Le 26 avril 2019, Days Gone débarquait sur PS4. Le jeu est développé par Bend Studio, dont la dernière création en date était le tristement célèbre Bubsy 3D sorti en 1996 sur Playstation. Leur nouvel Action-Adventure se déroule dans un monde post-apocalyptique semblait plein de promesses. Days Gone se voulait être un open world que le joueur pourrait parcourir grâce à sa moto entièrement personnalisable et qui se devait être un élément central du Gameplay. Le jeu proposait également d'affronter des hordes de plusieurs dizaines voire centaines de zombies en simultané, ce qui rendait les trailer du jeu d'autant plus impressionnants et alimentait toujours plus la hype autour de celui-ci. D'autant plus que le jeu était édité par Sony Interactive qui avait travaillé sur God of War, le jeu de l'année 2018, tout juste un an plus tôt. Les joueurs attendaient donc énormément de Days Gone. Cependant, son gameplay trop générique, ses énormes défauts techniques tels qu'une physiques souvent très peu réaliste ou encore des chutes de framerate incessantes dès que trop de zombies étaient affichés à l'écran n'ont pas manqué de faire tomber très vite le jeu dans l'oubli après un lancement tout juste rentable.
C'est cependant dans une volonté de donner une nouvelle jeunesse au jeu et de lui accorder enfin la qualité technique qu'il mérite que les développeurs de Bend Studio ont travaillé durant les deux dernières années afin de faire regagner à Days Gone ses lettres de noblesse. Le pari a-t-il été payant et Days Gone est-il devenu un jeu de la trempe des autres créations éditées par Sony ?
- Genre : Action-Adventure
- Date de sortie : 18 Mai 2021
- Plateforme : PC, PS4
- Développeur : Bend Studio
- Éditeur : Sony Interactive Entertainment
- Prix : 49,99€ disponible sur Steam
- Testé sur : PC
Tout pour le club
Pour les joueurs qui ne se seraient pas intéressés au jeu en 2019, voici un rapide résumé de l'Histoire. Dans Days Gone, vous incarnez Deakon St. John, un ancien motard membre du club des Mongrels, tentant de survire depuis deux ans avec son Sergent d'armes William Boozemann, alors que la planète vit une épidémie d'un virus très virulent qui transforme tous ses hôtes en mutants. Vous suivrez les péripéties de Deacon qui devra s'occuper seul de son campement après que son acolyte s'est fait brûler les bras par un gang ennemi. Vous suivrez également son cheminement dans le deuil de sa femme, disparue depuis le début de l'épidémie. Vous allez mener parallèlement une enquête afin de découvrir ce qui lui est arrivé et, ce faisant, vous en apprendrez plus sur l'univers qui vous entoure et sur les enjeux du monde de Days Gone.
Bien que le contexte post-apocalyptique de l'histoire soit extrêmement générique, nous devons bien avouer que nous faisons face à un univers tout ce qu'il y a de plus cohérent, que ce soit via son open-world extrêmement vivant ou par les enjeux que Days Gone soulève avec une relative maturité, nous pouvons cependant déplorer une écriture extrêmement basique et le joueur fera régulièrement face à des scènes tout ce qu'il y a de plus cliché dans une histoire du genre. D'autant plus que les personnages ne bénéficient pas de répliques spécialement bien écrites, ce qui les amènera régulièrement à se contredire entre deux cinématiques et ne manquera pas de ruiner l'immersion. Malgré cela, l'authenticité des dialogues ne manquera pas de faire s'attacher le joueur aux personnages principaux jusqu'à vouloir à tout prix connaître la suite de leurs aventures. La cadence de l'histoire est, quant à elle, plutôt bien rythmée, et ne manquera pas de tenir le joueur en haleine durant les 30 heures que dure la campagne principale, pour peu qu'il se concentre sur celle-ci. Assez loin des longueurs habituelles pour un jeu du genre, Days Gone ne manque tout de même pas de longues phases de dialogues inutiles qui viendront casser la progression du joueur.
On the Road again
Days Gone propose un Gameplay lui aussi fort générique malgré les promesses qu'il tenait. En effet, tout en étant un open world qui est certainement le genre les plus classique pour un triple A actuel, le jeu est essentiellement constitué de phases de tir dont la jouabilité n'as rien de transcendant et semble tout simplement vue et revue. Cependant, il ne faut pas omettre la maîtrise incontestable de Bend Studio sur son monde ouvert qui est géré de manière impeccable. Sa taille, tout d'abord, semble idéale. En effet, la carte est juste assez grande pour ne jamais se sentir à l'étroit, tout en ne l'étant pas trop, ce qui permet au joueur de ne pas se sentir perdu et d'avoir la capacité de retenir l'emplacement des lieux les plus importants. De plus, le monde extrêmement vivant et cohérent sert à coup sûr le gameplay. En effet, il ne sera pas rare de devoir protéger un campement d'une attaque ennemie impromptue ou encore de se faire prendre en embuscade par des maraudeurs qui campent dans des endroits stratégiques telles que les stations essences. Ces divers éléments font en sorte que le joueur ne se sentira jamais réellement en sécurité en extérieur, tout en étant assez logique pour que le joueur puisse arriver à les anticiper et à prendre petit à petit le contrôle de son univers.
Un autre élément principal du gameplay de Days Gone est la conduite et la gestion de sa moto. Avec sa maniabilité très arcade et tout sauf naturelle, le véhicule de Deacon aura une certaine tendance à détonner avec la cohérence qu'essaye de se donner le jeu. Il faut cependant noter que le feeling de conduite reste plus qu'agréable et les longues balades en moto en deviennent un réel plaisir. Nous pouvons également noter que les différentes améliorations du véhicule, bien que peu nombreuses, améliorent réellement le confort de conduite.
Malgré de très bons points forts, Days Gone n'est pas exempt de défauts tout aussi grands. Un de ceux-ci n'est autre que la qualité des missions, principales comme secondaires, qui, bien que justifiées par le scénario, se résument bien souvent à aller chercher un objet, à enquêter sur un lieu ou encore à attaquer une cible. Malgré quelques passages d'anthologie, ce manque de renouveau dans les quêtes lassera sans doute très vite les joueurs s'intéressant moins à l'histoire qu'au gameplay.
Un autre attrait majeur est son système de hordes. Celui-ci, bien qu'assez simple en substance, reste néanmoins efficace. En effet, à divers endroits sur la carte, vous trouverez des amas de plusieurs dizaines voire centaines de zombies. L'idée est extrêmement intéressante, et on ne peut nier que voir s'afficher un si grand nombre d'entités sur l'écran est réellement impressionnant. On regrettera cependant le manque de diversité dans la manière d'aborder ces combats. En effet, mis à part avec des explosifs, il n'y a aucun moyen viable d'aborder ceux-ci. Or, ces hordes étant une menace commune à tous les habitants de la région du jeu, la possibilité de recruter des personnages pour les affronter aurait semblé cohérente.
Pour en finir avec le gameplay, nous ne pouvons passer à côté de l'intelligence artificielle extrêmement inégale du jeu. En effet, les ennemis aborderont les fusillades de manière très sensée en tentant de vous contourner et ne feront aucunement "la file" en attendant de vous frapper, comme cela a déjà été trop vu dans des jeux du genre. Nous déplorerons cependant l'intelligence des adversaires lors des phases d'infiltration, ceux-ci étant à la limite de la cécité et ne voyant rien à plus de quelques mètres devant eux.
Un esthétisme en tout point
S'il est une chose que l'on ne peut reprocher à Days Gone, c'est sa qualité graphique sublime qui n'a pas (encore) pris une seule ride. La qualité des animations faciales et corporelles des personnages les rend d'autant plus humains, ce qui nous pousse à nous attacher à eux. Le naturel incroyable de Deacon a même tendance à faire oublier au joueur qu'il joue à un jeu en proposant ce qui se rapproche le plus du cinéma. Malheureusement, le doublage français très inégal et pas toujours très cohérent avec les actions en cours détonne fortement avec la qualité graphique du titre. Nous pouvons également noter un très gros travail de la gestion de la lumière opéré par le studio depuis la version PS4, ce qui rend le monde d'autant plus organique. Il faut cependant noter que, malgré cela, un défaut majeur du titre en 2019 est toujours présent. Il s'agit du long chargement des textures qui engendre l'apparition de polygones très peu attrayants en cours de partie. Nous regretterons également de nombreux bugs d'animations qui, espérons-le, seront très vite patchés. Il faut également noter que, la distance d'affichage étant assez réduite, il n'est pas rare de voir apparaître des éléments du décor en plein milieu de son écran.
Faire péter le moteur
C'est certainement au niveau technique que Days Gone a le plus déçu ses joueurs en 2019. En effet, les limitations de la PS4 empêchaient le jeu de tourner correctement, et ce, notamment lors des combats contre les hordes durant lesquels le taux d'images par seconde descendait drastiquement. Les joueurs peuvent sans aucun doute se rassurer, car la version PC de Days Gone est extrêmement stable et tient sans souci le coup, même durant les phases d'action les plus intenses. Ce travail de gestion des ressources du jeu sert à coup sûr l'expérience utilisateur, l'arrivée d'une horde de zombies vers son joueur étant d'autant plus impressionnante quand le jeu ne descend pas à 30 images par seconde. D'un autre côté, la physique tant décriée et peu réaliste du jeu est tout aussi mauvaise. Bien qu'il soit compréhensible que les développeurs n'aient pas pu se permettre, en deux ans, de retravailler le moteur du jeu, il aurait tout de même été intéressant de s'y pencher un peu plus afin d'éviter des situations parfois très embarrassantes.
De plus, il est important de noter que le Pathfinding de tous les PNJ n'est pas forcément le plus efficace et, bien que cela soit loin d'être régulier, il arrive quelques fois que des ennemis ou des alliés se bloquent dans les murs, empêchant même parfois la progression dans le jeu. Enfin, nous déplorerons également le fait que le jeu manque de détails de finition, ce qui est souvent assez frustrant. Nous pouvons par exemple parler du fait que Deacon n'a aucune animation lorsqu'il allume sa lampe de poche, ce qui fait que la lumière de celle-ci provient de nulle part. Cela peut être d'autant plus rageant lorsqu'on sait que le studio a pourtant travaillé sur des détails bien plus infimes, comme le fait que les pupilles du héros se dilatent ou non en fonction de la luminosité.
Un portage digne d'intérêt ?
Malgré les qualités et les défauts intrinsèques du jeu, ce qu'il faut avant tout prendre en compte, c'est la qualité de son portage vers le PC. Sur ce point, il faut bien avouer que, malgré un peaufinage technique non négligeable, ce portage n'est pas forcément à la hauteur des deux ans qui lui ont été accordés et de nombreux gros soucis techniques présents dès la sortie du jeu n'ont toujours pas été corrigés. Il faut cependant nuancer le tout, car l'expérience de Days Gone sur PC reste clairement au-dessus de celle sur PS4, ne serait-ce que par sa stabilité et son update graphique. Bien qu'il y ait peu d'intérêt à reprendre le jeu sur Steam pour un joueur qui l'aurait déjà fait sur console, il s'agit sans nul doute d'une très bonne porte d'entrée sur la licence pour ceux qui n'ont pas eu la possibilité d'y jouer il y a deux ans. Ce portage est sans aucun doute ce qu'il fallait à Days Gone pour passer du stade d'open world tue le temps classique à celui d'expérience mémorable.
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