Square Enix nous refait le coup du planning de sorties "balle dans le pied" avec ce Romancing SaGa 2, installé pile-poil entre Metaphor ReFantazio et Dragon Quest 3 HD (du même éditeur) sur le calendrier. Ça serait vraiment regrettable qu'il ne trouve pas son public, parce que si l'on exclut le mastodonte Final Fantasy VII Rebirth, on se retrouve selon nous face à l'un des titres les plus solides à sortir de la maison Square Enix depuis très, très longtemps.
- Genre : JRPG
- Date de sortie : 24/10/2024
- Plateforme : PC, PS5, Nintendo Switch
- Développeur : Xeen, Square Enix
- Éditeur : Square Enix
- Prix : 49,99€
- Testé sur : PC
Secrets d'Histoire
Les légendes racontent que le monde était autrefois en proie au chaos, mais de ses flammes surgirent 7 héros légendaires, et de leur lame périt le danger qui mettait l'humanité en péril. Des récits mythiques contredits par une nouvelle apparition des 7 figures, cette fois bien moins positive : les héros maudits sèment désormais la terreur partout sur terre et contrecarrer leur puissance va nécessiter des siècles et des siècles. C'est là que vous entrez en jeu, avec une introduction scénarisée et dirigiste, qui vous met dans la peau de l'un des fils de l'Empereur au pouvoir.
Dans les bottes du jeune héritier, vous apprendrez les rudiments du combat et accomplirez vos premiers faits d'armes aux côtés de votre père. Le décès de ce dernier va accélérer les événements et le concept de Romancing Saga 2 va grandement accélérer les choses, grâce à la magie de Transmission. En changeant de génération, un nouvel empereur est désigné, en accueillant tous les pouvoirs et les compétences accumulés par ses prédécesseurs. Le but ultime : dézinguer les 7 héros maudits, même si cela doit prendre 1000 ans. Une fois le petit tutoriel passé avec le premier roi, le joueur est libre d'entreprendre les objectifs dans l'ordre qu'il le souhaite et s'ils sont assez peu nombreux en début de partie, il sera très rapidement possible de se constituer une expérience "à la carte".
Le schéma est toujours le même : vous entrez dans un nouveau village, les locaux vous parlent de leur problème, puis vous allez le régler, étendant ainsi l'influence du royaume. En récupérant des territoires, vous vous rapprocherez petit à petit des 7 héros et, donc, de votre objectif final. Et pour le coup, Romancing SaGa 2 sait aller à l'essentiel en ne se perdant pas dans des kilomètres de texte : on est ici pour le gameplay, ça se sent et seuls les souvenirs des héros éparpillés dans le monde, vont vraiment constituer un fil rouge narratif. Passage du temps oblige, certains lieux changeront aussi d'apparence, avec de nouveaux PNJ (pas toujours) et de nouvelles quêtes.
SaGa, c'est plus fort que toi
Comme mentionné un poil plus haut, le gameplay est le noyau dur du jeu, avec des tas de systèmes qui s'imbriquent les uns dans les autres, afin de donner un jeu particulièrement complet et prenant. Les développeurs ont appliqué un nombre faramineux de modifications sur l'oeuvre originale pour aboutir à ce qu'on a eu entre les doigts. Le résultat est d'une solidité à toute épreuve, en parvenant à conserver l'exigence propre à la série, tout en supprimant les nombreux aspects archaïques d'un soft qui a plus de 30 ans.
D'abord, la progression : pas d'expérience à proprement parler dans SaGa, mais des niveaux de compétence pour chaque arme ou élément de magie que vos personnages utiliseront. Plus ceux-ci seront élevés, plus les chances d'apprendre des techniques puissantes augmenteront. C'est là que tout le principe d'héritage intervient, puisque votre nouveau roi récoltera tous les niveaux de compétence de ses ancêtres. Il aura également la charge de constituer à chaque fois une nouvelle équipe de 5 alliés, qui se placeront sur une formation décidée à l'avance. Jusque là, rien de super original, mais dès que l'un de vos héros tombe au combat, il perd 1 PC pour point coeur. Plus de point coeur, plus de personnage, avec une mort permanente cruelle mais complètement logique dans ce contexte de passation de pouvoir perpétuelle.
Pour vous défendre, face à des monstres qui frappent bigrement fort, il faudra chercher et exploiter leurs faiblesses pour faire grimper une jauge donnant accès à des compétences combinées dévastatrices, mais aussi et surtout gratuites en PM. Car, comme chez son cousin d'Atlus, la gestion des points de magie est d'une importance capitale : ceux-ci ne sont pas régénrés en fin de bataille, contrairement à vos points de vie.
Il va donc falloir se la jouer économe, ou carrément éviter certains combats, si vous souhaitez atteindre les fontaines de régénération complètes placées avant le boss de chaque donjon. Les combats aléatoires ont également été supprimés et il est désormais possible d'entrer directement en contact avec eux, voire même de les surprendre avec une attaque d'initiative aux bonus très intéressants. On a également le droit à des cartes refaites à neuf, avec une exploration valorisée grâce à l'ajout du saut et des M., de petits collectibles qui vont par 5 et qui vont grandement améliorer le confort de la partie.
Et lorsque vous ne serez pas sur le champ de bataille, vous serez dans votre château, à décider des prochaines structures à construire, ou des prochains projets d'équipement à développer. le temps nécessaire aux avancées du royaume est décompté en combats réalisés, soit une autre excellente raison de farmer les donjons. Il sera également possible de réapprendre toutes les compétences cumulées à une nouvelle génération, absolument comme vous le souhaitez et sans aucune contrainte.
En bref, que ce soit dans l'exploration de son monde ou dans la progression du groupe de héros, le maitre-mot est clairement "liberté. Romancing SaGa 2 devait être très en avance sur son temps lors de sa sortie en 1993, mais les développeurs d'Acquire ont réussi à faire les bons choix pour le mettre un maximum en valeur : avec ses options de confort dans tous les sens et son interface limpide, il s'agit d'un remake qui se propose de polir un diamant brut pour le faire briller comme jamais.
Succession
Il faut un peu remettre les choses dans leur contexte : nous sommes face au remake d'un titre sorti en 1993 sur Super Famicom et qui n'a jamais bougé de l'archipel avant tout récemment, grâce au portage lissé du jeu paru sur toutes les consoles. Tous ses personnages et ces décors de 5 pixels de haut ont été transposés en 3D, pour un résultat convaincant, à défaut d'être éblouissant. On est dans la droite lignée du remake de Seiken 3, avec des modélisations de perso sommaires et des décors qui, eux, sont bien détaillés et ont un véritable cachet.
On pourra toujours ronchonner en croisant les dizaines de PNJ copiés/collés qui cassent complètement l'ambiance, mais il faut tout de même admettre que le travail d'Acquire sur la technique du jeu est bien solide. Ce remake peut également compter sur des réorchestrations des sublimes compositions de Kenji Ito, avec des versions retravaillées sans chichis. Il y a une petite vibe Dragon Quest dans le voyage au long cours de notre dynastie et la musique du jeu renforce ce sentiment, ce qui est une excellente chose. On aurait aimé une mise en scène plus punchy pour marquer les temps forts de l'aventure, voire même des portraits de personnages pour éviter d'être trop focalisé sur les modèles dignes de la génération précédente.