N°3 : La harpe
Dans la famille des jeux réchauffés, fa si la remodeler dirons-nous, je demande le père en mousseline de La Chance aux chansons qui d'une douce mélopée venait sevrer nos oreilles de gigues, accordéons et autres bals populaires. Contraint de redorer le basson du classicisme, qui a désormais remplacé la regrettée variété, le petit écran a doublé sa hanche, « Beethov'on the rocks » quitte l'écrin de la boîte à musique pour marier hautbois et synthétiseur, xylophone et violon électrique, un mélange des genres comme des instruments qui n'a rien à envier aux faisceaux lasers de la harpe de Jean-Michel Jarre. Dans un contexte musical si novateur et créatif (croyez en l'ironie de l'affirmation), la carrière d'une singulière harpiste allait crescendo, car si les flammes qui jaillissent d'une guitare fascinent Jimmy Hendrix et son public, cette musicienne atypique avait trouvé le moyen de plaire grâce aux coups de harpe qu'elle pouvait asséner avec fougue sur la binette d'un accompagnateur maladroit. Ce savant mélange de couleurs (les hématomes et les plaies ouvertes) et de brutalité offrirent à une médiocre harpiste la reconnaissance qu'elle escomptait, malgré le fait qu'elle n'eût la capacité de faire résonner un accord « harpégé ». La musique adoucit les mœurs qu'ils disaient, n'en croyez rien !