Neuf ans après sa première apparition à l'E3 2014, Dead Island 2 a finalement réussi à voir le jour après moults rebondissements dans son développement. Déployé le vendredi 21 avril 2023, ce jeu d'horreur principalement porté sur le gore et la violence extrême en monde semi-ouvert a vocation à offrir à ses joueurs une expérience post-apocalyptique loin des standards du genre. Oubliez vos principes, dans Dead Island 2 tout n'est qu'humour noir, sarcasme et violence brute, une description qui pourrait être fort peu flatteuse si ce n'était pas justement ce que l'on recherchait dans la suite d'une licence qui a déjà fait ses preuves il y a plus d'une dizaine d'années !
Note importante : Nous ne mentionnerons pas l'intrigue ni même l'antagoniste principal dans ce test pour éviter tout spoil. Continuez votre lecture en paix, on ne vous dévoilera rien de nouveau à propos de l'histoire du jeu dans cet article ! De plus, nous n'avons pas essayé le mode multijoueur, nous ne nous exprimerons donc pas dessus (outre le fait de mentionner qu'il existe).
- Date de sortie : Vendredi 21 avril 2023
- Genres : FPS, Aventure, Action-RPG, Horreur
- Plateformes : PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S, PC
- Prix : 59,99€ pour l'édition de base (sur l'Epic Game Store exclusivement) sur PC, ou 69,99€ pour l'édition de base sur console
- PEGI 18
- Développeur : Deep Silver Dambuster Studios
- Éditeurs : Deep Silver, Plaion
- Testé sur PC
Welcome to Hell-A
La trame narrative de Dead Island 2 propose un schéma assez classique pour un jeu mettant en scène des survivants devant faire face à une invasion de zombies décérébrés. L'histoire se déroule dix ans après les événements de Dead Island: Riptide. Dans une cinématique assez longue, vous découvrez ainsi que la ville de Los Angeles est en proie à une infection mystérieuse transformant les habitants en morts-vivants. Pour limiter la casse, l'armée est envoyée sur place afin d'évacuer les survivants en avion.
Malheureusement, sans grande surprise parmi les passagers se trouve un infecté et l'armée abat l'avion, qui s'écrase alors inévitablement. Vous voilà pris au piège dans la ville que vous cherchiez à fuir que les rares survivants prennent d'ailleurs un malin plaisir à surnommer Hell-A. A partir de là, vous avez le choix entre six personnages aux caractéristiques très distinctes (celles-ci n'évoluent d'ailleurs pas durant le jeu) :
- Jacob
- Bruno
- Carla
- Dani
- Ryan
- Amy
Vous vous relevez alors des décombres de ce qui devait être votre salut vers une vie meilleure, pour finalement découvrir que vous n'êtes pas le seul survivant. Miracle ! Seulement voilà, là encore le chaos ambiant mène à des décisions difficiles conduisant inéluctablement à votre morsure par un infecté. Ce n'est qu'après avoir lentement agonisé que vous retrouvez miraculeusement vos forces dans le quartier Bel-Air, sans vraiment comprendre comment un tel événement est possible. A partir de là, les choses sérieuses commencent...
Los Angeles plus vraie que nature !
Le moins que l'on puisse dire à propos de Dead Island 2 est que graphiquement parlant il en jette. Ça oui ! Et on ne parle même pas là que du rendu visuel du jeu, mais bien aussi de sa fidélité par rapport à la véritable ville de Los Angeles, un élément qui passera sans doute inaperçu pour beaucoup de joueurs francophones pourtant on vous le garantie : on nous propose là une réplique très fidèle de la célèbre ville californienne, et jusque dans les moindres détails (la salle de jeux d'arcade que vous devez visiter à un moment donné dans le jeu existe par exemple, et elle est fidèlement représentée en tous points).
Bien sûr, en matière de rendus visuels le jeu n'a pas à rougir de ses concurrents. Et alors qu'il est particulièrement gourmand si vous espérez le faire tourner en "Ultra", nous avons essayé de jouer avec les graphismes réglés sur "Moyen" et le rendu est tout simplement épatant pour une telle qualité graphique (et en plus c'est largement supporté par une RTX 2060). Le jeu est beau, et il va sans dire que les nombreuses cinématiques bénéficient largement de cette réussite graphique.
Mais une fois cela dit, il faut tout de même garder à l'esprit que Dead Island 2 n'est pas irréprochable graphiquement parlant. L'un des éléments qui nous a le plus marqué était par exemple le fait que vous ne pouvez pas voir votre personnage dans les nombreux miroirs qu'abritent les luxueuses villas de la ville. Un détail, certes, mais cela fait un peu mal au cœur quand on s'en aperçoit. Ce n'est pas le seul élément du genre que nous avons relevé, au point de nous dire régulièrement "C'est dommage quand même, le délire aurait pu être poussé encore plus loin...". Citons aussi l'absence presque totale d'intérêt des environnements dans le gameplay : vous combattez les zombies, et tout ce qui est autour de vous n'est pas impacté par les événements (pas d'impact dans les murs quand vous frappez dedans, peu de décors destructibles...).
En dehors de ces détails, nous n'avons pu relever que peu de réels problèmes visuels sur le jeu, même après l'avoir terminé. Enfin, si... Il en existe bien un majeur dans l'une des cinématiques en milieu de jeu durant laquelle l'une des protagonistes se retrouve à moitié dans le sol, rendant la scène complètement ridicule. On sait cependant que nous avions accès à une "version Presse" anticipée et que l'éditeur a d'ores et déjà prévu de nombreux correctifs pour la sortie du jeu, alors espérons que ce n'était qu'un malheureux hasard !
Sous le sunlight des tropiques
L'un des plus importants points forts du jeu, c'est son ambiance sonore. Oubliez ici les riffs un peu clichés façon Doom pour vous rappeler que vous saccagez du zombie à la pelle comme un sauvage. Non, dans Dead Island 2 tout est pris avec légèreté sans pour autant que cela verse dans le ridicule. Armez-vous d'ailleurs d'une bonne dose de second degré si vous prévoyez d'y jouer ! Tous vos combats sont toujours rythmés par une musique entrainante, et sans abuser sur les riffs encore une fois... Et ça, c'est fort ! D'un autre côté, on s'est aussi assez souvent retrouvés pas mal sous pression à cause de l'ambiance pesante qu'impose le jeu durant certaines séquences, l'absence de musique dans des environnements sombres et malsains y jouant beaucoup. Un savant mélange entre loufoque et sérieux qui fonctionne du tonnerre ! Quelques titres audibles pendant vos sessions de jeu :
- Drown par Karen O & Danger Mouse (écran titre du jeu)
- Sad Wedding par Marvin Gaye & Tammi Terrell
- And They All Fall Down par Saint Agnes
- Drive North par SMRS
- Humans Are Such Easy Prey par Perturbator
- Right On, Frankenstein par Death From Above
- Lemon Sayze par Kunzite
Plus encore sur les éléments sonores du jeu, c'est la grande qualité du doublage anglophone qu'il nous faut relever. Anglophone oui, parce qu'il n'existe pas de version francophone des dialogues audio, seuls les sous-titres sont disponibles dans cette langue. Cela constituera sans aucun doute un véritable frein à de nombreux anglophobes, néanmoins force est de constater que le rendu est vraiment bon en version anglaise et après plusieurs dizaines d'heures on peinerait franchement à se passer de la voix des doubleurs originaux (mention spéciale à Michelle Fox dans le rôle de Dani qui est excellente, mais elle est loin d'être la seule).
Pour ce que l'on catégorisera dans "le reste", les bruits ambiants, les cris de zombie ou les impacts des armes, nous n'avons pas grand chose à redire non plus. Un sans faute qu'il serait malhonnête de ne pas saluer ! Le plus grand coup de cœur dans ce domaine aura sans doute été du côté des Hurleurs, des zombies particulièrement effrayants qui vous hurlent dessus (c'est écrit dans le nom). Dans leur forme alternative ils provoquent une gerbe d'électricité avec l'onde qu'ils génèrent en hurlant, et la distorsion appliquée au cri rend particulièrement bien !
Massacre à la station balnéaire
Le dernier gros point de Dead Island 2, c'est évidemment son gameplay qui est au cœur de l'intérêt que porteront la plupart des joueurs à ce jeu. Véritable défouloir en monde semi-ouvert, le jeu propose un système unique en son genre en matière de gore qui contribue grandement à la sensation très agréable que l'on peut avoir en jouant à Dead Island 2. Selon l'angle de votre attaque ou l'arme que vous utilisez, les membres des zombies peuvent être endommagés, voire même se déchirer, conduisant parfois à certaines scènes vraiment crades où un zombie n'a plus ni bras, ni jambes, se retrouvant ainsi contraint de ramper tant bien que mal pour vous mordre... C'est vraiment dégueu, mais vous verrez on se retrouve vite à y prendre goût !
De la violence à l'état pur exacerbée par les gerbes de sang qui s'étalent en temps réel sur les murs à mesure que vous exterminez vos adversaires, mais aussi des quelques éléments du décor pouvant servir à faire exploser vos adversaires, les électrocuter ou bien les dissoudre dans de l'acide. Un système de combat très réussi qui transforme même le plus doux des joueurs en un véritable sadique : "Hmmm... Comment je vais me le faire celui-ci ?" s'entendait-on parfois dire, effrayant !
Au-delà des combats sanglants et d'une rare violence, il nous faut mentionner que Dead Island 2 est sincèrement difficile à apprécier pleinement avant d'avoir joué plusieurs heures dans les rues de Hell-A. Les premières heures sont très clichées et d'une rare lenteur, et il nous est souvent arrivé d'avoir eu envie de lâcher l'affaire tant l'introduction est longue et répétitive. La trame narrative est pourtant globalement bonne, on évolue dans Los Angeles au fil d'une série de 24 quêtes principales, mais l'introduction fut une véritable purge.
En matière de quêtes d'ailleurs, il est intéressant de noter que de très nombreuses quêtes annexes sont disponibles dans la plupart des zones du jeu, au même titre que de nombreux petits objets optionnels peuvent être trouvés dans des lieux peu visibles vous incitant ainsi grandement à prendre votre temps... Ou bien à revenir sur vos pas après avoir terminé le jeu, offrant donc une certaine rejouabilité au-delà des 15 à 20 heures de jeu requises pour atteindre la fin du jeu.
La sensation de lenteur que l'on évoquait précédemment s'estompe à mesure que vous progressez dans le jeu, fort heureusement. Dès le deuxième chapitre, celui dédié à l'Hôtel Halperin, l'intrigue évolue en faveur de quelque chose de plus intéressant et vous gagnez l'accès à certaines compétences transformant radicalement votre expérience de jeu. Parce que oui, dans Dead Island 2 vous gagnez progressivement et presque à chaque chapitre accès à de nouveaux éléments peaufinant votre approche des combats, et ce jusqu'à la fin du jeu. Un système de progression simple à prendre en main et pourtant assez approfondi pour être relevé.
L'un de ces éléments, c'est bien sûr l'accès à de nouvelles armes, un sujet intéressant quand on sait que le jeu propose une quantité assez dingue d'outils qui vous serviront à découper ou concasser du zombie de bien des façons différentes. Chaque arme a son intérêt, et vous définirez de toute façon assez rapidement votre style de jeu en préférant les énormes masses pour broyer vos adversaires à l'aide de lents coups, ou bien d'armes tranchantes à l'allonge plus ou moins importante pour trancher un à un les membres des créatures qui peuplent désormais la ville.
Il n'existe d'ailleurs pas vraiment "d'arme parfaite", chacune a son intérêt et sa faiblesse : les armes à feu seront par exemple inutilisables contre les Infectés anti-émeute, des zombies portant un gilet pare-balles, là où les armes contondantes n'auront que peu d'efficacité contre les ennemis les plus coriaces. Des armes jetables existent également, les Superballes, et vous découvrirez rapidement que toutes finiront par vous être utiles pour avancer dans le jeu : des Shurikens au Cocktail molotov en passant par la Bombe chimique, toutes sauront se montrer utiles à un moment donné, surtout face à des groupes massifs de créatures !
Plus tardivement dans le jeu, vous débloquez également un système de fabrication vous permettant de faire évoluer vos armes par le biais de multiples bonus obtenables tout au long de votre progression moyennant quelques ressources récoltées pendant votre aventure : les "Mods". Et si certains bonus sont assez banals, une simple augmentation de dégâts par exemple, d'autres permettent carrément d'appliquer des malus aux ennemis touchés, le Mod Liquidateur à distance par exemple qui permet à une arme à feu de projeter de l'acide sur la cible. Et là encore, tous les Mods ne sont pas viables contre toutes les cibles, vous forçant régulièrement à jongler entre vos multiples armes !
Bien au-delà des armes, le système de progression de Dead Island 2 offre également aux joueurs la possibilité de gagner de puissants bonus par le biais de nombreuses compétences uniques permettant à chacun de personnaliser toujours plus leur style de jeu. Ces compétences s'obtiennent souvent en gagnant des niveaux (le niveau maximum d'un Tueur étant 30), et vous devrez faire preuve d'ingéniosité pour gagner en efficacité. Chaque Tueur a d'ailleurs accès à des compétences spécifiques, Dani n'a pas accès aux mêmes "pouvoirs" que Ryan par exemple,
Au cœur des batailles, le jeu est particulièrement fluide et agréable même lorsque de nombreux zombies s'en prennent à vous. Bien que la difficulté soit faiblarde en début de jeu rendant l'expérience assez ennuyeuse, les choses évoluent rapidement et vous devez faire preuve d'un minimum de tactique pour survivre. Selon le Tueur que vous choisissez, vous devez également abuser plus ou moins de la compétence d'Esquive ou de Blocage des attaques, deux compétences cruciales si vous souhaitez pouvoir survivre aux assauts répétés des morts-vivants. Avec un peu de maîtrise, vous devenez inarrêtable et comprenez alors d'où vient l'appellation de "Tueurs" que l'on donne aux héros d'entrée de jeu !
Enfin, il est sans doute important de mentionner que si le jeu est globalement très rythmé une fois la longue introduction dépassée, ce rythme assez soutenu se brise parfois malheureusement la faute à certaines mécaniques de jeu nuisant pas mal à l'immersion. On peut notamment citer le fait que les zombies sont complètement stupides : la plupart ne sont pas capables de ramper sous une grille à demi ouverte (alors que si on leur coupe une jambe, là ils savent ramper !), et ils s'arrêteront de vous poursuivre si vous courez assez vite l'espace de quelques secondes. Forcément, en monde semi-ouvert cela rend la menace bien moins pesante...
On aurait également aimé pouvoir fermer les portes par exemple, un élément que l'on pensait incontournable dans un jeu où des hordes de zombies vous poursuivent régulièrement. Mais non, Dead Island 2 ne le permet pas... Et c'est frustrant ! Mais malgré quelques détails un peu gênants quand on s'aperçoit de leur absence on se retrouve quoiqu'il arrive à rapidement passer outre au profit du plaisir de casser du zombie en boucle, et c'est probablement le plus important au final !