N'avez-vous jamais eu envie d'en savoir un peu plus sur celui qui vient de casser trois Coréens coup sur coup ? Celui dont le nom apparaît régulièrement dans la liste des forces en présence pour un tournoi, mais sur lequel il n'y a pas moyen de mettre ne serait-ce qu'un visage ?
Millenium vous propose chaque semaine de mettre sous les projecteurs des joueurs foreigners qui n'ont pas forcément toujours eu la chance d'être au centre des attentions, et pour lesquels les noms (ou en tout cas les pseudos) ne nous sont pas inconnus.
Étoile montante ou joueur confirmé, découvrez avec nous un petit bout de leur parcours, qui vraisemblablement ne sera pour ces joueurs, que le début de leur histoire ...
Bosseur, charmant, doué, le joueur Zerg Snute n'a semble-t-il aucun défaut. Adepte de l'Essaimeur hier, il doit aujourd'hui faire sans tant l'unité a subi les foudres de la communauté, et les coups de burins de l'équipe de développement de chez Blizzard. Globalement reconnu meilleur foreigner de l'ère post-Stephano et après la retraite de NaNiwa, le Norvégien représente l'un des derniers espoirs contre la toute-puissance coréenne avec son teammate Bunny.
Zoom sur une carrière et entrevue avec l'un des (le ?) meilleurs joueurs hors-Corée.
Nom : Aasgaard Prénom : Jens Pseudonyme : Snute Date de naissance : 28 juillet 1990 Pays : Norvège Race : Zerg Équipe actuelle : Team Liquid Anciennes équipes : - Gamers League Lien : |
Dès l'âge de 12 ans, Jens « Snute » Aasgaard mettra les pieds dans la compétition de jeux vidéo par l'intermédiaire de son frère, sur le jeu de danse Dance Dance Revolution. Plus qu'une passion, il en deviendra même champion national en 2004, avant de définitivement troquer le tapis de danse pour le tapis de souris grâce avec la sortie de StarCraft II.
Le minot Jens en 2004
Initié sur Brood War par l'un de ses amis, la bascule se fera aisément et son ami et teammate chez GamersLeague, RiChY, l'accompagnera au début de sa carrière lancé par le duo qu'il forme avec lui en compétition en 2v2. On le sait le 2v2 ça va un temps, et Snute (pseudo dont il ne se rappelle pas l'origine) commence de plus en plus à se faire la main en un contre un en tournois en ligne comme hors ligne. C'est en particulier en 2011 d'abord lors de l'ESWC où il se qualifiera pour son pays (sans grand résultat), mais surtout lors des WCG que le joueur Zerg va alors se faire remarquer. Dans son groupe de six joueurs, où il retrouvera notamment MorroW et HuK, il terminera deuxième, soit la dernière place qualificative pour l'arbre final. En Ro16 il tombera face au futur médaillé d'argent, le Chinois XiGua.
Le train est désormais en marche et Snute, toujours chez GamersLeague, fait le choix de passer à plein-temps en 2012. Choix qui lui ouvrira les portes du succès puisqu'après trois secondes places consécutives en tournois (Campus Party Europe, Acer StarCraft Challenge puis THOR Open 2012), le Norvégien remporte son premier et dernier titre majeur en date sur StarCraft II lors de la HomeStory Cup VI à la fin de l'année, écrasant Symbol en finale 4 à 0.
Désormais, Snute est reconnu comme l'un des meilleurs Zergs européens aux côtés de Stephano, VortiX, TLO et consorts. Il était évident que son avenir ne se ferait plus très longtemps chez les modestes GamersLeague, et le coup de filet fut officialisé par Team Liquid dès janvier 2013, soit un mois après la victoire du joueur norvégien en HomeStory Cup.
Avec la mise en retrait de Stephano (officialisée en août 2013), Snute a depuis été en lutte constante avec VortiX au titre de meilleur joueur Zerg jusqu'à ce que ce dernier arrête lui aussi sa carrière à la fin de l'année 2014, année qui a vu NaNiwa également quitter la scène. Aujourd'hui, Bunny et lui sont régulièrement couronnés officieusement du titre de meilleur foreigner, en fonction de la forme du moment. Travailleur acharné, Snute a pendant des années vécu au rythme des tournois internationaux et des voyages qui en découlent. Il le dit lui-même, jouer 12h par jour ne le dérange pas, il a choisi cette voie et c'est ainsi qu'il progresse, se remettant en question à la suite de séries de défaites ponctuées par d'intenses phases de réflexion. Prendre du recul, analyser, réfléchir et try hard, c'est ainsi que Snute fonctionne, et avance, mais à quel prix ?
Qui mieux que l'intéressé pour nous permettre d'en savoir plus ? Nous avons eu la chance de poser quelques questions à Snute. Après cela, il n'aura plus de secret pour vous !
Des débuts ... surprenants
[M] TinkeR : Pourrais-tu nous décrire tes premiers pas dans les jeux vidéo ? Quels sont ceux qui t’ont le plus marqué et comment es-tu arrivé sur StarCraft II ? J’ai cru comprendre que tu avais joué à Brood War.
Liquid_Snute : J’ai grandi comme le petit dernier de la famille et mes parents ont eu des ordinateurs assez tôt. J’ai commencé à jouer sur des jeux PC (DOS), sur la Super Nintendo, et j’en passe. Un ami en primaire, qui avait également un grand frère, m’a fait découvrir un jeu de stratégie qui s’appelait Dark Colony, et c’était vraiment cool comme jeu. Finalement on a commencé à jouer à Brood War, car c’était également un jeu de stratégie.
C’était rien de plus qu’une coïncidence, mais j’ai eu la chance d’avoir un grand frère qui était bon dans le domaine des ordinateurs et des jeux, ainsi qu’un ami qui avait lui aussi un grand frère de ce genre. J’ai joué beaucoup de 1vs1 en primaire, et pendant un mois quasiment tous les garçons et les filles de la classe y jouaient, donc quand StarCraft II est sorti, je me suis senti obligé d’essayer. Je ne jouais pas à Brood War tout le temps, ou de manière compétitive comme je peux le faire avec StarCraft II maintenant.
Etais-tu informé de l’existence du phénomène eSport durant ta période Brood War, et même au début de StarCraft II ?
Je me souviens être en train de faire cuire des pâtes à 11 ans environ, et me voir dire à mon père « en Corée ils ont des écoles où ils enseignent StarCraft, je veux aller dans ce genre d’école », mais ça n’était évidemment pas sérieux et je ne suis pas allé en Corée. Je crois que j’avais juste entendu ça par l’un de mes amis. Je ne savais pas vraiment qu’il y avait une scène professionnelle. Quand j’ai commencé à y jouer, je n’avais d’yeux que pour les autres joueurs norvégiens. Ils étaient vraiment très, très bons, et je n’étais qu’un gamin immature qui essayait de jouer à des jeux. Donc je n’ai jamais vraiment regardé au-delà de la Norvège de ce côté-là.
Je gagnais difficilement contre des joueurs norvégiens, donc je jouais plus ou moins souvent. Je ne connaissais pas grand-chose non plus de la scène StarCraft II. C’était mon ami RiChY, mon partenaire de 2vs2 et mon teammate chez GamersLeague, qui m’y a introduit. Nous sommes allés en Corée en vacances avant la sortie de StarCraft II pour voir les derniers moments avant que Brood War « s’arrête » si l’on peut dire. J’ai eu l’opportunité de voir des joueurs comme Jaedong, FanTaSy et Flash s’affronter sur des scènes Brood War. On a également joué des parties en iCCup dans des PC Bang. C’est vraiment un très bon souvenir.
Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait à cette époque. Je ne m’intéressais pas vraiment à la scène pro de StarCraft, à la Proleague ou aux sites de fans comme TeamLiquid.net. En tout cas pas autant que RiChY. Je voulais juste voir ce qu’était la Corée, la nourriture, et jouer quelques parties. Mais je pense que ce voyage a peut-être déclenché une certaine passion. Quand StarCraft II est sorti, c’est devenu à la fin 2010 plus qu’un hobby jusqu’à devenir mon métier en 2012.
En 2004, tu es devenu le champion de Norvège sur Dance Dance Revolution (ça m’a d’ailleurs fait halluciner :D), puis tu as commencé à faire du piano. Dans quelles mesures chacune de ces activités t’ont aidé dans ta carrière StarCraft II ? On compare par exemple souvent l’APM des progamers à ceux des pianistes.
C’est très difficile à dire. Je ne pense pas que mes talents dans Dance Dance Revolution m’ont influencé sur StarCraft de manière significative. Peut-être qu’on peut dire que j’ai été un peu plus habitué à la compétition. Je me souviens de l’un de mes premiers tournois hebdomadaires sur Dance Dance Revolution. J’étais très jeune, mon frère et moi jouions un tournoi dans un sous-sol d’Oslo. J’ai joué contre beaucoup de joueurs plus vieux et meilleurs que moi. J’ai été éliminé très rapidement et j’étais à deux doigts de pleurer. Après cette première fois, ça a été beaucoup mieux, j’ai pris l’habitude des compétitions, et gagné en mental.
Ça s’est fait naturellement, je n’y ai pas pensé énormément. Au bout d’un moment, j’ai atteint le stade où je ne jouais que pour le fun, et j’ai eu assez de chance pour être l’un des meilleurs. Mais j’étais aussi très paresseux et beaucoup de joueurs m’ont rattrapé rien qu’avec un peu d’entraînement. J’ai finalement arrêté, la scène norvégienne s’est quelque peu effondrée. Je me sentais très confiant à ce moment-là avec ce que j’avais accompli et grâce à mon talent. Mes parents m’ont beaucoup soutenu également. Mais une fois que la scène de ce genre de jeu en Norvège a décliné, j’ai perdu beaucoup de ma confiance.
Concernant le piano, j’ai pratiqué bien avant Dance Dance Revolution. Mes parents nous ont tous envoyés à l’éducation musicale dès le plus jeune âge. Je leur en suis très reconnaissant et la musique a été une partie très importante de ma vie. Mais encore une fois, j’étais très faignant et je n’ai jamais réussi à atteindre un haut niveau. J’ai eu beaucoup de mal à progresser au piano dans la vie de tous les jours, car je préférais être avec mes amis, ma petite amie, ou jouer aux jeux vidéo. Au sujet des APM, je n’étais pas très rapide et pas le meilleur en improvisation. Je ne sais pas si mes mécaniques au piano m’ont beaucoup aidé sur StarCraft II. Si je m’étais plus entraîné sur mes techniques de piano, je pense que j’aurai pu jouer plus rapidement.
Mon point fort c’était d’être très bon pour lire les notes et jouer des partitions. J’ai également participé à des concerts et joué des choses que mon professeur voulait que je joue. Je suppose que ça m’aide encore aujourd’hui, je réponds toujours présent et je joue beaucoup. Je crois que ça s’appelle être consciencieux. Ma méthode d’entraînement en elle-même n’était pas vraiment rigoureuse ceci dit, et j’ai vécu quelques performances décevantes à cause de mon manque d’entraînement. J’ai eu beaucoup d’opportunités pour jouer sur scène, et j’ai dû gérer mon stress de ce fait. Mais dans un sens, j’ai l’impression que ça ne m’a pas énormément aidé sur StarCraft II, mais je peux me tromper.
J’ai fait du piano et joué à Dance Dance Revolution devant du public. Mais j’ai tout de même perdu beaucoup en confiance avant et pendant mes années lycée, et j’ai oublié beaucoup de ce que j’avais appris. Mais la plus grande leçon que j’ai apprise du piano et de Dance Dance Revolution, c’est la puissance de l’entraînement volontaire. Après avoir échoué à devenir pianiste professionnel, j’ai gagné énormément en mental et en motivation pour jouer. Je suis plutôt curieux de savoir ce que ça donnerait si je revenais au piano maintenant que j’ai un mental différent.
Dans l'actualité
Revenons en 2015, tu es revenu de la DreamHack Tours qui s’est jouée ce week-end, comment as-tu trouvé l’événement comparé aux autres DreamHack auxquelles tu as participé auparavant ?
J’ai toujours eu un peu de mal avec les DreamHacks, mais celle de Tours était probablement celle que j’ai préférée. Je ne veux pas paraître blessant, mais de tous les tournois majeurs, en tant que joueur, les DreamHacks jusqu’au Ro8 n’ont pas la même âme qu’une HomeStory Cup ou même des IEM. Tous les joueurs sont installés sur une longue ligne assemblée, c’est un peu désordonné, ce n’est pas mon environnement préféré très honnêtement. Peut-être que je n’ai que des mauvais souvenirs des DreamHacks … héhé.
Tout n’est pas si mal. J’ai aimé être à Tours, le lieu était beaucoup plus adapté aux joueurs que pour les autres DreamHacks. C’était très paisible et propre, assez calme, il n’y avait pas trop de foule non plus. C’était également très sympa d’avoir ce parc à proximité, ainsi qu’une belle sélection de restaurants autour. J’ai beaucoup aimé. Les fans en France sont également très amicaux et très passionnés, ce n’était pas aussi dingue que les Nation Wars II, mais tout de même, les fans à Tours ont participé à faire de cet événement une très bonne expérience.
Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur ton parcours dans le tournoi ? De la phase de groupes jusqu’à ta défaite face à Harstem. Quelles étaient tes attentes ?
Dans mon groupe il y avait ForGG et également PtitDrogo. Quand j’ai vu que PtitDrogo était dans mon groupe, j’étais vraiment inquiet. Il est très bon et nous nous sommes beaucoup entraînés ensemble donc il me connait bien. Après les changements sur l’Essaimeur, j’étais un peu perdu dans le match-up. J’ai essayé de me préparer, mais je ne l’ai pas fait suffisamment. Je ne me sentais pas bien vis-à-vis de mon style de jeu et même si j’ai battu PtitDrogo, j’ai le sentiment d’être difficilement passé, car j’ai été chanceux. Se qualifier avec un score de 3-3 contre un joueur que tu as éliminé, ça fait toujours bizarre.
Après cela j’espérais avoir un meilleur bracket. Ça semble idiot, parce qu’en théorie j’ai eu un bracket plutôt facile comparé aux autres, le fait de ne pas avoir de Coréens, etc. J’étais content de tomber contre Verdi - j’ai un bon historique contre lui -, mais j’avais un peu peur du round suivant. Mon ZvP est un peu hésitant, et j’ai beaucoup perdu contre TargA récemment. Donc je ne m’attendais pas à faire un bon résultat. Mais ne vous méprenez pas, j’ai joué du mieux que j’ai pu et j’ai vraiment fait de mon mieux. Je ne me suis juste pas assez préparé avant le tournoi.
Je n’étais pas déçu de perdre contre Harstem, je l’ai mis sur le compte des Protoss et de mes propres difficultés en ZvP. Mais après avoir quitté Tours, j’ai eu un regain de motivation. J’ai vraiment eu envie de trouver une solution, et je pense que maintenant je suis sur de bons rails. Mon seul regret c’est de ne pas avoir réalisé à quel point mon ZvP était faible avant d’aller là-bas. J’étais un peu trop confiant à l’entraînement avant le tournoi et je ne me suis pas assez concentré sur mon ZvP.
Dans deux semaines se jouera ton groupe de Ro32 en WCS. Il ne semble pas que tu aies hérité du meilleur tirage avec Hydra, Lilbow et Kelazhur, en particulier sachant que dans une interview il y a quelques mois, tu disais redouter le ZvZ d’Hydra (peut-être cela a-t-il changé depuis). Comment évaluerais-tu tes chances, et quelles sont tes objectifs pour cette saison WCS ?
Je pense que le tirage est bon. Je pense que c’est l’un des groupes les plus serrés du Ro32, mais c’est comme ça. Lilbow est très talentueux, Hydra aussi. Kelazhur est dangereux, mais j'ai confiance en mon ZvT. Je n’ai pas peur du ZvZ d’Hydra, je pense qu’on se vaut. Tout le monde parlait de MorroW comme étant le premier joueur non-coréen à prendre un match à Hydra depuis longtemps, mais j’étais à quelque chose comme 7-0 en maps contre Hydra en Cup online Gfinity avant que ça n’arrive. Après cela, il a beaucoup progressé contre moi et a eu l’avantage depuis lors. Mais je suis fort en ZvZ, et je ne vois pas Hydra comme imprenable.
Ça va être un groupe très intéressant. Quant à mon objectif, je pense que mon niveau actuel devrait me permettre d’atteindre au moins le Ro8. Si je joue au meilleur de ma forme, je peux parvenir en finale et même gagner. Ce groupe de Ro32 va être dingue ceci dit et tout va dépendre de comment le premier match se déroule.
StarCraft II en général
Pour en revenir à StarCraft II plus globalement, as-tu essayé Legacy of the Void et que penses-tu de la bêta ? Penses-tu que cela sauvera StarCraft II du déclin ?
J’ai essayé un peu, mais les déséquilibres et le faible design des unités, ainsi que le lag omniprésent me gênent beaucoup trop. Je préfère vivre dans l’instant et m’amuser avec Heart of the Swarm pendant que c’est encore d’actualité. Je n’ai pas énormément d’opinions, les développeurs essaient beaucoup de choses bizarres et je ne sais pas si ce sera une bonne chose.
Concernant le fait de sauver StarCraft II de son déclin, je ne pense pas qu’il aille droit vers une régression de toute façon. StarCraft II ne sera jamais très gros en termes de popularité quand l’extension sortira, je pense, juste que tout va très bien pour le moment et Legacy of the Void ne changera pas énormément les choses. C’était également ce que je pensais pour Heart of the Swarm et ça s’est plutôt bien passé. StarCraft II est très constant et a des fans qui aiment se tenir au courant et apprécier le jeu, et font fi de l’importance des autres jeux eSports en comparaison.
Tu es membre de Team Liquid depuis plus de deux ans maintenant, quels genres de sacrifices as-tu dû faire pour en arriver là où tu es ?
Je ne sais pas si on peut appeler ça des sacrifices … J’ai quitté l’université, car je ne me sentais pas bien en cours. Je n’ai plus de petite amie, c’est quasiment impossible pour moi tant que je suis progamer, je suis vraiment sans espoir et je m’entraîne trop, ahah. En fait je sacrifie beaucoup de choses avec le temps uniquement en ne faisant « rien ». J’ai demandé à d’autres personnes impliquées dans StarCraft s’ils stopperaient leur relation s’ils pouvaient être l’un des meilleurs progamers, et ils m’ont tous répondu « non ». Mais ils sont également arrivés là où ils sont sans être un progamer qui a try hard comme moi je le fais aujourd’hui. Cela dépend de la situation dans laquelle tu es.
En Norvège, on glorifie le succès, le fait de ne pas perdre de temps, se socialiser, se créer un réseau, se construire une éducation solide, travailler son CV, mener une vie joyeuse et forte chaque jour de sa vie, etc. Mais considérer que de passer à côté de ce genre de choses c’est de l’ordre du sacrifice ou du gâchis, ça n’est pas pour moi. Je ne sais pas si c'est sage ou non. Si tu fais des choix conscients, il n'y a rien à regretter et aucun sacrifice. J’aime le temps que je passe à m’entraîner, je ne le ressens pas comme quelque chose de pénible. Peut-être que je ne me donne pas assez à fond, peut-être que je devrais faire encore plus de sacrifices pour être meilleur. Mais si je devais mourir dans cinq ans, je ne serais pas obsédé à faire les choses différemment pour vivre une vie plus « classique ».
Je pourrai vivre avec plus de passion, je ne suis pas parfait à ce sujet, mais la plupart des choses qui me sont arrivés, c’est par choix. Je m’intéresse simplement énormément à StarCraft et à la compétition, peu importe mon niveau de jeu d’une manière générale. Les autres choses « sacrifiées » peuvent être remises à plus tard, et j’espère rencontrer des gens qui le comprendront.
Jeu mis à part
En ce sens, y a-t-il quelque chose que tu regrettes depuis ces trois dernières années ? Si tu pouvais changer ou ne pas faire un choix que tu as fait par le passé, lequel serait-ce ?
Je ne sais pas … J’ai essayé et échoué dans un tas de choses. Il y a des moments où j’aurais pu faire des choix différents, des moments où je n’étais pas suffisamment fort ou intelligent. Mais j’aime à penser que j’ai essayé. Certaines choses ne sont simplement pas pour moi, et d’autres le sont. Je m’en suis voulu énormément pour avoir perdu, ou avoir mal joué, et occasionnellement pour avoir raté quelque chose dans la « vraie vie ». Bien plus que beaucoup pourraient le penser, cela m’a rendu plus fort sur StarCraft, mais d’une manière un peu brutale.
Si je pouvais revenir en arrière je pense que je me dirais à moi-même qu’il est possible de réaliser certaines choses, que n’importe qui peut devenir meilleur, moi compris. Même si j’ai toujours su rebondir, il m’est arrivé de perdre espoir un peu trop souvent !
Penses-tu que tu seras toujours dans l’eSport dans cinq ans ? En tant que joueur ou autre chose ?
Probablement pas. J’irai sûrement à l’université d’ici là. Ma vie a énormément changé au fil des années, et bien que la partie eSport de ma vie a occupé une partie importante de ma vie ces dernières années, je pense que je ferai quelque chose de totalement différent dans cinq ans. Mais ça peut être en rapport avec les ordinateurs !
Pour terminer
Questions bonus maintenant, si demain on te demandait de jouer une autre race, laquelle choisirais-tu et pourquoi ?
Protoss. C’est plus facile à jouer que Terran.
En dehors de toi, il y a chez Team Liquid deux joueurs de chaque race (HerO/MaNa – TLO/Ret – TaeJa/Bunny). Si tu devais faire un bootcamp pour un mois, lesquels (un dans chaque race) choisirais-tu et pourquoi ?
Je ne peux pas répondre à celle-là, je voudrais que tout le monde vienne xD
OK, on va le faire dans l’autre sens, mêmes conditions, mais quelqu’un en dehors de ton équipe.
OK, je suppose que je ne dois pas prendre de Coréens.
Tu peux choisir des Coréens.
Mkay … En Protoss je choisirais un bootcamp avec CJ_herO, il est vraiment très talentueux et toujours souriant ! Ou peut-être PartinG. En Zerg ce serait Scarlett ou Hydra. Je pourrais beaucoup apprendre de la technique d’expansion du creep de Scarlett, et du jeu global d’Hydra. Scarlett fait aussi de délicieux pancakes, lol. En Terran ce serait Bbyong. Il a un bon niveau d’anglais, donne de bons conseils et c’est un joueur très fort.
Cela conclut cette interview, merci beaucoup pour ton temps, c’était vraiment très sympa de t’avoir :) Bravo pour ta qualification en Gfinity au passage ! Si tu as quelque chose à ajouter pour les lecteurs, ainsi que des remerciements à passer, je t’en prie !
Merci à Team Liquid et à nos sponsors HTC, HyperX, Team Razer, Alienware et Namecheap, allez y jeter un œil sur notre site https://www.teamliquidpro.com ! Vous pouvez me suivre sur Twitter @LiquidSnute et sur Facebook.
Merci d’avoir pris le temps de lire ce long texte, j’espère que vous avez apprécié et je vais tout faire pour être meilleur pour les prochains tournois ! Merci de me soutenir et d’aimer StarCraft II :)
Merci encore et à bientôt !
Retrouvez tous les For Is Here dans notre index dédié :
Snute a dû affronter ForGG lors du Millenium Show. Petite preview de la rencontre qui ne s'était pas très bien déroulée pour le joueur norvégien. |
|