Le hit de 2002 de Illusion Software, Mafia: The City of Lost Heaven, voit enfin son remake rejoindre et clore la trilogie Definitive Edition confiée aux bons soins de Hangar 13 aux éditions 2K, qui vous permet de vivre une vie de gangster américain au cours de trois époques différentes (années 30, années 40 et fin des années 60). Mafia II Definitive Edition et Mafia III Definitive Edition, tous deux avec l'intégralité des DLC des jeux originaux, étaient en effet sortis dès l'annonce parue en mai 2020. Mais comme Mafia Definitive Edition s'avère être un véritable remake et non un simple remaster comme les deux autres, il a fallu patienter un peu plus longtemps, d'autant plus qu'une certaine crise sanitaire est venue retarder un peu les choses. Mais l'attente est désormais terminée et Tommy Angelo fait donc enfin son grand retour dans les rues de Lost Heaven.
- Genre : action-aventure
- Date de sortie : 25 septembre 2020
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One, Stadia
- Développeur : Hangar 13
- Éditeur : 2K Games
- Prix : 39,99€ disponible sur Amazon, également inclus dans Mafia Trilogy (59,99€)
- Testé sur : PC
Tom le taxi, il va de partout
Lost Heaven, Illinois, 1938. Si Thomas Angelo semble décidé à se confier à l'inspecteur Norman, ce n'est pas pour trahir ses amis ni même pour sauver sa vie, mais davantage pour protéger sa femme et sa fille qu'il sait menacées. Et pour comprendre comment il en est arrivé là, il faut remonter 8 ans en arrière, en 1930. À l'époque, il n'est qu'un simple chauffeur de taxi de nuit qui effectue des courses pour quelques dollars et qui a bien du mal à joindre les deux bouts alors que la Grande Dépression frappe l'Amérique. Un soir, il se trouve par hasard sur la route de Paulie Lombardo et Sam Trapani, deux malfrats en pleine course poursuite dans une guerre des gangs ayant tourné en leur défaveur.
Lorsque ceux-ci se réfugient dans son taxi et le chargent de les tirer de cette mauvaise passe, il ne le sait pas encore, mais sa vie vient de basculer. Don Salieri, le mafieux pour lequel ils travaillent, le remercie grassement avec une enveloppe bien remplie et tout semble devoir s'arrêter là. Tommy ne souhaite en effet pas être mêlé à des affaires dangereuses ni devenir un criminel. Mais les gars de Don Morello, l'autre clan concurrent, lui mettent la main dessus, le tabassent et saccagent son taxi pour avoir aidé Salieri. Contraint de prendre la fuite, il se réfugie alors au bar de ce dernier pour y être protégé.
Fort remonté contre ses agresseurs, Tommy décide alors de se venger, aidé de Paulie, et rentre alors dans un cercle vicieux. Don Salieri le fait ainsi rapidement entrer dans la famille et le charge de petits boulots simples pour commencer. Mais la prohibition imposée par Hoover permet de profiter de nombreuses opportunités lucratives et Tommy se laisse séduire par les avantages que lui offre la vie de gangster. Peu à peu, il gravit les échelons et se fait un nom dans le milieu, même si régulièrement sa conscience le rappelle à l'ordre, le poussant parfois à commettre quelques écarts aux règles strictes de la cosa nostra.
Mais il est désormais trop tard et il ne peut plus faire machine arrière pour redevenir un simple chauffeur de taxi. Il va donc participer avec ses nouveaux amis à de multiples activités illégales (trafic d'alcool, courses truquées, racket, jeux de cartes, corruption, ...) et prendre ainsi part à la lutte de la famille Salieri contre la famille Morello pour le contrôle de la ville, une lutte qui finira par les mener à une guerre ouverte. À côté de cela, c'est aussi au sein de son clan qu'il rencontrera Sarah avec qui il fondera une autre sorte de famille. Reste à voir laquelle sera la plus chère à ses yeux, chacune espérant fortement passer avant l'autre.
Un air de famille
Au-delà d'un scénario bien ficelé, le moins que l'on puisse dire de Mafia Definitive Edition, c'est qu'il sait créer une ambiance digne des meilleurs films de gangsters. Qu'il s'agisse des scènes cinématiques ou des phases de jeu, tout est mis en place pour créer une atmosphère adaptée à la situation, que ce soit l'immersion dans une ville américaine typique des années 30 avec ses costumes, ses voitures et ses mafieux et autres hommes politiques corrompus, ou les orages qui débarquent au mauvais moment et rajoutent encore plus de complications à des situations déjà critiques. De plus, les continuels échanges verbaux entre les personnages savent aussi mettre en condition. Cette nouvelle version de Mafia a d'ailleurs été mise à jour avec de nouveaux dialogues, un background plus riche, des séquences de jeu et des cinématiques supplémentaires pour encore plus accentuer l'immersion.
Mafia, rappelons-le, est en effet avant tout conçu pour être un récit avec de nombreux personnages bien développés, à commencer par l'équipe de Salieri : Don Salieri, bien sûr, mais aussi Paulie et Sam, sans oublier Ralph, le mécano bègue, Vincenzo l'armurier et Franck le comptable. Sachant que le tout a été repris à zéro par Hangar 13 en exploitant le moteur de Mafia III, on obtient en plus un résultat à la qualité graphique indéniable avec des jeux de lumière et autres réflexions du plus bel effet. Si graphiquement le jeu ne tient tout de même pas lieu de vitrine technologique, il s'inscrit nettement dans les meilleurs standards actuels. Hormis quelques façades de bâtiments un peu trop grossières, le reste est globalement assez détaillé, avec une mention particulière décernée aux cinématiques et aux personnages principaux.
Les animations ne sont pas non plus en reste, notamment les animations faciales qui donnent beaucoup de vie aux personnages. La ville, avec ses 9 quartiers, auxquels il faut aussi rajouter la campagne environnante, est également bien vivante. Comparativement à d'autres jeux du genre, on est toutefois habitué aujourd'hui à des cartes bien plus grandes. En revanche, si vous cherchez un monde ouvert, vous serez sans doute frustré car l'histoire principale vous laisse peu de liberté d'action. Si vous vous éloignez trop de votre objectif de mission, vous serez rappelé à l'ordre et devrez retourner rapidement là où vous devez être. De la même manière, le scénario fermera les portes inutiles ou bloquera certains passages avec des objets ou des personnages, et impossible de frapper quelqu'un ou de sortir son arme si cela n'est pas prévu. En revanche, le mode libre, débloqué après la première mission, vous donnera la liberté d'action que vous recherchez, en dehors de la trame principale.
Sur le plan sonore, nous sommes aussi là face à du grand art. Non seulement les bruitages sont réussis et détaillés (bien vu le petit couinement du camion lors des secousses), mais la BO qui accompagne le jeu, elle aussi entièrement réenregistrée, nous replonge bien dans les années 30 à grands coups de Duke Ellington, Cab Calloway, Django Reinhardt ou encore Lionel Hampton. Dommage que la radio ne compte que deux chaînes par contre. Quant aux doublages, entièrement en français, y compris pour les passants lambda, ils sont justes parfaitement dosés. Les voix de tous les personnages ont été réenregistrées et l'on ne peut que saluer l'excellent travail des acteurs. Nous déplorerons seulement quelques soucis parfois de synchronisation labiale, ainsi que des répliques qui se répètent au prix d'une crédibilité des personnages mise à mal, ainsi que l'absence de doublage français pour les chroniqueurs radio qui commentent pourtant l'actualité en lien avec l'évolution de l'histoire.
L’omerta, c'est plus fort que toi
Techniquement, le jeu tourne en tout cas sans problème majeur, si ce n'est quelques bugs épars relatifs aux PNJ qui vont parfois rester bloqués à marcher contre un poteau par exemple, ou un ennemi resté figé en pleine chute après avoir été tué. Par contre, entrer en contact avec les PNJ ne semble leur faire ni chaud ni froid, on se contente de glisser dessus, et les véhicules percutés peuvent parfois faire des envolées véritablement exagérées alors que les accidents n'auront que peu d'impact, y compris en moto où l'on ne perd même pas l'équilibre à moins d'une franche percussion faciale. Le jeu prévoit toutefois 4 niveaux de difficulté avec la possibilité d'opter pour une simulation de la conduite. C'est notamment le cas dans le tout nouveau mode de difficulté "Classique" qui apporte non seulement plus de difficulté et moins d'aide comme l'absence de GPS, mais rajoute aussi la perte des munitions restant dans le chargeur lors du rechargement des armes, ainsi que la réaction de la police face aux infractions au code de la route. L'objectif est ici de se rapprocher de l'expérience originale de 2002, plus réaliste et donc plus difficile.
Outre la trame du jeu, ce sont aussi ses scènes d'action qui ont fait son succès et nous retrouvons bien entendu celles-ci dans cette nouvelle mouture avec des mécaniques de gameplay revues et corrigées pour correspondre aux habitudes de jeu d'aujourd'hui. Et il est vrai qu'à aucun moment donné, que ce soit au niveau graphique ou du gameplay, nous n'avons eu la sensation d'être devant un jeu qui fêtera bientôt ses 20 ans. L'expérience est ici délibérément et efficacement rythmée, alternant cinématiques et phases d'action au gameplay varié. Les gunfights sont bien entendu au rendez-vous avec différentes armes d'époque et mise à couvert indispensable pour ne pas faire chuter trop vite notre petite barre de vie, mais il faudra aussi compter sur les combats au corps-à-corps, que ce soit à mains nues, au couteau, à la batte de base-ball ou autre objet contondant. Nous retrouvons aussi les célèbres scènes de course-poursuite, que ce soit à pied, en voiture, en camion ou même en moto, où nous serons tour à tour conducteur ou tireur chargé d'éliminer les poursuivants, voire même un avion. Des phases plus calmes de conduite dans les rues de Lost Heaven sont enfin l'occasion de faire retomber un peu la tension, tout comme les missions de filature ou d'infiltration.
Les 20 chapitres que compte désormais le titre nous emmènent tour à tour en ville ou en campagne, au sein de diverses habitations ou dans leurs jardins, dans une ferme, sur un circuit de course automobile, dans un bordel puis dans une église, à bord d'un bateau, à travers des égouts, dans l'ancienne prison squattée de Lost heaven, sur les docks, au musée, ... Là aussi, on retrouve donc beaucoup de variété durant les 10 à 12 heures au cours desquelles s'étale l'histoire principale. Ce n'est pas très long et l'on aurait clairement aimé poursuivre l'aventure, mais tout ne s'arrête pas forcément là puisqu'il y reste le mode libre à notre disposition, bien qu'en l'absence de dialogues et de personnages pour nous accompagner, on se sent alors un peu seul. C'est par contre l'occasion de compléter notre collection de véhicules parmi lesquels, rappelons-le, se trouvent non seulement des voitures, des camions et des bus, mais aussi des motos. Hormis ces dernières au niveau des collisions, le comportement des véhicules est plaisante et tout à fait crédible, même en dehors du mode simulation. On notera d'ailleurs ici la présence de rues élargies pour rendre la conduite plus agréable.
C'est en explorant la ville que l'on pourra également trouver les objets collectibles qu'il nous manque (des magazines, des cartes postales de la ville et des cartes à l'effigie des gangsters de Lost Heaven mais aussi d'Empire Bay et de New Bordeaux, mais pas de Playboy ici), ainsi que les bonus cachés (des statuettes de la mascotte de Hangar 13). Il est également possible de revêtir les diverses tenues de Tommy en accédant à la garde-robe à l'étage du bar de Don Salieri, où se trouve également le garage où sont entreposés les véhicules débloqués, et d'essayer les différentes armes à se procurer à l'armurerie. On se retrouve alors véritablement en monde ouvert avec la possibilité d'expérimenter ce que l'on veut sans objectif de mission, ce qui permet au passage de se débarrasser d'une interface un peu trop envahissante, tout particulièrement les indicateurs bien trop imposants flottant au-dessus des personnages à suivre ou représentant l'objectif à atteindre.
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