Il parait que l'Histoire n'est qu'un éternel recommencement. Penser que l'épisode avec XiaoWeiXiao la saison précédente mettrait un terme à l'eloboosting dans le milieu professionnel relevait de la naïveté, car cette pratique est ancrée depuis très longtemps dans le milieu du jeu vidéo et l'appât du gain est parfois trop fort, trop facile, pour ne pas y céder. Et effectivement, il y a deux jours, Riot a banni une énorme quantité de joueurs challengers sur le ladder américain, des comptes commençant par « QQ...», en référence au Skype chinois qui permet au client de trouver facilement le pro à leur mesure.
Malheureusement pour lui, et pour son équipe, John « Papa Chau » Lee, support de l'équipe challenger américaine DreamTeam s'est retrouvé dans cette liste et a vu tous ses comptes bannis. A l'heure où ces lignes sont écrites, son équipe cherche activement un autre support pour le remplacer et le competitive ruling le concernant n'a pas encore été publié. L'histoire pourrait s'arrêter la, mais le coach assistant de l'équipe, Inero, s'est fendu d'un communiqué publié sur Twitlonger qui commence à faire du bruit sur la toile. Car Inero, visiblement très touché par cette affaire, attaque très lourdement Riot sur plusieurs points et souhaite mettre à jour les hypothétiques dysfonctionnements du circuit professionnel.
Concernant le cas de Papa Chau
Selon lui, Riot serait en faute dans cette histoire et aurait menti à son organisation quant à l'éligibilité de son joueur. En effet, tous les joueurs voulant participer aux LCS et aux CS sont soumis à ce que l'on appelle un behavior check. Les équipes soumettent leurs joueurs à Riot qui vérifie que ces joueurs ne sont pas toxiques ou indignes de jouer en LCS avant qu'ils ne fassent leur début en compétition. Papa Chau a donc reçu l'autorisation de jouer il y a une dizaine de jours dans les Challengers Series.
Inero accuse Riot de leur avoir délibérément menti, car il affirme que son joueur a depuis plusieurs mois a arrêté l'eloboost et que Riot était forcément au courant qu'un ban de ses comptes allait arriver. Pour lui, c'est un coup dans le dos à son organisation et au joueur qui a cru qu'il pourrait poursuivre son rêve de joueur professionnel alors que son ban était forcément prévu depuis un moment. Si cela s'avérait vrai, cela montrerait un réel dysfonctionnement au sein des équipes Riot. Cela voudrait dire que l'équipe en charge des behavior check le pensait clean pendant que son ban était prévu par un autre département.
XiaoWeiXiao, lui aussi attrapé dans une histoire d'eloboosting
La réalité est qu'au moment où est publié cet article, le ban de Papa Chau n'est pas encore officiel. Sans le communiqué officiel de Riot, impossible de savoir ce qui lui est effectivement reproché. Peut-être le joueur est-il vraiment innocent, ou peut-être a-t-il continué d'eloboost récemment et qu'il a trompé son coach et Riot par la même occasion. Nous n'avons ici qu'une partie de l'histoire. Si les accusations d'Inero sont très sérieuses, impossible pour le moment de démêler le vrai du faux.
Enfin, Inero affirme que l'eloboost est encore quelque chose de très répandu parmi les joueurs dans le milieu professionnel et que si on devait ban tous ceux l'ayant fait un jour, la majorité des joueurs LCS se retrouveraient à la porte.
Un système préférentiel
Mais son twitlonger ne s'arrête pas la, et visiblement excédé par la situation, le coach assistant a publié toute une partie ou il attaque Riot sur la façon dont la société gère les LCS et comment sont considérées les équipes professionnelles. Selon lui, Riot serait au petit soin pour les plus grosses équipes LCS et celles ayant un énorme soutien, comme par exemple les investisseurs sportifs qui sont arrivés ces derniers mois (Rick Fox, Schalke 04, etc..), laissant de côté les équipes plus modestes.
Si cela ne le choque pas, Riot voulant tendre vers un modèle de franchise, il les accuse cependant de dénigrer totalement les plus petites équipes et particulièrement les équipes challengers. Pour lui, être dans cette catégorie s'apparente à être dans le ghetto, et Riot ne lèverait pas le petit doigt pour aider les joueurs ou les organisations de cette catégorie à moins d'y être vraiment obligé. Il est vrai que les Challengers Series sont une compétition particulièrement difficile, tant pour les organisations que pour les joueurs. Le format change chaque année, et la compétition n'est qu'une étape avant de monter la marche supérieure. Les joueurs anciens qui veulent revenir, comme les nouveaux qui veulent percer sont sous son pression et cela donne parfois des situations compliqués, comme celle d'Huma au dernier split.
L'équipe DreamTeam avec leur support tout à droite
Mais pour Inero, du moment que les salaires minimums imposés sont versés, Riot ne bougerait pas le petit doigt pour aider les joueurs challengers et fermerait les yeux, même si les contrats sont abusifs que les équipes ne remplissent pas leurs engagements. Inero déplore que les joueurs ne peuvent assumer seul un combat juridique et qu'ils sont laissés à l'abandon. Ces accusations sont graves et vont à l'encontre de l'image que Riot veut donner depuis de nombreuses années en pérennisant la situation des joueurs et des équipes.
Les projets et équipes malhonnêtes ont toujours été présent dans l'eSport à des degrés divers selon les jeux et la période. Riot, depuis des années, a fait énormément pour sécuriser la situation des joueurs mais ils ne peuvent être tenu responsable de tous les maux du circuit professionnel. Pour autant, si les propos d'Inero ont un fond de vérité, cela montrerait qu'il reste du chemin à parcourir et que Riot n'aurait peut-être pas encore fait assez pour la scène Challenger. Le ban de l'équipe Renegades atteste de leur politique mais d'autre situations comme celle d'Huma jettent le trouble sur la façon dont sont gérées ces cas de figure. L'avenir nous dira si d'autres personnes rejoignent le point de vue du coach de l'équipe DreamTeam ou si c'était une vendetta personnelle après la perte de son joueur.
Le spring split NA 2016. | |