"Y’a quoi à se mettre sous la dent ?"
La console de Sony affiche un prix de 2099 francs avec une manette. Les jeux quant à eux, coutent la bagatelle de 500 francs. On nous avait promis que le CD engendrerait une baisse de prix considérable, chose que nous ne verrons malheureusement jamais.
La PlayStation propose un catalogue assez maigre au lancement. Il faut reconnaitre que Sony a bien misé en pariant sur un partenariat avec Namco. Les amateurs de baston n’étaient pas en reste puisque le hit de l’arcade, Tekken, était une exclusivité PlayStation. Chez Sega, on s’armait de Virtua Fighter pour lui tenir tête, malheureusement, les graphismes ne sont pas à la hauteur et les regrets se font immédiatement ressentir.
Le second hit de Namco, c’est bel et bien Ridge Racer. Bien que le jeu ne soit pourvu que d’un seul et unique circuit, auquel on ajoute une ridicule portion de route et que l’on peut redécouvrir en mode miroir, il reste très plaisant et agrémente une fois de plus le lineup de la PlayStation d’un jeu d’arcade. Encore une fois, Sega répond présent avec Sega Rally. On citera également Ace Combat, qui se perfectionnera dans Ace Combat 2 offrant une excellente "simulation de vol très orientée arcade"
Rapidement, la guerre s’installe. Les pro Sony défendent le prix bas de la PlayStation et ses graphismes supérieurs, tandis que les fanas de Sega jugent la Saturn supérieure sur la 2D et parlent d’un catalogue beaucoup plus étoffé. Une guerre entre deux nouveaux rivaux était née et le petit nouveau donnait déjà des cheveux gris au colosse.
Motor Toon Grand Prix et son rendu en Gouraud Shading, l'ancêtre lointain de Gran Turismo
Un autre jeu attire grandement l’attention : Motor Toon Grand Prix. Un titre développé par Polyphony Digital et Kazunori Yamachi qui deviendra plus tard le papa de Gran Turismo. Motor Toon est visuellement un régal et affiche une palette de couleurs étonnante. Le rendu d’ombrage Gouraud (Gouraud Shadding) est parfaitement utilisé. Un procédé que l’on retrouvera bien plus tard dans Tobal N°1, le jeu de baston de Square-Enix ou dans la course de chocobo de Final Fantasy VII. L’esprit déjanté du titre et ses qualités à la Mario Kart séduisent rapidement les joueurs japonais, malheureusement, le jeu ne récolte pas le succès qu’il méritait.
Enfin, les amateurs de sensations fortes ont pu se tourner vers WipEout, un jeu de course de vaisseaux futuristes. Le soft du défunt studio Psygnosis est d'une fluidité impressionnante et propose des musiques électroniques entrainantes mitonnées par CoLD SToRAGE qui travaille dans le milieu depuis 1989.
Démo à gogo et découverte d’un mot étrange : « Loading »
La naissance des consoles CD marque aussi l’apogée des CD de démos qui fleurissaient déjà sur PC car offert dans les magazines les plus connus de l’époque. La PlayStation était fournie avec le CD Demo 1 qui proposait d’essayer les nombreux titres du lancement de la console. Les plus gros jeux tels que Tekken ou Ridge Racer n’étaient disponibles qu’en démo tournante. En même temps, il faut être fou pour proposer le seul et unique circuit de Ridge Racer en démo jouable !
- Écran d'introduction de la fameuse Démo One
Deux démos techniques étaient également embarquées sur la galette. La première démontrait la puissance de la machine grâce au nombre impressionnant de textures et polygones qui pouvaient être affichés. C’est sur un T-Rex que l’on pouvait s’acharner en réalisant quelques mouvements.
La seconde nous envoyait dans le fond des océans en compagnie d’une raie Manta qui bénéficiait de textures mappées. Les poissons lui tournant autour étaient des sprites. Un effet de distorsion était visible à l’image. Cela pouvait donner une idée de la qualité des titres développés sur la console.
Qui n’a pas passé du temps à admirer les graphismes ou à écouter la délicieuse musique au piano ?
- La démo technique "Manta Ray"
Et le temps, il faut l’avouer, il faut le prendre quand on découvre les joies de la PlayStation. Nintendo et Sega nous avaient habitués à des temps de chargements éclair grâce à la vitesse du transfert de données du système de cartouche. Désormais, le mot « chargement » devient notre pire ennemi et chaque nouveau niveau est gratifié de temps de chargement parfois interminables.
Cependant, on reste indulgent, car le choc est violent. Passer de la Snes ou de la Megadrive à une console affichant de la 3D est déroutant. On appréciera également les musiques de qualité CD qui nous changeront des chips tunes ou musiques synthétisées.
J’ai un petit problème dans ma PlayStation, pourquoi ça ne lit pas ?
La PlayStation, ça n’est pas seulement des moments fastes où tout est merveilleux et agréable, mais c’est aussi de nombreuses prises de tête, et la découverte de nouveaux problèmes pour les joueurs. En effet, si le système de cartouche était fiable, l’arrivée du CD et du bloc optique a amené avec lui certaines contraintes. Le choix d’avoir intégré un capot qui s’ouvre au lieu d’un tiroir est purement économique. Cette décision n’est pas sans conséquence. Lors de l’ouverture du capot, de nombreuses poussières et autres étrangetés pénètrent dans la PlayStation, recouvrant progressivement la lentille du bloc optique de saletés. Devinez ce qu’il se passe lorsque l’on obstrue le faisceau d’un laser ? Forcément, ça ne lit plus ou avec difficulté.
Conséquence : Des temps de chargement encore plus long, les cinématiques qui moulinent et les musiques au format XA qui déraillent. Le service après-vente de Sony se surcharge à une vitesse vertigineuse. Les premiers modèles, les SCPH-1002, souffrent le plus du problème de lentilles déréglées ou complètement bousillées.
Si bien que Sony pense déjà à améliorer ses modèles qui commencent également à être victime de surchauffe.
C’est à partir des modèles SCPH-50XX que les choses évoluent, une nouvelle alimentation qui chauffe moins est implantée et le bloc optique est amélioré. Son emplacement change et se retrouve sur la droite.
En 2000, Sony propose un modèle miniaturisé et baptisé PS One sous le nom de code SCPH-100.
La manette fait quasiment la taille de la console, ce qui pourra faire sourire les aficionados de la Neo Geo.