Bilan de l'année jeux vidéo 2015
Grâce à des super-productions comme The Witcher 3, Batman Arkham Knight (sur consoles) ou à des jeux nettement plus modestes comme Undertale ou Rocket League, on ne prend pas trop de risques en disant que cette année fut un bon cru pour les amateurs de jeux vidéo. Mais plutôt que de faire l'étalage de nos préférences (rendez-vous dans les pages suivantes pour cela), nous souhaitions revenir dans un premier temps sur une tendance qui n'a cessé de croître en cette année 2015 : le PC est en train de supplanter les consoles en termes de ludothèque pure ! Et attention, si l'on sait depuis belle lurette qu'une config moyenne fait déjà beaucoup mieux qu'une PS4 ou une Xbox One aux composants obsolètes, l'ordinateur est en train, petit à petit, de piller les seuls avantages qu'il restait aux consoles nouvelle-génération.
Avant d'aller plus loin, il est bon de préciser que l'auteur fut pendant très longtemps un fervent défenseur des machines de salon et qu'il prend toujours autant de plaisir à pratiquer le JV sur ces dernières. Seulement il faut se rendre à l'évidence, le jeu sur PC est devenu beaucoup plus avantageux que ce soit en termes d'investissement ou de propositions. Pour s'en rendre compte, il suffit de se reporter à l'actualité des sorties Steam de ces dernières semaines : Guilty Gear Xrd Sign, un jeu de baston 2D exclusif aux consoles de Sony débarque comme une fleur sur Steam, un Humble Bundle regroupe une flopée de titres SNK qui ne parleront pas à grand monde si ce n'est aux amateurs de jeux Arcade en 2D, Lightning Returns un autre jeu typé consoles vient boucler la trilogie FFXIII sur la plate-forme de Valve et enfin Helldivers, un autre jeu Sony, vient également de débarquer sur Steam avec un trailer qui ne prend même pas la peine d'effacer le logo du constructeur japonais... Avec le succès indécent de Steam et la démocratisation du pad Xbox 360 / Xbox One, c'est tout un pan du jeu vidéo réservé jusqu'alors aux joueurs consoles qui est désormais disponible sur PC, bien souvent à moindres frais.
Avec les coûts de développement pharaoniques des AAA actuels, les éditeurs ne prennent de toute façon plus aucun risque et si l'on jette un rapide coup d’œil au calendrier des sorties 2016, on constate qu'une grande majorité des grosses productions a systématiquement le droit à une sortie simultanée sur PC. Reste malheureusement une composante on ne peut plus volatile à ajouter à l'équation : la qualité de ces versions. On l'a vu cette année avec des jeux comme Batman Arkham Knight ou encore Just Cause 3, la qualité d'un portage sur ordinateur est on ne peut plus aléatoire, et payer son jeu day one revient souvent à jouer à la loterie, en croisant les doigts pour que les devs n'aient pas loupé le coche. Mais là encore Steam fait preuve d'une grande flexibilité sur ce genre d'achat « à risque », puisqu'il est possible depuis quelques mois de se faire rembourser un jeu qui ne vous aurait pas plu (sous certaines conditions évidemment). Car plus que le PC dans sa globalité, c'est bien la boutique en ligne de Gabe Newell qui commence sérieusement à faire de l'ombre à Microsoft et Sony.
En listant tous les avantages apportés par cette plate-forme et en occultant le gros DRM imposé, on peut très sérieusement se demander ce qu'il reste à la PS4 et à la Xbox One. Sans parler des soldes monstrueux qui surviennent à intervalles réguliers, toute la ludothèque Steam d'un joueur est entièrement partageable avec quelques personnes de confiance, comme ça, en quelques clics. On peut également mentionner les petites perles indépendantes qui sont bien souvent disponibles en premier lieu sur ce store, l'excellent Undertale (encore lui) en est un parfait exemple. Si on ajoute à cela les avantages inhérents au support, avec ses services multijoueurs gratuits et les mods de la communauté qui peuvent renouveler l'intérêt d'un titre à l'infini, la boucle est bouclée. Autrefois jugé austère et élitiste, il ne fait désormais plus aucun doute que le PC dispose de suffisamment d'arguments pour attirer le grand public.
Pour inverser cette tendance, il n'y a pas trente-six solutions : les constructeurs doivent proposer davantage d'exclusivités (de vraies exclusivités, pas des temporaires) de la part de leurs studios maisons ou tout simplement arrêter de jouer la carte d'une course à la technologie qui est de toute façon perdue d'avance face au PC. Proposer de nouvelles façons de jouer comme le fait Nintendo est une alternative intéressante et permet de suffisamment se démarquer de la concurrence, encore faut-il que la plus-value de l'élément différenciant soit réellement valable. Fort heureusement, cette année 2015 fut l'occasion de jouer à quelques titres d'exceptions, pour la plupart attendus depuis de nombreuses années et ces derniers ont également eu les honneurs de versions « jouables » sur tous les supports, MGSV et The Witcher 3 en tête.
L'année 2016 devrait elle aussi montrer de très belles choses côté éditeurs tiers, et on espère que les constructeurs vont enfin se réveiller pour offrir à leurs communautés de joueurs respectives des titres qui vont réellement donner une identité à leurs machines : Bloodborne et Halo 5 ont ouvert la voie, mais il en faudra bien plus pour convaincre des joueurs de plus en plus exigeants. Côté jeux indépendants, les petits studios ont brillé une fois de plus en 2015 avec des productions apportant de nouvelles pierres au gigantesque édifice jeu vidéo, avec des titres novateurs comme Undertale ou Rocket League ou plus confidentiels comme l'excellent Pillars of Eternity. On peut même carrément dire que les indés ont offert au support PC quelques-unes de ses plus belles exclusivités de l'année.