Sorti en 2016 sur PS4, Persona 5 avait été très bien reçu, y compris chez nous, avec sa joyeuse bande de Phantom Thieves qui volent les cœurs. Après de nombreux spin-off, Atlus nous propose de redécouvrir le jeu complet, avec une version peaufinée, enrichie et rallongée nommée Persona 5 Royal. Chose étonnante de nos jours, ils ne proposent la chose que sous la forme d'un nouveau jeu complet. Les possesseurs du jeu de base auront à acheter la nouvelle version au tarif plein s'ils veulent découvrir les nouveautés. Si on y ajoute le fait de devoir en plus passer à la caisse et acheter des DLC pour bénéficier de tout le contenu, cela explique que nous ayons été sévère sur la note. Malgré tout cela, nous allons voir en quoi cela reste un jeu fantastique qui mérite le détour. Nous allons aussi nous concentrer sur les nouveautés, ainsi vous pouvez en apprendre davantage sur le jeu de base dans notre test de Persona 5 (2017).
- Genre : J-RPG
- Date de sortie : 31 mars 2020
- Plateforme : PS4
- Développeur : Atlus, P Studio
- Éditeur : Atlus, Sega
- Prix : 59,99€ disponible sur Amazon
- Testé sur : PS4 Pro
Persona non grata
P5R démarre exactement de la même manière que le jeu d'origine, mais Atlus n'a pas manqué d'ajouter quelques touches de nouveauté, et des aperçus des nouvelles intrigues et personnages dès l'introduction. Le studio est visiblement conscient que les vétérans du premier jeu n'allaient pas attendre plus de 70h pour découvrir la nouvelle histoire introduite par Royal. Si dans les grandes lignes, les événements et péripéties de notre groupe d'ados en latex fans d'activités illégales nocturnes restent inchangées, de nouveaux événements ainsi que des surprises permettent de briser la monotonie. Pour les nouveaux joueurs, l'histoire est simplement plus riche que jamais. Kasumi la gymnaste et Takuto sont introduits d'une façon assez naturelle dans l'histoire, sans qu'ils aient à marcher sur les plates-bandes d'un casting déjà bien chargé.
Pour ceux qui connaissent la fin de Persona 5, l'introduction d'un nouvel arc et d'un nouveau palais après le grand final peut sembler difficile. Mais grâce aux retouches apportées à l'histoire, ainsi qu'aux nouveaux personnages, cela en devient une suite logique, et même une meilleure conclusion. En effet, loin de simplement jeter un nouvel obstacle sur le chemin de notre petit groupe, ce trimestre et ce donjon additionnels approfondissent l'analyse du thème central de l'histoire. Le nouveau contenu permet aussi d'approfondir la réflexion sur les actes des personnages. Les bonnes questions sont posées, sur des thèmes lourds, en plus de la justice, nous avons aussi la souffrance et la façon de l'aborder. Il y a une forme de remise en question des idéaux des personnages, sans que cela ne devienne pompeux ou trop lourd. N'espérez juste pas une réflexion philosophique approfondie.
Dancing all night
Une des spécificités de la série Persona est la gestion de votre temps libre, d'une façon similaire à celles des jeux de drague japonais (chose que Persona est, en un sens). Vous pouvez livrer une sorte de course contre le calendrier afin d'établir des liens, ou de séduire un maximum de personnes clés durant votre année scolaire, tout en améliorant vos caractéristiques comme le charme, le courage et la connaissance afin de réussir vos examens, par exemple. Heureusement, afin de pouvoir faire connaissance avec les nouveaux confidents, de pouvoir explorer de nouveaux quartiers à Tokyo et de participer à de nouvelles activités, des astuces assez subtiles ont été trouvées afin d'accélérer les choses, comme les coups de téléphone qui permettent de gagner en relation plus rapidement.
D'un côté, il est moins difficile qu'auparavant de socialiser, et de l'autre, il y a bien plus à faire. On ne se retrouve plus bloqué sans aucune option. Vous pouvez toujours faire de la musculation dans votre chambre ou au gymnase afin d'augmenter votre vie maximale, tout en vous gavant de protéines, ce qui sera fort utile au combat dans le métaverse. Vous pouvez aussi inviter votre petit groupe à une partie de fléchettes, voire de billard, ce qui aura des effets perceptible sur le travail d'équipe au combat. C'est bien vu, et ces activités sont nettement plus amusantes que la pêche et les cages de batteur, qui elles, restent aussi sympathique qu'un rendez-vous chez le dentiste. Les Casanovas en herbe disposeront aussi de plus de destinations pour l'(ou les) élue(s) de leur cœur, que ce soit l'aquarium, le parc d’attraction ou le club de Jazz, avec des bonus de statistiques en prime. Si vous aimez cette facette du gameplay, sachez qu'elle est meilleure que jamais, et on est parfois tenté de charger une sauvegarde afin de découvrir ce que donne un événement spécifique avec une autre confidente.
C'est personnel à présent
Comme mentionné plus haut, la barrière de la langue a toujours été élevée pour entrer dans la série Persona. Une centaine d'heure de jeu, des milliers de lignes de dialogue et de très nombreux choix de réponse ayant un impact sur la progression avec les confidents n'est pas quelque chose que tout le monde est prêt à affronter en anglais. Bien que les doublages ne soient disponibles qu'en Japonais et en Anglais, pour la première fois, un des jeux a été traduit en français, entre autres. Ce ne fut probablement pas une mince affaire vu la quantité de texte. Nous devons tirer notre chapeau à l'équipe de traduction qui s'en est très bien tirée avec l'argot et les expressions françaises, ainsi que le langage souvent particulier et vulgaire que peut avoir un groupe de jeunes (pour ce que nous pouvons en juger). Le réalisme en est presque troublant.
Il est dommage qu'on remarque encore ici et là des petits problèmes, comme des espaces oubliés, ou du texte qui sort d'une bulle de dialogue par exemple. Les nombreuses questions posées par les professeurs et lors des examens n'ont pas non plus été localisées. C'est un peu embarrassant lorsqu'on attend de vous que vous connaissiez les détails de l'histoire de Minamoto no Yoshitsune. Il faudra ouvrir Wikipedia en parallèle si vous souhaitez une bonne note. Les mots croisés que propose aussi régulièrement le jeu sont très souvent tordus. Heureusement, ce ne sont que des écueils mineurs qu'on excuse en partie, car ils demandent une localisation bien plus approfondie.
Memento mori
Le système de combat n'a pas non plus été oublié, bien au contraire. Vous n'êtes plus enchaîné à l'habituel système de faiblesses et de résistance des personas à présent. Des combos "Techniques" peuvent à présent être réalisés, ce qui offre d'autres approches lors des affrontements, tant pour vos ennemis que pour vous-même. Si un ennemi n'a aucune faiblesse, vous pouvez tout de même le rendre provisoirement amnésique, puis frapper son esprit d'une attaque psy, ce qui le mettra à terre. Ou alors, vous pouvez l'enflammer, et aviver les flammes avec une attaque de vent. Il y a des dizaines d’interactions du genre, qui brillent d'autant plus avec la nouvelle version du système de transfert (baton pass) entre vos coéquipiers. Un combat peut être quasiment impossible à gagner par la force brute, mais en planifiant bien l'enchaînement d'actions des voleurs, qui effectuent littéralement un relais, cela se transforme en brillante victoire, d'une facilité déconcertante. Afin d'exploiter pleinement la chose, certains boss gagnent de nouvelles phases et de nouvelles capacités. D'autres ajouts mineurs mais qui sont clairement dans l'esprit de la licence, comme les ombres calamiteuses et les attaques combos spéciales donnent une touche de fraîcheur supplémentaire.
Les palais non plus ne sont pas en reste. Joker est à présent capable de faire usage d'un grappin. Les niveaux gagnent donc en verticalité, avec de nombreux secrets à découvrir dans des zones auparavant inexplorées. Encore une chose qui aide à faire passer la pilule pour ceux qui ont déjà terminé une fois le jeu. Le mementos n'est pas non plus oublié, ce titanesque labyrinthe souterrain a droit à quelques événements aléatoires pour briser un peu la monotonie des lieux. De plus, un étrange personnage fan de cartes à tampon et de boissons fleuries vous proposera d'améliorer la rentabilité du farming en ces lieux.
Ce n'est pas encore parfait, et on a tout de même tendance à s'ennuyer pendant qu'on roule sur les ennemis, tant littéralement que figurativement. Mais c'est tout de même une amélioration notable par rapport à la version du jeu de base. En plus des discussions mondaines de vos passagers, vous pourrez surveiller les "alarmes" de la chambre de velours. Cet événement spécial va amplifier toutes les fonctionnalités de cet élément récurent de la série, ce qui en fait le moment idéal pour créer des personas surpuissantes. Mais en contrepartie, vous avez de grandes chances que le résultat soit aléatoire après la première fois. Il est dommage qu'une partie du contenu des lieux soit verrouillé et qu'il faille à nouveau sortir la carte bleue si vous souhaitez participer à la majorité des défis de combat proposés. Certaines personas sont aussi exclusives aux DLC. Il est révoltant de voir du contenu coupé de cette manière, mais au moins, cela reste secondaire, et on peut tout à fait s'en passer.
Tout ces éléments font que la phase combat et aventure du jeu est plus riche et amusante que jamais. Et les experts pourront se frotter au nouveau mode de difficulté Impossible afin de vraiment les exploiter, du moins au départ. Tous les gains de puissance, les nouvelles options et le farming dans le mementos plus facile que jamais font qu'on peut se retrouver avec des personnages bien plus puissants qu'ils ne le devraient. Si les 2 premiers donjons sont effectivement très difficiles, la suite finit par devenir triviale à moins de s'imposer des limitations artificielles, ce qui est dommage. Pour finir, un mode planque des voleurs a été introduit. Il sert de gigantesque galerie pour afficher vos succès et exploits. Néanmoins, il est probable que seuls les grands collectionneurs qui ont l'intention de refaire le jeu plusieurs fois lui trouveront un quelconque intérêt.
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