Depuis quelques mois maintenant la plateforme de streaming Twitch évolue. Après avoir fermé Justin.tv, s'être mise à la chasse des contenus audio sous licence ou bien encore en modifiant sa politique de gestion des replays, l'entreprise californienne récemment rachetée par Amazon pour un peu moins d'un milliard d'euros poursuit son évolution en s'attaquant désormais aux contenus sponsorisés. Depuis plusieurs années en effet, et cela d'une manière de plus en plus frappante, les éditeurs de jeux vidéo utilisent la popularité de certains acteurs très suivis sur YouTube ou Twitch afin de faire leur promotion. Cela se faisant en échange d'un petit chèque, léger pour les éditeurs qui s'assurent généralement des millions de vues, mais plus qu'honnête quand on un nombre restreint à en bénéficier. Ainsi une campagne réalisée sur la chaine Cyprien Gaming, ou une autre dépassant le million d'abonnés, est généralement monnayée aux alentours des 20 000 €, à cela s'ajoutent bien entendu les revenus liés au succès propre de la vidéo et on se retrouve dans une situation de donnant-donnant où les deux parties sont gagnantes.
C'est donc à un sujet d'actualité que Twitch s'attaque désormais, la plateforme ayant elle aussi ses propres contrats avec les éditeurs notamment lorsqu'elle négocie des exclusivités de retransmissions ou organise des campagnes promotionnelles via sa propre régie publicitaire. Mais si la plateforme de streaming se décide seulement maintenant à s'attaquer à ce problème, c'est aussi, car elle est sous le coup de différentes lois internationales qui imposent aux diffuseurs de signaler toute publicité de quelque sorte qu'elle soit. C'est donc une fois encore afin d'éviter des procès couteux pour l'entreprise que cette dernière choisit de se protéger, même si la modification qu'elle apporte sera certainement vouée à évoluer d'une manière plus visible dans les prochains mois.
En effet pour le moment Twitch a simplement annoncé ajouter une petite icône violette en forme de signe « + » se trouvant dans un coin des vidéos, rien de franchement flagrant ni de très visible. À cela s'ajoute une modification sur les newsletters également puisqu'elles auront le droit à l'ajout d'un label « sponsorised » si une vidéo sponsorisée apparait dans la lettre, et cela en sera de même lors de la promotion éventuelle de cette dernière sur les réseaux sociaux. Par exemple sur Twitter le tag « ^SP » fera son apparition afin d'informer le public. Seul hic à cette mise à jour du portail, cela ne concernera que les contenus gérés en direct par la régie publicitaire de l'entreprise. Cela signifie donc que, pour le moment en tout cas, les streamers qui négocieront en direct avec les éditeurs n'auront pas l'obligation d'afficher ces nouveaux sigles et leurs diffusions demeureront donc inchangées. Il aurait été compliqué de toute manière pour la compagnie américaine de contrôler l'ensemble des contenus retransmis, mais un jour ou l'autre elle devra forcément passer à la vitesse supérieure.
Notons de plus que les accords entre diffuseurs et éditeurs se multiplient de plus en plus avec le nombre croissant de chaines très suivies et, par conséquent, populaires. Ces dernières parviennent désormais régulièrement à négocier des contrats publicitaires sans forcément en informer le public. Dans les faits cela peut se transcrire via la diffusion d'un jeu en particulier en exclusivité, mais les accords peuvent être aussi plus subtils. Dans ces cas-là, sachez que les streamers ont l'obligation de respecter la loi de leur pays d'origine, or pour la France par exemple, comme nous vous le précisions précédemment, il est obligatoire de signaler toute publicité. Cette signalisation est pourtant loin d'être généralisée et il y a fort à parier que si cela était le cas plusieurs noms connus de la scène verraient leur audience se réduire ou tout du moins se rebiffer, d'où certainement leur absence de réaction à ce sujet.
On risque ainsi de voir dans les prochaines années de grandes modifications apparaitre dans ce domaine, notamment à cause ou grâce au développement des plateformes telles que Twitch ou YouTube. La professionnalisation d'un nombre croissant de diffuseurs qui ont fait de cette activité leur emploi imposera nécessairement la mise en place de règles strictes les concernant, notamment afin de protéger leur public ou tout du moins de l'informer. Reste à savoir si parmi les plus célèbres de ces « Twitchers » et « YouTubers » cette politique fera son apparition avant ou après qu'ils y soient contraints.