N°1 : Le lampadaire
« Il marchait d'un pas vif, rapide, léger, portant sous le bras son escabeau » écrivait Jean Mineur, ainsi déambulait dans les rues des métropoles, l'allumeur de réverbères, soucieux de l'éclairage public, attentif aux chandelles comme aux becs de gaz, ce sont les lumières de Joseph Swan qui lui ont épargné des ampoules. Quoi de mieux qu'un candélabre pour effrayer brigands et gens de mauvaise foi, attentifs pour leur part au halo des bourses de leurs victimes.
Faisant fi de l'agencement de l'espace urbain, un allumeur s'est découvert une âme de justicier, un lampadaire à la main, permettant aux détrousseurs de contempler les étoiles d'un peu plus près. Il avait surnommé son outil de travail, son bras armé, « Maniquéhein » (emprunté à l'exclamation populaire des vauriens qui se frottaient au lampadaire). Si Haussmann empêchait les émeutiers de monter des barricades, l'allumeur œuvrait quotidiennement contre les gredins noctambules, bien moins dangereux que les révolutionnaires. Désarmant ses assaillants d'un coup dans les dents, sa manière à lui de participer à la propagande d'Adrien Barrère, car « c'est ainsi que l'on prévient la menace bolchévique » avait-il lancé à Georges Eugène.