Sport électronique
Le sport électronique, ou eSport, est la pratique des jeux vidéo en compétition. Par extension, il désigne également tout ce qui gravite autour de ces événements, comme les équipes, les pro gamers, etc.
Les prémices de la discipline ont vu le jour à la fin des années 90, avec, en 1997, la création de la Cyberathlete Professional League (CPL) et de l'Electronic Sport League (EPS). Les deux structures sont parmi les précurseures de la discipline en Europe.
Un jeu en particulier a largement contribué à la démocratisation du sport électronique : StarCraft. Son succès est évident en Corée du Sud, le pays phare de l'eSport, où les pro gamers sont plus célèbres que les acteurs de cinéma. Il est d'ailleurs communément admis que le pays du Matin calme, de par la qualité et la quantité des structures impliquées, possède de nombreuses années d'avance sur le reste du monde.
Pourtant, certaines nations n'ont pas à rougir des efforts fournis pour développer l'eSport avec Starcraft 2. Les États-Unis, l'Allemagne et la Suède en tête, de nombreux pays continuent d'organiser de plus en plus d'événements. C'est le cas de la France qui, peu à peu, grâce à des structures comme eGG-One, Iron Squid, les Master Series, GamesCreds ou encore Millenium, augmente la visibilité du jeu Blizzard et contribue au développement de l'eSport.
De 2010 à 2012, retour sur les grands rendez-vous français
Starcraft 2 est sorti en juillet 2010, mais dès sa phase de bêta, le jeu suscite l'engouement espéré et de nombreuses compétitions voient le jour. Parviendra-t-il à reprendre le flambeau de son aîné, BroodWar ? D'aucuns en doutent, mais la plupart l'espèrent.
La structure qui se montre la plus ambitieuse sur la nouvelle mouture Blizzard est sans conteste l'ESL, une organisation pourtant allemande. Elle organise les ESL Pro Series (ESL), qui rencontre un vif succès auprès des joueurs.
Au mois d'octobre, eGG-One lance l'eOSL Winter 2010 avec 3 100 euros de cash prize. Mélangeant rencontres online et offline, la compétition est une première et s'impose comme une référence en France.
Ensuite, le même mois, la première LAN s'organise : la PxL. Seize joueurs se donnent rendez-vous pour cette étape qui marque le début de la saison des Master Series. D'autres LAN s'en suivent : Azerty Pary, Spirit Lan, Re-SO, MaXlan ou NeXeN. La Gamers Assembly, la plus grande d'entre elles, réunit 96 joueurs européens au Futuroscope et propose 5 100 euros de dotation.
Puis, sur Internet, plusieurs structures se lancent dans l'aventure. Parmi elles, GameCreds décide de tenir un tournoi hebdomadaire récompensant le vainqueur de 100 euros. Le succès est immédiat et les meilleurs joueurs européens s'inscrivent aux différentes éditions. Depuis, d'autres compétitions de ce type, telles que la ZOTAC Cup, la Go4SC2 ou la Sennheiser Cup, se déroulent chaque semaine.
L'année 2011 marque la diversification des événements. Si les compétitions habituelles sont toujours là - eOSL, Master Series et coupes hebdomadaires -, de nouveaux projets prennent le relais. Ainsi, Pomf et Thud, les célèbres commentateurs français, orientent leurs événements vers un côté fun et spectaculaire. C'est le temps des O'Gaming, dont la seconde édition a lieu dans une salle de spectacle parisienne. Starcraft au Bataclan. Les deux frères frappent un grand coup. La coupe du monde des jeux vidéo (ESWC) organise pour la première fois une compétition Starcraft 2. Le succès est indéniable. Qui plus est, un français remporte le tournoi. Mais ça, c'est une autre histoire.
De son côté, Millenium lance la MSI Pro Cup qui, mensuellement, donne la possibilité à 14 joueurs d'en découdre. La compétition est l'exemple même de la réussite. Conservant le même format d'une édition à l'autre, l'événement attire de plus en plus de monde chaque mois, que ce soit au niveau des participants ou au niveau des spectateurs. D'ailleurs, preuve de la visibilité internationale de la MSI Pro Cup, de nombreux joueurs coréens, parmi les meilleurs, y participent. MSI, le sponsor de l'événement, ne s'y trompe pas et augmente les dotations de l'événement à deux reprises. Modèle de stabilité, les spectateurs sont toujours plus nombreux, grâce, notamment, à des retransmissions en Anglais, Allemand ou Polonais. Et, disons-le, la coupe organisée par Llewellys - manager de l'équipe Starcraft 2 et commentateur sur la Millenium TV - n'a pas fini de dévoiler tous ses secrets.
D'autres compétitions offline surviennent la même année. C'est le cas du HP Trophy 2v2, une compétition unique en équipe, ou du LDLC Summer Trophy, organisé Llewellys. L'édition hivernale a lieu huit mois plus tard. Nous sommes déjà en 2012.
La seconde édition des Master Series - actuellement en cours - regroupe une étape de plus que la précédente, mais les dotations mises en jeu sont à peine plus relevées - voire moins conséquentes - dans certains cas. Un format qui s'essouffle ? Des joueurs occupés par d'autres tournois plus attirants ? Des sponsors frileux ? Un peu de tout ça certainement. Quoi qu'il en soit, la plupart des LAN ne marquent pas les esprits. Pire, certaines fissurent la crédibilité de l'eSport français, accusant des failles d'organisation béantes.
Deux grandes compétitions sont remarquées par leur absence en cette année d'hypothétique fin du monde. Les EPS se concentrent en Allemagne, où leur succès y est inversement proportionnel à celui rencontré en France. De son côté, malgré un intérêt et une popularité intacts, l'eOSL ne revient pas dans son édition estivale.
L'Iron Squid a réuni 2 500 spectateurs au Grand Rex à Paris
et 50 000 personnes en simultanées sur Internet
Pourtant, l'eSport français n'est pas aussi morose qu'il n'y paraît. Traçant leur route, Pomf & Thud font une annonce détonante. Le Grand Rex accueillera un tournoi Starcraft 2 : l'Iron Squid. Du spectacle, du public, une ambiance de folie et du haut niveau : voici la recette miracle des deux joyeux lurons. 2 500 spectateurs viennent assister à l'événement qui réunit les meilleurs joueurs de la planète. La salle est comble. Le soir de la finale, 50 000 personnes regardent les différentes retransmissions de ce qui est l'aboutissement d'un travail acharné. Les audiences n'ont rien à envier aux plus populaires événements de la planète Starcraft 2, tels que la MLG, l'IPL ou la DreamHack. Preuve qu'en France, quand on veut, on peut !
Et après ?
L'eSport évolue. Il évolue (très) lentement mais sûrement. Le sport électronique sur Starcraft 2 a encore de beaux jours devant lui. Au niveau mondial, de plus en plus d'acteurs importants font leur entrée dans la communauté. Des sponsors indirectement liés à l'univers du jeu vidéo, tels que Red Bull - CDiscount et Numericable pour Millenium -, font leur apparition. De plus, le gameplay du jeu - principal facteur de réussite - est amené à se renouveler grâce aux deux prochaines extensions prévues. De quoi assurer le spectacle encore de nombreuses années.
En France, les choses devraient donc évoluer dans ce sens. Reste à savoir à quelle vitesse tout cela va changer.
Frédéric « Kaoru » Gau, manager Starcraft 2 de Team Acer
On manque de locomotives [...] Une structure non-liée à une équipe qui créer de nombreux événement sur le territoire français et qui permet aux autres acteurs de se rattacher à cette structure afin de développer des buts communs.
Si la tenue des compétitions online, qu'elles soient hebdomadaires ou mensuelles, devraient pérenniser, les différentes LAN régionales telles que nous les connaissons aujourd'hui risquent de ne pas assez élever leur niveau d'organisation pour attirer partenariats, joueurs et public, à l'exception, peut-être, d'un ou deux rendez-vous.
La réussite dans le développement de l'eSport résiderait donc également dans les grands événements spectaculaires, mais ponctuels, taillés pour attirer un maximum de monde, d'argent et de niveau de jeu, et dont la popularité est telle qu'ils attirent les (télé)spectateurs du monde entier. De tels critères d'exigence mettraient en avant la dimension professionnelle, si souvent vitupérée dans ce milieu.
Frédéric « Kaoru » Gau, manager Starcraft 2 de Team Acer
La DreamHack est l'exemple parfait d'un événement qui fait rêver et qui rassemble 10 000 personnes pendant cinq jours pour une passion commune. Pour le moment, la France n'est pas encore prête pour faire ce genre de choses, question de mentalité, mais on s'y approche lentement mais sûrement.
D'autres événements - absents en France aujourd'hui - plus axés sur le long terme pourraient bien sortir du lot. C'est pourquoi Millenium a décidé de franchir le pas en organisant le championnat francophone. Une compétition avec assez d'enjeux pour ne pas lasser les joueurs et dont le format hybride online et offline devrait assurer le spectacle. De plus, la chance est donnée aux joueurs méconnus de se frotter aux meilleurs à travers deux tournois qualificatifs. Car l'avenir de l'eSport, c'est également le renouvellement des compétiteurs. Des nouveaux venus qui suscitent l'intérêt des spectateurs.
Au final, la mise en avant de la scène francophone, le format unique et l'organisation sans faille devraient promettre un bel avenir à l'événement. D'autant que d'autres éditions sont prévues, à raison de quatre éditions par an.
Rémy « Llewellys » Chanson, manager Starcraft 2 de Millenium
L'idée d'un championnat a coulé de source à l'image des compétitions sportives afin d'offrir du spectacle tout au long de l'année et suffisamment d'enjeux pour motiver les joueurs français à s'entraîner et ainsi rester compétitif sur la scène européenne.
Voici quelques réactions sur l'annonce du tournoi de la part d'acteurs de la scène du sport électronique français :
Frédéric « Kaoru » Gau, manager Starcraft 2 de Team Acer
Une nouvelle compétition pour les Français est une bonne initiative, j'espère voir des nouvelles têtes dans la line-up de cette compétition, car il y a certains Français qui n'ont pas d'exposition, qui mérite d'avoir leur chance. Je pense qu'il est temps de faire un roulement entre les anciens et les nouveaux, pour ce genre de tournoi, cependant il est compliqué de faire une liste qui plaise à tout le monde
Kevin "illu" Vandini, manager Starcraft 2 d'Alt-Tab Gaming
Le fait que Millenium reprenne le flambeau avec ce genre de compétition est une chose énorme, car avec tout le sérieux dont fait preuve cette structure, les retombées pour la scène française ne peuvent qu'être bénéfique et ça ne peut que contribuer au développement de notre discipline. Donc j'en suis ravi. On aura l'occasion de revoir nos francophones se battre à nouveau entre eux, comme au bon vieux temps avec l'eGG-one. Ce type de compétition permettra également a de jeunes joueurs de nous montrer toute l'etendue de leur talent et c'est une bonne chose.