce que ce fier gaillard a dans le bide.
Pour le sport, on va vous refaire le pitch du jeu, même si vous ne devez plus être bien nombreux à ne pas en avoir pris connaissance à l'heure actuelle. Dans un New-York en crise, vous incarnez un Agent de la seconde vague de la Division, une unité d'élite chargée de reprendre Manhattan et ses environs. Le hic, c'est que quatre bandes de vils vilains vilipendent la ville : les Casseurs, des petites frappes qui ont décidé de tout péter et de piller, parce que péter et piller c'est cool; les Rikers, des fous du village au comportement si primitif qu'ils auraient eu leur place dans l'autre production d'Ubisoft sortie il y a quelques jours; les Cleaners qui ont décidé de se taper un méchoui géant et enfin le Last Man Battalion, un groupuscule plutôt mystérieux et drôlement bien organisé qui préfère résoudre la crise des billets contaminés à sa façon et étant donné que ce n'est pas la vôtre, eh bien vous allez devoir les tuer, épifétou.
Le créateur de personnage est malheureusement un peu chiche.
Avec sa narration éclatée en plusieurs missions que vous devrez effectuer pour le compte d'autres Agents, The Division ne nous a pas vraiment envoyé du rêve côté scénario et d'ailleurs peut-on vraiment parler de «scénario» lorsque le jeu fait aussi peu d'efforts pour rendre ses quelques têtes d'affiche attachantes ? Faye Lau ? On s'en fiche. Les trois responsables des ailes de la base ? On a déjà oublié leurs noms. Par contre là où le jeu marque des points, c'est dans son contexte, son univers, dans l'atmosphère qu'il développe grâce aux échos et aux différents fichiers audio. D'ailleurs ces derniers sont souvent une petite touche humoristique qui vient agréablement ponctuer nos escapades dans les rues de New-York : écouter un couple parler de la façon dont ils pourraient cuisiner des pigeons morts qu'ils viennent de trouver ou entendre deux gars parler des fameuses toilettes japonaises et leurs jets d'eaux magiques sont des parenthèses qui ne volent pas bien hauts, mais qui réussissent à détendre une atmosphère parfois trop premier degré.
Scénario quasi-inexistant, univers d'enfer... Vous voulez notre avis ? Cette reconstruction du QG et les missions qui gravitent autour ne sont que le point de départ d'une grande saga dont les Agents seront les héros. Après tout, beaucoup de super-héros commencent par l'établissement de leur petit endroit secret, il pourrait très bien s'agir ici de la même chose. On ne va pas trop spéculer, mais pour nous il ne fait aucun doute que la fin du jeu n'est que le début d'une série que les joueurs pourront suivre dans les années à venir. Cela dit, ça ne change rien aux lacunes citées plus haut et qui font sacrément tâche : on aurait au moins aimé quelques figures charismatiques pour représenter chaque faction, mais même pas. Les boss et leurs lieutenants sont des pantins que l'on dégomme malheureusement comme s'ils n'étaient que des mobs lambda, dommage.
Agent de Florette
Ces derniers jours nous avons eu l'occasion de lire pas mal de choses au sujet de TD, mais l'une d'entre elle nous a quelque peu fait bondir : certains joueurs voient en The Division un MMORPG, ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout le cas, et d'ailleurs le marketing semble avoir bien pris soin de ne pas le qualifier comme tel, justement pour éviter toute confusion comme à l'époque de son cousin éloigné Destiny, qui s'était fait traiter de noms d'oiseaux pour «publicité mensongère» à sa sortie. On vous entend déjà nous dire : «Bon l'auteur, c'est cool de nous dire ce que c'est pas, mais du coup The Division c'est quoi ?». Attendez, on y arrive : TD est ce qu'on appelle un CORPG, ou autrement dit un RPG en coopération, puisque le soft prend effectivement tout son sens lorsque vous faites équipe avec trois autres joueurs, que ce soit des amis ou des quidams rencontrés dans l'une des nombreuses planques de la carte de Manhattan.
Dans ceux-ci, vous pourrez accéder à votre réserve, parler avec un agent de la JTF pour voir comment vous pourriez aider les réfugiés du quartier, et donc recruter des gens en vue d'une petite sauterie dans les rues de New-York. Les planques sont à bien différencier de la base d'opération que vous allez devoir reconstruire en collectant des points de ressources sur le terrain. Il y aura trois ailes principales pour autant d'arbres de compétences, qui vont vous permettre de personnaliser votre personnage à outrance grâce à une large palette de talents et de bonus en tout genre. The Division étant un jeu sans classe prédéfinie, vous allez avoir l'occasion d'établir votre propre style de jeu et explorer de nombreuses pistes afin de créer des synergies de groupe avec vos compagnons. Toutes les capacités sont interchangeables à la volée, ceux qui auront donc appris à dompter l'interface du jeu pourront alors changer de profil très rapidement en fonction de la situation dans laquelle ils se trouvent. Les menus manquent d'ailleurs parfois un peu de clarté, rien de bien gênant, sauf justement lorsque l'on aimerait changer rapidement de compétences ou de mods.
Les factions en vidéo.
Toutes ces belles choses entrent en application au cours de batailles armées en vue à la troisième personne misant beaucoup sur les notions de couverture et de placement, comprenez par là que certains ennemis vont tellement vous coller la pression que vous allez devoir reculer 100 mètres en arrière pour faire une pause et réfléchir aux bons spots pour le chahuter sans trop de risques. Car si l'on peut qualifier le jeu de mollasson en début de partie, les choses changent du tout au tout une fois la première moitié du jeu pliée : les affrontements deviennent nettement plus difficiles, les gunfights sont alors bien plus intenses et la tension ressentie lors de certains échanges est tout simplement grisante. Certes, on n'échappe pas aux sacs à PV qui vont résister à cinq chargeurs mais peu importe, pour ses missions scénarisées, Massive a réussi à trouver le bon équilibrage et la difficulté n'est jamais vraiment insurmontable. L'intelligence artificielle ennemie est quelque peu bipolaire, avec des actions très étranges et souvent liées à l'aggro, alors qu'à d'autres moments elle va très bien planifier son coup et vous surprendre. Mais l'autre aspect qui rend les missions principales de The Division particulièrement prenantes est le level-design de ces dernières, particulièrement soigné pour ce genre de jeu et avec des objectifs variés bien qu'encore trop balisés à notre goût.
En dehors des missions principales, les Agents ont également accès à toute une batterie d'activités et de quêtes annexes, toutes avec leurs buts prédéfinis et leurs schémas d'action. Ainsi, les missions secondaires servent à récupérer des plans pour le système de craft du jeu, alors que les rencontres sont de petites assignations très rapides qui octroient quelques précieux points de ressources. Entre le craft, les missions secondaires, la découverte de tous les items de collection et la fameuse Dark Zone sur laquelle nous reviendrons bientôt, The Division est un jeu généreux qui peut parfois se montrer capricieux en proposant à ses joueurs des missions secondaires calquées les unes sur les autres mais à plus haut niveau. Une redondance à tempérer par l'éternelle quête du meilleur loot possible, qui fonctionne encore une fois à merveille sans que l'on sache vraiment pourquoi. Votre stuff va lui aussi aider à déterminer votre style de jeu, avec trois caractéristiques principales à modifier à loisir grâce aux pièces d'équipement et aux armes modifiables. Sous ses faux-airs de TPS lambda, TD est un très bon action-RPG qui ne revêt finalement sa véritable forme que lors des missions de difficulté supérieure. Très important pour les core-gamers, le contenu haut niveau de TD est là et bien là, malgré quelques limitations qui devraient sauter d'ici la première mise à jour de contenu gratuite le mois prochain.
Gameplay de la version PC.
Concrètement, il s'agit pour le moment de collecter des crédits Phénix dans une sélection de trois missions au niveau expert. Cette monnaie pourra alors être échangée contre des objets légendaires, des clés ou des plans de craft très haut niveau chez un marchand de la Dark Zone. Cette dernière est l'endroit le plus dangereux de TD, un lieu de perdition où seule règne la loi du plus fort. À l'intérieur, vous allez combattre des ennemis redoutables qui lâcheront quelques-uns des meilleurs loots du jeu, malheureusement vous ne pourrez pas le porter de suite, ce serait beaucoup trop facile. La DZ étant très fortement contaminée, vous allez devoir extraire vos trésors par un hélicoptère qui va mettre un petit moment à venir, vous plongeant ainsi dans une parano quasiment jamais ressentie dans un jeu vidéo. Car les PNJ ne sont pas les seuls ennemis de la zone, d'autres joueurs rôdent aussi et ils ne seront pas toujours très bien intentionnés. En vous tuant de sang froid, ils deviennent des renégats et sont désormais à la merci de tous les agents neutres du serveur, autant dire que les hors-la-loi ont intérêt à courir vite et à savoir où ils vont. Nous sommes tombés sous le charme de ce concept plutôt frais qui génère autant d'éclats de rire que de crises de nerf. On espère néanmoins qu'elle saura se diversifier et se bonifier avec le temps, reste qu'en l'état, les bases sont déjà très solides.
Lau de là-haut
The Division est bon, The Division est riche, mais est-ce que The Division est beau ? Grande question, étant donné les casseroles que le jeu se traîne depuis sa prestation target-render de 2012. Nous l'avouons, nous avons également fait partie pendant très longtemps des sceptiques qui ont tiré à boulets rouges sur cet extrait de jeu mensonger balancé par Ubisoft. Aujourd'hui, maintenant que le jeu est sorti et que nous en avons quasiment fait le tour, nous pouvons le dire sans ambages : ça colle tout de même une bonne petite gifle à base de batte cloutée, cette affaire. Testé sur une machine embarquant un I7 4790K et une GTX 980, The Division a réussi à nous mettre sur le popotin à l'occasion de quelques décors particulièrement réussis. Ses plus grandes réussites techniques ? Sa gestion de la lumière irréprochable et son brouillard volumétrique bien dense : dans les gros gunfights, de nuit et contre des Nettoyeurs, les mirettes en prennent pour leur grade. Côté sonore par contre, le constat est bien plus mitigé : la bande-son, certes agréable, est beaucoup trop discrète et n'accompagne absolument pas l'action. On s'attendait à quelques envolées lyriques de la part de Ola Strandh, mais elles ne sont malheureusement jamais venues, ou alors peut-être étions-nous trop occupés à hurler après quelque ennemi pas franchement prêt à se faire dessouder le sifflet.
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Les plus et les moins |
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Plus RPG que TPS. |
Aucun personnage marquant. |
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Univers soigné. | Missions secondaires copiées / collées. |
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Du matchmaking partout, impossible de jouer seul. | Bande-son trop en retrait. |
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Level design des missions principales. | IA qui souffle le chaud et le froid. | ||||
Dark Zone, mon amour. | Joueurs solo, ce jeu n'est pas pour vous. | ||||
Du challenge pour ceux qui le cherchent. | Encore quelques bugs gênants. | ||||
Personnalisation à outrance. | |||||
Que c'est beau (testé sur PC) ! | |||||
Contenu dense. |