Le fait que 8 joueurs stars de l’ESF participent à l’OSL les rend indispensables à la compétition. Si la moitié des joueurs de la prestigieuse ligue avait déclaré forfait, OnGameNet aurait été dans l’incapacité de poursuivre le tournoi. La KeSPA a donc été forcée par les circonstances d’accepter la proposition de l’ESF, car ne pas y envoyer ses joueurs aurait bien trop fragilisé l’OSL.
La KeSPA a compris que Starcraft 2 a ouvert l’eSport coréen à l’international, et qu’elle est obligée de composer avec un public autre que coréen. Si l’OSL avait continué, l’évènement aurait perdu de l’intérêt pour le public international de Starcraft 2 qui connaît bien les joueurs de la GSL, et l’explication réside dans le nombre incroyable de tournois internationaux auxquels ont participé les stars de GOM TV.
Le bosstoss a remporté plus de gains de tournois
que la majorité des progamers de BroodWar
Les spectateurs de « seconde génération », ceux qui ont assisté à la naissance de Starcraft 2 sans connaître BroodWar, connaissent bien les « Coréens de la GSL » à la réputation mondiale : MC en est le meilleur exemple, et tous les voyages qu’il a effectués lui ont permis de tisser d’étroits liens avec la scène européenne et américaine. Ces spectateurs-là ne connaissent pas les joueurs phares de la KeSPA comme Flash et Jaedong, et on peut supposer que l’OSL et la proleague ont tout à leur prouver comparé à la GSL.
Le temps de gagner une reconnaissance internationale, la KeSPA va être obligée de composer avec GOM TV et la GSL. Des efforts ont été faits en ce sens, notamment avec l’acquisition de commentateurs internationaux pour l’OSL très connus de la scène de Starcraft 2 comme Noah "Moletrap"Kalbet Manuel "Grubby"Schenkhuizen.
La fusion de la scène de la KeSPA et de l’ESF a commencé en même temps que l’OSL et la GSL. Personne ne peut affirmer avec certitude ce qui va se passer dans les mois à venir, mais des questions restent sur toutes les lèvres. Qu’adviendra-t-il une fois que les joueurs de la KeSPAauront établi l’OSL comme LA ligue de référence ? La GSL et les équipes de l’ESF pourraient-elles survivre à terme à l’influence énorme de la KeSPA ?
D’autres opportunités pour les progamers de BroodWar
Cette nouvelle ère de Starcraft 2 entraînera peut-être des changements au sein de la structure même de la KeSPA. Les progamers de l’ESF n’ont pas besoin de posséder une autorisation pour participer à d’autres tournois, et de nombreux joueurs de la fédération ont l’occasion de voyager au travers du monde pour disputer des compétitions internationales. Cette liberté n’est pas accordée aux progamers de BroodWar qui pourtant voient d’un bon œil les occasions d’aller disputer les tournois en dehors de la Corée qui leur sont proposées. Les progamers de la KeSPA ont déjà pourtant affirmé vouloir participer à d’autres championnats comme la MLG. De même, RoRo et Jaedong ont déjà annoncé souhaiter participer à la GSL, mais cela leur est impossible si ce n’est pas décidé par la KeSPA.
Flash, Bisu et Jaedong à la MLG Anaheim
Un autre facteur pèse dans la balance et amènera peut-être la KESPA à modifier son principe de fonctionnement. L’élément financier est également très important pour les progamers. En termes de rétributions, il est clair que le salaire moyen des joueurs de BroodWar est beaucoup plus élevé. La rémunération de Flash a déjà été évoquée, et la liste du classement officieux des 30 progamers les plus payés de la KESPA nous montre que les joueurs n’ont rien à envier comparés aux salaires des compétiteurs de l’ESF.
Pourtant, quand on compare les gains acquis par les progamers de l’ESF lors des trois dernières années, on s’aperçoit que le potentiel de gains en tournois est énorme pour les joueurs de la KeSPA. La somme des récompenses monétaire en Europe et en Amérique est de plus en plus importante chaque année, et il n’est pas rare de voir des Coréens bien se classer dans de nombreux tournois. Ces places, dans le top 10 ou top 20, permettent de décrocher un prix non négligeable dans les plus gros tournois. Il y a donc une véritable opportunité pour tous les progamers de la KESPA n’ayant pas un aussi bon salaire que Flash ou Jaedong d’acquérir une autre source de revenu que leur salaire, plus risquée mais plus lucrative.
Un eSport Global
Aujourd’hui, l’eSport n’est plus local, mais global. La KeSPA doit désormais composer avec les autres acteurs de la scène de Starcraft II, qu’ils soient coréens comme GOM TV ou internationaux comme la MLG. Les enjeux sont différents : en plus d’avoir à bâtir une industrie forte et nationale, le défi est également d’attirer l’attention d’une scène internationale naissante et sans frontières.
Dans les années à venir, l’association coréenne aura tout intérêt à collaborer avec l’ESF. Il faut se rendre à l’évidence : la KeSPA a moins d’influence que lors de l’âge d’or de BroodWar et elle est obligée de prendre en compte l’Occident dans ses plans de développement.