Chapitre 3 - Rencontre avec Sona, par Svink
Récapitulatif : en errance dans la rue, Teemo saoul dans mes bras.
Dans les rues de la ville le brouhaha général m'assaille et Teemo, poids mort dans mes bras commence à peser un comme âne mort. C'est la foule, j'ai l'impression de subir l'ouverture des soldes, ça bouge, ça braille et au milieu de cette lie, nous voilà clopin-clopant à la recherche d'un partenaire potentiel. Les musiques et les couleurs criardes ne parviennent pas à masquer la morne tristesse post-guerre. Depuis la League of Legend, plus un conflit, plus une guerre, la passion belliqueuse de chacun est captée par la retransmission des combats de la League. Tantôt en adoration devant le corsage de Janna, tantôt enviant le testostéronné Darius, chacun y va de ses préférences. Ces sociétés qui jouissent par procuration, chacun poussant son héros dans, ce que je souhaite, une épectase apocalyptique...
Englué dans les canalisations de mon cerveau, je percute une poussette vide laissée à la dérive par une mère occupée aux caprices du providentiel chérubin. Ni une ni deux j'enfourne Teemo à l'intérieur et change directement de statut social, du détourneur de mineur je deviens adorable père emmenant son fils au pèlerinage de la découverte. Les apparences, ces alliées de circonstances, rendent la marche plus facile et attirent des regards pleins d'envie de femmes dont je n'aurai jamais imaginé l'œillade. À regarder tout autour, je ne vois pas cette joueuse de harpe qui égaye le trottoir. Elle envoûte les passants, mais déjà j'ai reconnu l'inconnue... Sona. La belle pourrait bien, bientôt devenir l'égérie des top 50, j'ai le flaire dès qu'il s'agît d'investissement prospère.
Le seul hic : sa harpe, je suis sûr de l'avoir déjà vue... Mais oui, il s'agît bien de celle vendue dans le pack "Guitar Band" avec ces quatre couleurs : bleu, vert, violet, jaune... je me souviens, préparation au concours d'entrée à l'Arcaneum, avec mes potes on avait passé nos révisions sur Dragon force en expert à la harpe... le délire... quel bon vieux temps, ça mériterait une bière et un beau discours.
Teemo me tire de ma rêverie par un râle d'agonie que j'écourte aussitôt d'un bon coup de sarbacane derrière la nuque. Ce dernier déjà en apesanteur me permet de revêtir mes habits de père affectif attentionné avec sa progéniture. Vu l'état de Teemo c'est bien une fleur que je lui fais de le transporter. Quant aux scrupules... ce mot est un barbarisme.
Sona arrête sa musique, range sa harpe à quatre notes et s'approche tout sourire, "I never meet a girl like you before" dit-elle, je lui dis que c'est un garçon et j'entame la discussion. Tel Socrate, ou Aristote à moins que ce soit Platoon, la conversation par les questions est initiée avec brio. Une fois Sona amadouée j'invente et torsade la réalité en lui promettant l'Olympe de l'avenir, je lui parle de mes contacts à l'Arcaneum, tous ces jeunes étudiants dont les parents bien placés constitueraient un paradis pour un début de carrière. Dans ma verve elle s'engage à me retrouver dès le lendemain à ma permanence Gragas'emploi. Je serai son impresario. Mon prochain problème, c'est le réveil de Teemo et son probable mécontentement. J'espère que le petit somnifère impérialement distillé dans ces shots aura un effet amnésique. Discrètement je l'installe avec douceur dans des toilettes pour femmes avec une paire de jumelles et un appareil photo. De mon coté je traverse la rue et m'arrime à un bar, spectateur dans l'attente de la prochaine scène...