Il est assez rare qu'une critique commence par des remerciements, mais c'est pourtant le cas de celle qu'une partie des fans adresse à Riot Games. Ils remercient l'éditeur de League of Legends d'avoir banni Yuumi de ce MSI, en argumentant que la Gardienne du Grimoire est une championne qui "polarise le jeu" et permet des stratégies peu spectaculaires. Néanmoins ce ban n'était pas suffisant selon eux, et l'omniprésence d'Aphélios et Jinx aurait juste déplacé le problème.
Deux champions ultra dominants
Il est vrai que ces deux champions ont été sélectionnés à presque toutes les games, leurs deux autres concurrentes (Xayah et Zeri) étant plus souvent pick par défaut que par choix. Très peu d'équipes ont choisi d'autres ADC lorsqu'Aphélios ou Jinx était encore disponible. Lucian était présenté comme une bonne alternative, mais il fut plus souvent banni que disponible (40 bans sur la compétition).
Les compositions avec Aphélios ou Jinx étaient assez simples : il s'agissait le plus souvent de protéger l'ADC, avec des champions enchanteurs en support, front/support dans la jungle, un tank au top et un autre champion support/engage sur la midlane. Presque tous les matchs se jouaient autour de la botlane, rendant les games très semblables, provoquant une certaine lassitude chez les spectateurs.
Blâmer la meta plus que le champions
Se plaindre de la présence d'un champion est souvent peu pertinent. À ce niveau, les équipes ne choisissent pas un champion pour le plaisir, mais parce qu'il est efficace. Aphélios et Jinx n'ont pas été choisis pour leur look ou leur gameplay, mais pour leur efficacité. Si le meilleur choix était de jouer Twitch AP top, toutes les équipes essaieraient de pick le champion. Après, il peut être argumenté que cela fait plus de 6 mois que la meta professionnelle sur LoL tourne presque exclusivement autour de la botlane, que ce soit pendant les Worlds avec des duos comme Lucian/Nami ou pendant ce MSI avec Jinx et Aphélios.
Il est souvent arrivé que pendant les tournois internationaux, une ou plusieurs équipes parviennent à casser la meta avec des compositions originales. L'exemple le plus célèbre est le pick de Miss Fortune pour contrer Zyra support lors des demi-finales des Wolrds de 2016, mais cet exemple est loin d'être unique. Seulement cette situation ne s'est pas produite au MSI, et malgré quelques tentatives (le pick Draven d'Hans sama par exemple), la meta n'a jamais été bouleversée.
En plus, dire que les matchs se ressemblaient tous est un raccourci un peu facile. Entre les Ahri, Annie,Nautilus,K'Sante, et Lissandra mid, il y a aussi eu quelques tentatives pour dynamiser les parties, avec des picks plus roaming comme Taliyah. où de vrais champions carry au mid comme Jayce ou Sylas. Cela est tout aussi vrai pour la jungle, où Viego, Kindred et surtout Kha'Zix ont réussi à se démarquer. Enfin, comment ne pas citer la toplane, avec des joueurs comme Bin qui forçaient régulièrement des bans de Gwen et/ou Jax. Pour faire une comparaison simple, si il est vrai que les spectateurs n'ont mangé que des pâtes pendant le MSI, la sauce était différente à chaque fois.
Si cette meta est problématique pour le spectateur, elle n'est que la conséquence logique des derniers changements voulus par Riot Games et les joueurs. En choisissant de renforcer la botlane en 2022, à cause de son impact limité en soloQ (ce qui était parfaitement vrai à ce moment là), la meta professionnelle s'est de nouveau centrée dessus. C'est l'une des grandes difficultés à laquelle est confrontée l'équipe d'équilibrage, car il faut non seulement proposer une expérience agréable aux joueurs de n'importe quel poste dans les parties solo, mais aussi au spectateur en permettant une meta diversifiée sur la scène professionnelle. Si la critique des spectateurs formulée après ce MSI est véridique, la solution n'est pas forcément simple à trouver.