Tel un Luther King ou une Cassandre, l’autre nuit j’ai fait un rêve. Dans ce rêve l’eSport était un sport connu et reconnu par tous. Le business autour de cette activité était florissant et plus aucune limite n’empêchait les gamers de conquérir l’univers et au-delà. Et parce que ce rêve était précis et détaillé, je veux te le faire partager. Alors viens cher lecteur adoré de Millenium, viens écouter et analyser tel un Freud vidéo ludique, cet eSport où tout va pour le mieux dans les meilleures des LAN.
Bon voilà, maintenant que j’ai rempli mon quota de poésie pour l’année, je peux revenir sur Terre et faire partager ma vision de l’eSport idéal. Il va sans dire (mais je me sens mieux en le disant) que rien ici n’a pour but de juger ou rabaisser l’eSport (ou tout ou partie de ses acteurs) et que tout cela n’est qu’un article d’opinion qui s’assume comme tel.
La semaine dernière, après mon article sur les débouchés des LCS et WCS j’ai reçu les vives critiques d’un de mes amis Facebook, un certain Kevin Kikoolol. Il avait une masse de questions à me poser et entre deux il m’expliquait que la vision que j’avais de l’eSport était trop négative. Je lui ai donc offert de me seconder pour apporter la neutralité nécessaire à la réflexion que nous voulons avoir. Ne vous étonnez donc pas régulièrement de voir intervenir ce grand philosophe pour me remettre dans le droit chemin.
Extrait de la discussion qui m’a amené à collaborer avec Kevin
Reprenons donc notre réflexion là où nous l’avions laissé. L’idée développée la semaine dernière était de mettre en avant que les éditeurs des jeux phares, Blizzard et Riot, avec leurs compétitions ont une certaine tendance à créer une sorte de monopole qui peut être dommageable pour les « petits joueurs » et les « petites compétitions »
« Tu voi tu recomanse a rajer sur Riotte et Blibli »
Non Kevin, je ne rage pas et je ne reproche rien à qui que ce soit. Les WCS et les LCS sont une avancée formidable pour l’eSport et les joueurs qui ont la chance d’y participer et les éditeurs font un super boulot. L’idée de cet article est justement de penser plus loin et de réfléchir sur un objectif plus ambitieux. Pourquoi ne pas rêver d’un monde de l’eSport où chaque pays aurait une scène florissante, où le top 50 national pourrait se professionnaliser et vivre de son talent ?
« Métrololkoi se ke tu dis blizardeu la féac les WCS »
Remarque tout à fait judicieuse cher Kevin ! Effectivement ce modèle Blizzard avait commencé à l’instaurer en 2012 avec sa première édition des WCS. Mais un an plus tard, le modèle a radicalement changé. On peut essayer de se lancer dans le jeu des suppositions pour savoir pourquoi. L’influence Riot ? Probablement. Des difficultés d’organisation ? Surement. Un retour sur investissement difficile pour Blizzard ? Personnellement (encore une fois c’est une supposition), je pense que c’est là que le bât blesse et qui engendre le modèle choisi à la fois par Blizzard et Riot qui tend vers un monopole. En soit, il ne faut pas les blâmer. Avant d’être organisateurs de tournois, les deux géants de l’eSport sont avant tout des entreprises qui sont par nature, là pour gagner de l’argent. Il est donc normal qu’il cherche à rentrer dans leurs frais et à se protéger.
« Méalorpkoi tu les critiques ?
Tsss tu es têtu Kevin. Je ne les critique pas, je pense juste qu’il faut dépasser ce modèle, raisonner autrement, construire différemment. Bien sûr Rome ne s’est pas faite en un jour et l’eSport non plus. Mais je trouve que se fixer des objectifs, un idéal reste un bon moyen de construire l’eSport tel que nous le voulons. Si Blizzard et Riot ont leurs impératifs qui sont naturels et normaux qui peuvent freiner le développement d’un eSport idéal (même si encore une fois ils participent énormément au développement de l’eSport), pourquoi ne pas imaginer un organisme neutre qui regrouper des organisations à diverses échelles, sans pour autant chercher de rentabilité « dont l'objet est de rassembler les groupements eSportifs qui y sont affiliés ainsi que les licenciés, dans le but d'organiser le pratique sportive à travers notamment les compétitions ». Si vous voyez ces termes entre guillemets c’est parce que je viens de façon éhontée de vous copier/coller la définition d’une fédération sportive depuis le site de l’INSEE https://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/federation-sportive.htm).
Alors oui, c’est ambitieux, utopique peut-être. Mais je rêve d’une fédération internationale, une FIFA de l’eSport, qui regrouperait les fédérations de chaque pays, les ferait collaborer et serait là pour faire la synthèse entre le besoin de reconnaissance administrative des structures, la nécessité de pérennisation des revenus des joueurs et l’obligation pour les organisateurs de tournois et les éditeurs d’être rentables. C’est long et complexe, mais je vous propose d’essayer de voir comment on peut construire tout ça, et que ce rêve devienne réalité.
Une carte des confédérations de la FIFA, pourquoi pas ça pour l’eSport ?