Steven Spielberg est un réalisateur qui ne craint pas les challenges, et il l'a prouvé en 2005, en patronnant le film Munich. Infiniment moins connu que la plupart de ses autres œuvres, le film raconte la prise d'otage d'athlètes israéliens par un commando palestinien aux JO de 1972, mais surtout l'opération de vengeance menée ensuite par le Mossad, après l'exécution de 11 des otages.
Nominé dans cinq catégories aux Oscars de 2006, Munich résonne aujourd'hui plus que jamais comme un film clé, sur la grande difficulté à faire la paix.
Un sujet difficile, et un accueil qui l'a été tout autant
Confronté à un sujet aussi grave, Spielberg est parvenu à pondre un film sans manichéisme, d'une honnêteté qui impose le respect. En 2005, la sortie du film est boudée aux Etats-Unis, et même s'il se rattrape à l'étranger, il totalise péniblement 130 millions de dollars de recettes, pour un budget total de 70 millions de dollars.
Les critiques sur le film, d'hier et d'aujourd'hui, sont plutôt bonnes, mais le contexte géopolitique dramatique au Moyen Orient n'a pas aidé à ce que le film soit jugé de manière "impartiale".
Représailles infinies
En 2005 comme de nos jours, Munich permet de comprendre les engrenages sans fin qui mènent aux vengeances et au terrorisme. La dernière scène du film est de ce point de vue l'une des plus célèbres.
Après qu'Ephraim (haut représentant du Mossad dans le film) ait refusé la main tendue d'Avner (agent du Mossad et protagoniste du film), la caméra balaye l'horizon, et s'arrête sur le World Trade Center. Cette séquence, véritable allégorie de la difficulté immense à faire la paix et à arrêter les représailles, renvoie finalement aux tours jumelles, et au caractère infini et cyclique du terrorisme.