Cette course vers la surenchère de contenu est ironiquement la clef de la bonne santé du jeu de Blizzard, et l’épée de Damoclès au-dessus du studio et des autres compagnies. Les joueurs exigent à présent beaucoup. Ils veulent aussi bien sinon plus, d’autant qu’ils payent tous les mois pour cela, et dans un contexte de crise économique, ils n’y regarderont pas à deux fois pour arrêter de payer leur abonnement s’ils ne sont pas satisfaits.
WoW a aussi marqué le milieu du jeu vidéo. Il en faut plus, toujours plus. Diablo III, bien que dans un autre genre, en a d’ailleurs fait les frais. Sur les millions d’acheteurs, certains s’imaginaient un jeu au contenu sans cesse enrichi comme WoW et ne s’attendaient surement pas à du hack’n slash répétitif, d’où une partie des déceptions parmi les acheteurs. Au-delà, combien de joueurs qui achetaient auparavant des jeux régulièrement, se sont alors cantonnés à WoW et son abonnement ?
Les patchs de contenu de WOW : réguliers et gratuits, ils rythment la vie du jeu entre les extensions
Dans ce contexte, quel avenir attend alors Mists of Pandaria ? Blizzard a su tirer les leçons des erreurs de Cataclysm et proposera énormément plus de contenu que la troisième extension. Toutefois, la partie s’annonce difficile. D’une part en raison de l’usure après tant d’années de présence, d’autre part suite aux erreurs de communication du studio. Lors de sa présentation à la Blizzcon 2011, les gens n’auront retenu que deux éléments de MoP : les pandarens et les combats de mascottes (ou les pandas et les pokémons, pour reprendre la caricature faite depuis). Pour beaucoup de gens, ces deux éléments ont occulté tout le reste. Ils sont devenus les deux arbres cachant la forêt, alors que l’extension propose un contenu très riche et varié. Sans doute Blizzard aurait dû attendre avant de dévoiler les combats de mascottes, qui auront été le point de cristallisation de toutes les critiques et les rancœurs accumulées, qui ne demandaient qu’à surgir après Cataclysm.
Et comme à l’accoutumée, certains attendaient d’autres lieux, d’autres nouveautés que ceux annoncés. L’extension a beau avoir pour fond la guerre entre l’Alliance et la Horde, ce sont les mascottes et les Pandarens qui ont été gardés en mémoire par le public. Ces derniers étant relégués en simple caricature de Kung Fu Panda, alors que le film est sorti après Warcraft III qui introduisait le premier héros de cette race. Beaucoup d’incompréhension a entouré les combats de pets. Pourquoi passer du temps à développer cela alors que les gens attendaient d’autres choses. Où était passée la refonte des races ? Pourquoi ne pas mettre à jour l’Outreterre ? Verra-t-on un jour le studio de danse ? Pourquoi ne pas passer du temps à produire du contenu qui fera rêver comme avant plutôt qu’à produire, un mini-jeu, sûrement très sympathique, mais éloigné de ce que les joueurs demandaient depuis longtemps ?
Par ailleurs, le socle scénaristique de Warcraft III sur lequel est posé WoW commence à s’effriter au fur et à mesure que le studio en fait disparaitre les héros, et fait apparaitre de nouveaux venus ou ramène de vieilles gloires. Oynyxia, Ragnaros, Garrosh ou Deathwing, n’auront jamais autant d'impact sur les esprits qu’Arthas, Illidan, ou Kael’Thas. Non pas en raison de leurs histoires propres, mais du fait des exigences de gameplay des MMO et des RTS. Les seconds permettent de mieux mettre en valeur et développer l'histoire d'un personnage que les premiers. L’histoire de War 3 avait été menée avec une telle maestria qu’il est difficile de passer derrière sans paraitre fade. Le meilleur exemple en est la cinématique d’introduction de Wrath of the Lich King (au-delà du point de vue technique), dont le poids émotionnel de Warcraft III et l’aura dont bénéficie Arthas, en feront pour des années encore la meilleure réalisation du studio.
La cinématique d'introduction de WOTLK, la quintessence du travail de Blizzard
Blizzard commence également à souffrir de son image. À force de battre des records, les gens s’imaginent une World Company perfusée à coups de millions de dollars, et qui aurait des moyens illimités. Pourtant, même si Blizzard a de l’argent et des moyens importants, ces derniers ne sont pas infinis et le studio doit quand même faire des choix. Les développeurs le reconnaissent d’ailleurs volontiers, ils sont humains. Pas omnipotents, pas infaillibles, juste des humains qui disposent des moyens qu’on leur donne, et qui doivent faire des choix.
Mists of Pandaria souffre de cette réputation et des premiers effets d’annonce faits autour de l’extension. Le passif évoqué plus haut porte aussi préjudice à MoP et font que le lancement de cette extension sera plus délicat et sensible que les précédents. L’arrivée de Guild Wars 2 un mois avant la sortie de MoP le 25 septembre n’arrange pas les choses pour le studio californien, qui doit compter avec un rival de poids, tout auréolé de la lumière de la nouveauté et bénéficiant lui aussi de réelles qualités.
Pourtant les qualités de MoP sont bien là, et elle pourrait sûrement être la meilleure extension sortie à ce jour. Le jeu bénéficie déjà du travail accompli depuis dix ans, qui lui donne plus de contenu qu’à n’importe quel autre titre. Ensuite, comme à l’accoutumée, Blizzard ne révolutionne rien, mais continue d’améliorer et de compléter ce qui existait déjà. WoW pourra se targuer de pouvoir donner quelque chose à faire à presque n’importe qui, n’importe quand, qu’il soit seul ou en groupe.
Les combats de mascottes : très décriés, mais d'une efficacité redoutable pour meubler quelques minutes de battement pendant les sessions de jeu
Les hardcore gamers auront les donjons mode défi et les raids héroïques, et les casus le raid finder et les hérodays. Ceux qui trouvaient le jeu vide pourront se réjouir de l’arrivée des zones inter-royaumes. Ceux qui auront un peu de temps devant eux s’occuperont avec les Scénarios ou les combats de mascottes. Les aficionados du PvP wowien, pourront s’amuser avec deux nouveaux BG et une nouvelle arène. Les raideurs de tout poil auront 18 boss à leur disposition, et les plus nostalgiques replongeront avec plaisir dans Scholomance et le Monastère écarlate revus et corrigés.
Quant à la partie la plus visible, il s’agit évidemment du nouveau continent de Pandarie, gigantesque, qui apporte, une terre, jusque-là inconnue, avec sa propre histoire et ses créatures. Enfin le gameplay est à nouveau modifié de façon importante pour redécouvrir le jeu, et vous pourrez faire la connaissance avec une nouvelle race et surtout une nouvelle classe, qui a sa propre identité. Et des nouveautés il y en a d’autres, des centaines de points de détails mis bout à bout, qui font de Mists of Pandaria, une extension pleine de qualités, et surtout regorgeant de ce que les gens recherchent : du contenu.