Voici le moment de faire le point sur ce qui nous attend pour les Global Finals de la BlizzCon. On le sait, la liste et la séquence est désormais définitive, nous connaissons toutes les affiches du Ro16 qui se joueront le 1er novembre (et par conséquent pas pendant la BlizzCon contrairement à l’année dernière). Millenium vous propose de passer en revue les joueurs qualifiés et d'analyser leurs chances de victoire. Aujourd'hui, parlons de StarDust.
Comme Amel, StarDust avance toujours le poing levé.
Souriez, dites « cheese »
Arrivé tel un météore en juin 2013, StarDust la poussière d'étoiles a plutôt laissé une empreinte de supernova dans l'esprit collectif. Et pour cause ! Totalement inconnu du public, grand comme petit, Son Seok Hee déboule sur la planète StarCraft à l'été 2013. Cela fait à peine un mois que le Protoss fait partie de mYinsanity, une team que peu de gens connaissent si ce n'est parce qu'elle a recruté Tarson quelques mois plus tôt (sacré fait d'armes !). StarDust s'engage donc dans la DreamHack Summer de façon anonyme. Passent les deux premières phases de groupes, sans grand intérêt en dehors du fait que StarDust y concèdera tout de même quelques maps. À l'époque, les groupes de la DreamHack se jouent encore en round robin, et c'est assez étonnant de voir un joueur coréen laisser des plumes si tôt dans la compétition. La troisième phase de groupes se révèle un poil plus tendue puisqu'il y sera défait par LucifroN le héros européen. Pas de quoi s'alarmer puisqu'il accède à l'arbre final.
Cette DreamHack fait la part belle aux surprises. Rappelez-vous : c'est là qu'on verra SjoW défaire le prodige Life et être soulevé hors du booth par son équipe (Property) comme s'il avait lui-même remporté le tournoi. L'autre grande surprise, ce sera ce petit bout de Coréen qui finira par embrasser sa bonne étoile au terme d'une finale dantesque contre Jaedong. Quelle finale ! Tout le monde se rappellera ce warp de 8 DTs dans la base principale du Dong, le forçant à un "gg" empreint de frustration. Et ce basetrade incroyable sur Star Station qui mènera le joueur Protoss à l'emporter sans aucun anti-air contre les Mutas de Jaedong : il tue en effet le dernier bâtiment du Zerg grâce à ses Probes. Et d'enchaîner hilare sur la suite de la série, dont il sortira victorieux grâce à un autre baserace complètement fou.
StarDust vient de frapper vite, et fort. Par ce fait d'armes, il contribue à l'année noire de Jaedong, qui enchaînera tant de secondes places avant de parvenir à remporter son premier tournoi majeur (ça ne vous rappelle personne ?). Autre fait marquant, il ose la coupe de cheveux autre que le casque d'astronaute, canon de la beauté au Pays du Matin calme. Les seuls à avoir perpétré un tel affront (viOLet, HerO) sont des stars interplanétaires ... déchues. Encore plus choquant : il parvient à asperger la fameuse de bouteille de champagne. Dernier point, et pas des moindres, il parle anglais ! Le joueur Protoss ose l'interview d'avant-match sans traducteur, et sa voix nasillarde reconnaissable entre mille, ce ton teinté d'assurance et débordant de sourires fait très vite parler de lui.
Cheeseur, showman, souriant, StarDust agace autant qu'il amuse et ce dès sa première apparition ! Il fait d'emblée couler beaucoup d'encre. La NASL lui dévoue même une large part de son journal (voir la vidéo, qui contient des anecdotes fort intéressantes). Les mauvaises langues, toutefois, ne voient dans cette performance qu'une anecdote de plus, un Seed-bis, un patchtoss en passe de retourner d'où il vient : l'anonymat.
Rira bien qui rira le dernier
Manque de bol, StarDust n'a aucune intention de s'en aller. Il n'est pas encore né celui qui viendra éteindre la flamme qui brille dans les yeux de « ChesseDust » comme beaucoup commencent à le surnommer. Le mois suivant, il se rend à Valence disputer une nouvelle DreamHack. Il parviendra jusqu'en demi-finale ... et s'inclinera face à Jaedong (qui terminera deuxième évidemment). Cette fois encore les moqueries vont bon train, les ricaneurs y voyant la confirmation du caractère éphémère de la carrière du joueur Protoss.
Mais StarDust a la tête ailleurs. Parvenu au bout de la Challenger League à la saison 2 des WCS Europe 2013, il s'apprête à relever le défi de la Premier League. Sauf que StarDust a beau venir du meilleur pays esportif du monde, il n'est pas infaillible, loin s'en faut. Son style extrêmement agressif, dont la seule inconnue revient à se demander à chaque game quel all-in il va exécuter, le rend prévisible. Les autres joueurs commencent à s'en prémunir. Il n'empêche qu'à ce jeu-là, StarDust est sacrément doué, et cela lui vaudra d'atteindre le Top8 en Premier League des WCS Europe dès sa première participation.
L'entrée en late game
En l'espace de quelques mois, StarDust s'est imposé comme un joueur de premier plan sur la scène européenne. Mais il lui faut encore confirmer. Mi-ange mi-démon, lui qui était le premier à s'amuser de son style de jeu finit par se lasser des critiques qu'il reçoit. Peut-être influencé par son ami et coéquipier jjakji, ancien vainqueur de GSL et partenaire d'entraînement de premier choix, StarDust prend une grave décision. Il l'annonce en souriant, mais on sent tout le sérieux de sa phrase lorsqu'il dit qu'en 2014 il jouera macro, mettant en pratique l'une des citations d'Artosis :
Le pire cheese qu'un cheeseur puisse faire, c'est de jouer macro.
Attention tout de même à ne pas se précipiter. Le manque pourrait à tout moment refaire basculer StarDust du côté obscur d'Aïur. Pourtant, l'effort est bel et bien là. Doucement mais sûrement, la première moitié de l'année 2014 nous montre un nouveau CheeseDust. Alors bien sûr, il trébuche et ses premières tentatives sont un peu pataudes, comme s'il avait enfilé des habits trop grands pour lui, mais il tient bon et cela finit par payer. En février, il accroche un Top 4 à l'ASUS ROG Winter, mais se fait battre par San, 3 à 0. Le nouveau venu en Europe lui tient la dragée haute. Quelques mois plus tard, StarDust parvient à la plus haute marche d'Europe et, dans un élan de revanche, arrache les WCS à San sur le score de 4 à 0. C'est la consécration. Un an presque jour pour jour après sa DreamHack, StarDust démontre l'étendue de son talent.
Et depuis ? StarDust a continué son bonhomme de chemin ces trois derniers mois. Les mauvaises langues se sont tues et rares sont ceux qui contestent encore son appartenance au top européen. Parvenant rarement sous le Top8 de chaque événement auquel il participe, c'est autant l'accumulation de 2000 points non-WCS que ceux rapportés dans le circuit de Blizzard (2800 points WCS) qui lui ouvrent les portes des Finales Mondiales.
Pronostic WCS Global Finals
Comme HyuN, StarDust a atteint un capital sympathie dont peu de joueurs peuvent se targuer sur la scène internationale. S'il a su diversifier son style de jeu ces derniers mois, il ne semble pas encore de taille à affronter des mastodontes tels Zest ou INnoVation (côté KeSPA), ou Polt et TaeJa (côté Murica). S'il a des chances non nulles de battre MMA, ce serait bien surprenant de le voir se défaire de Bomber ou Jaedong en quart de finale. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que ce joyeux drille contribuera amplement à assurer le spectacle après son élimination.