Et si un circuit équivalent à celui mixte était mis en place ? Ou tout du moins si les grandes compétitions mettaient en place en permanence une annexe féminine, est-ce que cela aurait un réel intérêt et surtout est-ce que ce serait possible ? À première vue les grandes structures de l’événementiel ont les moyens d'organiser cela. Que ce soit la DreamHack et ses deux tournois phares de Jönköping, ou bien l'Electronic Sports League via ses deux grands rendez-vous au CeBIT de Hanovre ainsi qu'à la Gamescom de Cologne, il semble que ce soit largement dans leurs cordes de proposer un événement féminin sachant qu'ils l'ont déjà fait à de nombreuses reprises par le passé. En ce qui concerne les autres tournois de plus faible ampleur, certains organisent déjà des compétitions pour les filles sur Counter-Strike. Citons par exemple la Gamers Assembly, véritable modèle du genre qui a toujours soutenu la scène féminine. Dans une moindre mesure on peut également parler de la Copenhagen Games qui s’interroge d'ailleurs actuellement à ce sujet.
Les tournois existants aujourd'hui
Aujourd'hui les filles repartent de zéro. En terme de compétitions nous avons pu assister à l'Electronic Sports World Cup et ensuite ... On ne sait pas trop ce qu'il va se passer. Alors la scène féminine a bien lancé une pétition afin d'avoir un tournoi lors de la DreamHack, mais cela est venu bien trop tard pour que les organisateurs suédois puissent s'organiser d'ici à la fin du mois. Seuls les Danois de la Copenhagen Games s'interrogent. Ils ont en effet demandé aux éventuelles équipes intéressées de se manifester, ce qui leur a permis de voir qu'une quinzaine de formations sembleraient en capacité de se rendre au Danemark. Ce nombre semble suffisant pour qu'un événement 100% féminin puisse avoir lieu mais ça ne serait pas avant avril prochain, autant dire que d'ici là tout peut changer. Car en l'absence de circuit est-ce que les filles seront toujours autant à jouer et est-ce qu'elles auront toujours le soutien de leurs organisations ? Rien n'est moins sûr.
L'expérience des compétitions passées
Cette situation est en partie causée par les échecs rencontrés par le passé. Que ce soit sur 1.6 ou Source les tournois ont toujours été frileux car trop peu de participantes se déclaraient. De ce fait, plusieurs événements ont dû être annulés et même parfois ces compétitions n'étaient même pas en LAN. Alors Counter-Strike : Global Offensive vient de sortir, il bénéficie de l'effet de regroupement des deux communautés mais cela n'a pas semblé être suffisant jusqu'à maintenant. L'ESWC regroupait huit équipes, la Coupe de France la même chose et sachez tout de même qu'elles étaient plus à vouloir y prendre part mais les places étaient limitées. Par conséquent la frustration de celles qui s'entraînent et aimeraient bien se frotter à la scène mondiale est grande, tout simplement car elles n'ont pas les moyens de mettre en pratique leurs ambitions.
Comment changer cela ?
Si l'on souhaite créer une véritable scène féminine compétitive il faut que les filles puissent avoir le droit à un vrai circuit, même réduit. Ce n'est certainement pas avec une seule compétition majeure par an qu'elles arriveront à se maintenir. Il serait donc intéressant de voir la DreamHack intégrer un tournoi parallèle 100% féminin, idem du côté de la Copenhagen Games. Il faudrait également que ces dames puissent profiter d'une médiatisation suffisante grâce à des événements offline réguliers. En cela la réouverture d'une section féminine sur le portail de l'ESL Europe est indispensable, et pourtant tout est jusqu'à maintenant au point mort. Quoi qu'il en soit les structures ont plutôt joué le jeu dès la sortie de CS:GO, les grands acteurs ont conservé un effectif féminin et ils sont également demandeurs d'une visibilité supplémentaire pour elles. Car quel sera l'intérêt pour un club de posséder des joueuses qui n'ont le droit de citer qu'une à deux fois dans l'année.
Les sponsors en demande
Les filles et les jeux vidéo, un marché qui intéresse toujours autant les développeurs mais également les équipementiers informatiques. L'arrivée de tournois féminins pourraient pousser les hommes à s'interroger : perdraient-ils du cash prize si les filles arrivaient ? Eh bien il semble qu'en grande partie ça ne soit pas le cas. La majorité des LANs utilise un pot composé des droits d'entrée, celles qui peuvent se le permettre ont quant à elles des sponsors qui réclament tel ou tel tournoi et posent une certaine somme d'argent sur la table. Alors les compétitions féminines ne taperaient pas dans les réserves des tournois mixtes, elles auraient un financement propre à elles-mêmes. Par exemple durant l'ESWC, Matthieu Dallon bénéficiait d'une enveloppe globale qu'il a choisi de diviser en s'alignant sur le cash proposé par les autres tournois internationaux. De cette manière il a pu offrir suffisamment à tout le monde, ne donnant ni trop ni pas assez et permettant surtout de conserver l'attractivité nécessaire à la venue des champions internationaux.