N°5 : Sona
La musique adoucit les mœurs, un propos bien connu, que Sona a su mettre à son profit, non contente d'appuyer sur un bouton pour tous nous laisser pantois, la charmante musicienne jouit aussi d'un doigté exquis. De longs doigts, une paume délicate, elle effleure subtilement les cordes de son instrument comme une sirène qui chercherait à envouter ses proies, accélérant, décélérant l'appétence des hommes qui sont tombés sous son emprise. Malheur à celui qui d'une oreille indiscrète surprend la belle, je vous invite donc à réviser vos gammes, car elle tisserait volontiers avec vos entrailles les cordes qu'elle aurait rompues à son exercice et s'amuserait même à vous faire danser une infernale gigue sur la place du village. La solution réside dans de petits bouchons de cire qui obstruent vos oreilles, si vos autres sens ne craignent d'être mis à mal, l'ouïe demeure sensible aux sons qui émanent de sa harpe. Une métaphore douteuse nous pousserait à y voir les revendications de nos compagnes qui ont su, comme Sona, appuyer sur la corde sensible, couinant des directives sur le ménage et la vaisselle que le brave travailleur endimanché, heureux de retrouver le soir venu son domicile, a réussi à ignorer au fil des années !