Alors que les intelligences artificielles dites "génératives" cristallisent tant la passion que l'indignation du grand public depuis l'explosion de ChatGPT et ses suivants, Square Enix a récemment pris position en faveur d'une exploitation "agressive" de ce nouvel outil, et cela ne tardera sans aucun doute pas à faire réagir les joueuses et joueurs.
Square Enix : l'intelligence artificielle partout, tout le temps ?
C'est dans un communiqué publié le lundi 1er janvier 2024 que Square Enix a révélé la stratégie que l'entreprise japonaise mettre en oeuvre en matière d'intelligence artificielle dans les années à venir. Et si certains auraient pu imaginer que les controverses à ce sujet auraient eu tendance à freiner cet éditeur (et les autres), il n'en est rien : le président de Square Enix, Takashi Kiryu, a d'ores et déjà annoncé la couleur en évoquant une politique a priori assez "agressive" en la matière.
Plus précisément, Kiryu expliquait dans son communiqué qu'il est conscient des débats académiques d'un tel outil, ainsi que ses implications à bien des égards. Pourtant, l'arrivée de ChatGPT s'est révélée bien plus prometteuse que de la simple génération de dialogues ou de la traduction, allant même jusqu'à pouvoir créer des images, vidéos et même de la musique relativement facilement et à un coût naturellement très réduit.
En ce sens, le directeur de Square Enix estime que les intelligences artificielles génératives ont le potentiel de "refaçonner non seulement ce que Square Enix crée", mais aussi de "changer fondamentalement ses processus de création, incluant la programmation". Un sous-entendu à peine caché donc qui implique vraisemblablement l'exploitation à bien plus grande échelle qu'auparavant de ces nouveaux outils technologiques dans tous les processus créatifs des jeux publiés dans les années à venir par Square Enix.
Square Enix : l'innovation avant tout... et les controverses
Cette déclaration de Takashi Kiryu n'a fondamentalement rien de très surprenant, et il ne serait guère étonnant que d'autres éditeurs prennent la même position dans les semaines à venir. Certains analystes consultants ont d'ailleurs déjà fait leurs prévisions en la matière pour l'année 2024 dans une interview accordée à GamesIndustry.biz, et tous sont d'accord sur un point : les intelligences artificielles génératives seront au cœur des processus créatifs de jeux vidéo dès cette année à grande échelle et dans à peu près tous les domaines. Certains évoquent même l'arrivée en 2024 des premiers PNJs (personnages non-joueurs) s'adaptant à tout un tas de particularités du joueur qui s'adresse à eux grâce à ces technologies.
Pour le moment, la position de la Justice à l'égard de ChatGPT et assimilés n'est pas parfaitement claire et peu de lois encadrent véritablement leur utilisation dans l'industrie vidéoludique. Il semble ainsi probable que les éditeurs s'emparent au moins temporairement de ce flou juridique afin d'essayer des choses et jauger la réaction du public face à ces tentatives... même si on sait que pour le moment leur utilisation a plutôt tendance à provoquer des levées de boucliers plus que de chaleureux applaudissements (à cause des droits d'auteur, des licenciements que cela implique, etc...).
Enfin, et pour en revenir à Square Enix, le président de l'entreprise japonaise a également révélé que d'autres technologies au moins aussi controversées que les intelligences génératives seraient exploitées dans certains de ses projets à venir : Blockchain, Web 3.0 et Cloud en tête de file. Des éléments eux aussi déjà prédits par certains des analystes susmentionnés, notamment Serkan Toto qui suppose que la franchise Final Fantasy sera la première à bénéficier de ces technologies, mais "probablement pas sous la forme d'un RPG traditionnel".