Photo : EVA
Cette année à la PGW on retrouvera plusieurs tournois esport. Parmi eux, il y en a un qui est un poil différent des autres… La Coupe de France EVA ! Pour les non initiés, ce sigle signifie “Esport Virtual Arenas” et cette discipline met la technologie VR à l’honneur. Dans des arènes virtuelles, deux équipes de 4 joueurs s'affrontent et se tirent dessus à l’aide de différentes armes à feu. Pour les mangeurs de cartes graphiques qui ont du mal à suivre, c’est un peu comme un Counter Strike ou un Call of Duty très immersif. Pour prendre le dessus, il faut de la précision, mais également une bonne stratégie.
De plus, un autre détail mérite également le détour. Parmi les 4 équipes qui composent le carré final de la Coupe de France EVA, 3 sont mixtes ! Même si dans les règles l’esport est généralement mixte, dans les faits ce n’est que rarement le cas. L’esport VR est peut-être moins ancien que d’autres disciplines, mais il fait figure de pionnier en la matière. Ironie du sort, les matchs EVA sont pourtant en moyenne beaucoup plus physiques que la majorité des jeux esport… Nous sommes partis à la rencontre de plusieurs capitaines afin d’en savoir plus sur leur passion.
Des capitaines avec de histoires différentes
La scène EVA se base essentiellement sur les différentes salles parsemées aux quatre coins de la France. Les équipes représentent un local et plus globalement une ville. La Coupe de France EVA porte donc bien son nom.
Le capitaine de l’équipe toulousaine, Anthony "ViitalD" Tersigny, est quelqu’un de très engagé. Il estime “qu’EVA prend 100 % de son temps libre”, en sachant en plus qu’il porte plusieurs casquettes : capitaine et manager. Après avoir découvert la discipline en 2021 via le Stream Battle de Doigby, il s’est naturellement lancé dans la compétition : “peu importe ce qu’il fait, il veut se mesurer aux meilleurs et vaincre”. On sent que c’est un leader dans l’âme. Chanelle, connue sous le pseudonyme de LaChanou a connu une trajectoire sensiblement différente. Elle a commencé par des petits tournois, mais sans “rejoindre d’équipe stable pendant 2 ans”, elle a fini par rejoindre l’équipe EDS (les Mureaux) dans un projet qui partait de zéro. À l’origine, LaChanou n’était pas capitaine, mais suite à la blessure du titulaire du poste, Gargouille, c’est elle qui a hérité de cette responsabilité… et au regard des résultats, l’équipe a continué sa progression sous sa gouverne. Enfin ASreaG, le capitaine de Troyes avait une route toute tracée… étant donné qu’il est responsable technique et esport de la salle EVA de sa ville. C’est lui qui a été “à l’origine de la création de son équipe”. En sachant qu’il a fait jouer ses réseaux… “sa copine, son frère et un ami” pour compléter son quatuor.
Si ASreaG travaille donc au quotidien dans une salle EVA, ce n’est pas le cas des deux autres capitaines. Anthony est Product Owner et Chanelle est technicienne de laboratoire. Ils ont tous des trajectoires différentes, mais ils sont reliés par la même passion.
EVA, une discipline compétitive physique, mais mixte !
Avec sa mixité, la scène EVA fait un peu figure d’ovni dans le monde de l’esport. C’est d’autant plus étonnant qu’il y a une dimension très physique pendant les affrontements. Chanelle souligne que chaque match “nécessite un véritable échauffement pour éviter toutes blessures”. Anthony détaille que chez eux, “il y a 15 minutes d'échauffements en mouvement et statique, puis environ 15 minutes de conditionnement mental” en sachant qu’un préparateur physique a même mis au point un programme d’entraînement spécial pour la Coupe de France EVA. Même son de cloche pour ASreaG avec de l’échauffement classique mais efficace :”course, montée de genoux, les chevilles…”. Les trois capitaines parlent d’un sport fractionné, notamment comparable au paintball. Alors que joueuses et joueurs se donnent sans compter, il n’est pas rare de finir la journée totalement épuisé.
Mais malgré cette dimension physique indiscutable, les équipes sont mixtes, contrairement à ce qui se fait dans la quasi-totalité des compétitions sportives et esportives. Chanelle n’a aucun doute : il n'y a pas de différence entre homme et femme, je suis persuadée qu'on ne peux pas savoir si c'est un homme ou une femme derrière un pseudo.” D’ailleurs EDS ne cherchait pas forcément à faire une équipe mixte. Mais c’est le niveau et l’expérience de la joueuse qui ont convaincu la cellule de recrutement. C’était un peu le même processus pour l’équipe de Troyes. ASreaG explique ainsi qu’au début “il ne pensait pas forcément à la mixité, mais au fur et à mesure on se rend compte que c’est carrément un avantage, aussi bien dans le jeu qu’en dehors.” Il n’y a pour lui “aucune différence biologique” notable. Anthony a quant à lui tenu à souligner “le talent et l'investissement de MAD”, la joueuse de son équipe. Ce sont sur ces deux critères qu’elle a été recrutée. Il estime que l’élément le plus important pour briller dans un match EVA, c’est le mental. Sur ce point, les femmes n’ont rien à envier aux hommes. “Une joueuse peut totalement rivaliser voir surpasser d'autres joueurs.”
Mesdames, vous êtes attendues encore plus nombreuses !
La mixité est donc bien présente avec 3 joueuses réparties dans les 4 équipes demi-finalistes. Mais la majorité des participants reste des hommes (13 sur 16). Il y a donc encore de la marge pour s’approcher d’une éventuelle parité. Anthony souligne que la communauté EVA est extrêmement bienveillante : “C’est la meilleure que j'ai pu voir de toute ma vie tout jeu et sport confondu”. Quelques joueuses montrent l’exemple, mais tout le monde peut se lancer. ASreaG félicite quant à lui sa coéquipier Kelly qui a déjà inspiré pas mal de joueuses, dès les débuts de la scène. Chanelle quant à elle insiste : “il ne faut pas avoir peur de se lancer”. Avec Kelly et MAD elles vont “prouver qu’elles ont leur place dans l'esport lors de cette PGW". Il y a de la solidarité féminine, mais la capitaine d’EDS n’oublie pas non plus son but premier… devenir championne de France ! Homme ou femme, elle n'hésitera pas à mettre des headshots.
Actuellement, il existe une petite différence notable entre les joueuses et les joueurs au sein de la scène EVA. Les joueuses ont plus souvent tendance à adopter le rôle de teneuses de ligne, plutôt que celui de rusheuses, dixit Chanelle. ASreaG acquiesce sur cette “différence de placement”. Mais les deux soulignent que ce n’est pas du tout du à une différence biologique. C’est disparité est à voir comme superficielle et s’explique avant tout par un nombre disproportionné de joueurs par rapport aux joueuses. Le capitaine de Troyes pense également qu’il y a peut-être une légère différence culturelle, par rapport à l’expérience et à la pratique du jeu vidéo. Mais dans tous les cas, cette différenciation est amenée à se réduire et à disparaître, dès que l’effectif des joueuses augmentera !