Test : Thief
Thief est un jeu d'infiltration sorti le 28 Février 2014 sur PC, PS3, Xbox 360, PS4 et Xbox One. Square Enix et Eidos ont décidé de faire un reboot de cette licence mythique qui avait déjà, en son temps, posé de lourdes bases en termes d'infiltration hardcore. Les développeurs ont promis monts et merveilles à propos d'un gameplay ouvert et qui plaira même aux puristes. Pari réussi ?
Genre : Infiltration/FPS Développeur : Eidos Montréal Supports : PC, PS3, Xbox 360, PS4, Xbox One Date de sortie : 28 février 2014 Prix : Entre 50 et 70€ suivant la version et le support PEGI : 16+ |
Scénario
Sans café ni présentation, Thief nous emmène directement au centre de l'histoire. Après une tentative de vol raté et la perte d'Erine, son apprentie, Garrett se réveille à moitié amnésique dans une charrette en direction d'une ville fortifiée sous l'orage et le cris des gardes. Apparemment, son sommeil a duré plus d'un an et cette cité a quelques problème depuis, notamment la "grisaille" (sorte de peste noire) qui frappe la ville et d'un baron aux allures de dictateur. Expulsions, pendaisons, couvre-feu... Le quotidien des habitants de cette ville est devenu tout sauf confortable. Garrett va alors essayer de découvrir la source du mal qui ronge cette ville, la Grisaille comme le Baron. Ces missions de vol le mèneront bien plus loin qu'un simple larcin, participant alors à une véritable révolution sous la bannière d'Orion, la voix du peuple. Thief nous transporte alors dans un scénario un peu maladroit aux allusions surnaturelle et aux personnages peu (voire pas) intéressants pour un sou, à commencer par Garrett lui-même, au charisme de moule marinière et dont le jeu d'acteur de sa voix française et sa moustache pré-pubère n'arrangent rien au tableau. Premier problème pour ce Thief, et loin d'être négligeable qui plus est, heureusement, les quêtes secondaires apportent un peu plus d’intérêt, les histoire du background étant plus intéressantes.
En fait, le problème avec Garrett, c'est sa tête. Il dégage rien, pourtant
il a des yeux vairons +10 en charisme.
Gameplay
De manière générale, Thief offre une bonne perspective de gameplay, notamment grâce à des mécaniques qu'on utilisait en 1998 sur Dark Project, et surtout son système de flèches qui permet une multitude de chose. Flèche létale, flèche fragile (pour faire des actions sans gaspiller), flèche suffocante, flèche d'eau (pour éteindre les sources de lumière), flèche de feu et même flèche grappin ! Mais la liberté d'action est beaucoup trop restreinte pour y voir un quelconque potentiel dans ces mécaniques. D'ailleurs, Eidos s'est littéralement tiré une balle dans le pied en bridant complètement leur jeu, rien ne peut être fait comme on le souhaite, il faut toujours enclencher des scripts, que ce soit pour l'utilisation des flèches d'eau, des flèches de feu ou même des flèches grappin. Moi qui adorais planter des cordes partout dans Dark Messiah en tentant de trouver un deuxième chemin, je suis vraiment déçu. Mais le pire, c'est qu'il est impossible de sauter ; il faudra, là-encore, enclencher des scripts pour que le personnage saute d'un rebord à l'autre ou attrape une corde ! S'il n'y a pas de script (alors que même un nain unijambiste pourrait sauter), c'est que ce n'est pas par là. Tout ça dans le but de limiter le joueur au maximum pour qu'il profite du jeu comme les développeurs l'ont pensé, qu'il ne s'éloigne pas des sentiers battus.
À la fin de chaque mission, ce sera l'occasion pour vous d'examiner les statistiques, les défis et votre style de jeu, au même titre que Dishonored, encore ...
Dans un sens, on peut dire qu'ils ont fait l'exploit de créer un hybride de jeu en monde ouvert et de jeu couloir, bien qu'au final, il n'a d'ouvert que la ville, le reste n'est que lignes droites, et ce n'est pas les quelques impasses qu'on nous propose qui changeront la donne. Vous avez le choix mais pas la liberté ! D'ailleurs, ce principe se répercute sur le level design ; s'il existe plusieurs chemins pour atteindre votre but (souvent au nombre de deux...), la manière ne changera jamais et il n'y aura jamais de variation de gameplay, contrairement à ce que nous proposait un Dishonored. Heureusement, d'un certain côté, vu la tronche du système de combat redondant et pas du tout intéressant.
Certaines phases de plateforme, notamment la grimpette, vous feront passer
en vue à la troisième personne, pour plus de visibilité.
D'ailleurs, ce qui provoquera la mort dans l'oeuf de ce Thief, c'est la comparaison obligée qu'on fera avec Dishonored, ce qui ne le mettra pas souvent à l'avantage. Bien que différents visuellement, les deux se rapprochent beaucoup en termes de gameplay à peu de choses près, si ce n'est que l'un propose un gameplay vraiment libre, de réels choix dans les différents chapitres, des temps de chargement très courts et une IA qui sait faire la différence entre un voleur et une ombre... et l'autre n'a rien de tout ça. Malgré tout, les développeurs n'ont pas menti et une difficulté "Hardcore" est bien proposée, avec le moins d'aide possible à l'écran, une IA plus hargneuse, pas de sauvegardes entre les chapitres ou même l'absence de concentration, l'une des mécaniques qui révèlent les objectifs à l'écran. Mais ça ne changera strictement rien au gameplay dirigiste.
Quand vous commencerez une nouvelle partie, vous pourrez choisir entre trois mode de difficulté prédéfinis ou bien customiser votre difficulté, de quoi satisfaire les plus hardcore d'entre vous.
Graphismes
À mi-chemin entre l'ambiance médiévale de The Witcher 2 et le côté victorien de Dishonored (encore lui !), Thief possède un petit cachet visuel appréciable. Les rues pavées dégueulasses et étroites dont les murs montent très haut apportent une claustrophobie qui nous plonge assez facilement dans l'univers. La version PC (ici testée) propose en plus une multitude d'effets gourmands en ressources qui propulsent le photoréalisme voulu de Thief. Mais là encore, le jeu se tire une nouvelle balle dans le pied en proposant un univers cohérent mais répétitif. La ville, qui sert de HUB entre les différentes missions, se ressemble en chaque lieu, il sera donc difficile de bien se repérer sans sortir la carte toute les cinq minutes, celle-ci étant d'ailleurs peu précise. Heureusement, les zones de certaines missions proposent un peu de changements, notamment le Bordel qui est vraiment sympa (en plus d'y trouver quelques dizaines de femmes aux seins dénudés à chaque coin de pièce).
Probablement le seul panorama marquant de Thief, qui, il faut le souligner, offre un super rendu.
Niveau optimisation sur PC, le jeu est très gourmand et demandera une petite machine de guerre pour pouvoir en profiter à fond, notamment au niveau du processeur qui exige la dernière série d'AMD ou d'Intel. Même mon Phenom II X6, pourtant encore en forme, ne peut aller plus loin que l'élevé. Mais le plus énervant sera ses temps de chargement interminables ; un SSD sera requis si on souhaite les raccourcir. On regrettera par ailleurs que le jeu n'intègre pas une meilleurs occlusion ambiante (l'HBAO reste meilleurs que le parallalax proposé) et surtout, que la synchronisation verticale du jeu favorise les mini-freeze.
La planque de Garrett ne sert strictement à rien. À part récupérer les bonus de l'édition limitée et déclencher les scripts pour les missions principales.
Son
Avec une ambiance pareille, on s'attendait à des musiques sombres, des violons grinçants et lourds, soulevés par des percussions quand les choses se gâtent pour nous. Que nenni ! La bande-son ne se déclenchera pratiquement que quand on est poursuivi par des gardes, et c'est une horrible musique électronique qui nous accompagnera, vraiment déstabilisante et peu immersive. Ajoutez à ça des doublages français vraiment peu convainquants, tout comme la synchronisation voix/lèvre, et on obtient là un travail sonore vraiment bâclé sur ce Thief. Heureusement, vos balades dans la ville se ponctueront de commentaires des villageois ou des gardes, parfois informatifs sur le background et parfois très bizarres, comme celui d'une petite fille qui vient de tuer sa troisième mère. De quoi nous plonger un peu plus dans l'ambiance de cette future Nécropole.
Heureusement, l'univers propose du contenu mature, ce qui donne lieu à ce genre de scène.
Pour conclure
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Les plus et les moins |
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Graphiquement au point. | L'histoire et les personnages inintéressants | ||||
Les quêtes secondaires. | L'IA pitoyable | ||||
Le mode "Hardcore" | Une liberté digne de la Corée du Nord. | ||||
Les musiques et doublages. | |||||
Des temps de chargement à tous les coins de rue |