Photo : European Masters
La scène française de League of Legends va bien et continue à se développer avec la LFL. Les nouveaux arrivants cette année ont réussi leurs débuts en se qualifiant tous les deux pour les playoffs. La Karmine Corp s'est particulièrement illustrée en finissant championne de France dès son premier segment, au plus grand bonheur de ses ultras.
Après le titre de champion de France, les coéquipiers de Lucas "Saken" Fayard peuvent maintenant viser un titre de champion d'Europe aux European Masters, compétition qui a déjà souri aux structures françaises. On rêve déjà de voir le Blue Wall s'abattre sur le Main Event, mais, si notre biais paraît évident, et qu'on ne cache pas notre partialité, en revanche nous ne sommes pas les seuls à voir la KCorp au sommet. Pour beaucoup de commentateurs européens, les champions de France sont très largement les favoris de la compétition.
Si la LFL fait sûrement partie du haut du panier, la compétition restera rude et il faudra se notamment se méfier des équipes polonaises, allemandes ou encore espagnoles. Cela dit, cette année, la France semble avoir un coup d'avance. Mais peut-on vraiment dire objectivement que la LFL est la meilleure des ligues européennes régionales ?
Historiques des précédents tournois : la LFL en position de force ?
Depuis 2018, 6 éditions des Europeans Masters ont vu le jour. Le format et la diversité des équipes a évolué avec le temps, mais la France conserve une position plutôt dominante au sein du palmarès historique. Ses représentants ont gagné deux fois la compétition : Misfits Premiers (Spring 2019) et LDLC OL (Spring 2020). L'Espagne a remporté deux fois les deux premières éditions avec Origen puis MAD Lions, mais à l'époque le niveau était bien moins relevé — et nos voisins semblent moins dangereux ces derniers temps.
Le danger se trouve plutôt chez les Polonais d'Ultraliga (tenants du titre avec AGO ROGUE) et les Allemands de la Prime League (enfin les germanophones) qui ont remporté une fois chacun le titre (AGO Rogue et BIG). Ils se montrent d'ailleurs plus réguliers que nous puisque ces deux ligues comptent également deux deuxième places — là où les Français ont plutôt tendance à all in.
Cela dit, l'histoire retient bien plus les victoires que les places d'honneur et, à cet égard, la LFL a un léger avantage "historique" sur ses autres concurrents du Big 4.
Le talent individuel : de grosses individualités en LFL
Au-delà de la force collective, on peut également évaluer le niveau d'une ligue avec les talents individuels de ses joueurs. La ligue française n'a pas vraiment à se plaindre de ce côté là. D'ailleurs, la preuve de ces performances n'est pas loin : il suffit de constater le nombre d'anciens joueurs de la LFL qui évolue désormais en LEC.
On pense notamment à Jean "Jezu" Massol, Kristian "TynX" Østergaard Hansen ou à Vincent "Vetheo" Berrié. Si on pointe l'objectif de la lunette dans la direction opposée, les équipes françaises présentes aux European Masters peuvent toutes compter sur des joueurs qui ont goûté à l'élite européenne. Que cela soit la Karmine Corp (Targamas, Saken, Cinkrof), Misfits Premier (Woolite, Jactroll) ou Vitality.Bee (Memento, Hustlin), toutes nos équipes sont bien armées. Mais que dire des autres grosses ligues ?
- Les Polonais peuvent se targuer d'envoyer régulièrement des joueurs au plus haut niveau européen par la suite. L'ancienne line-up de Rogue AGO avait ainsi beaucoup animé le dernier mercato avec, entre autre, la promotion de Adrian "Trymbi" Trybus chez Rogue. En revanche, l'Ultraliga n'attire pas particulièrement les vieux loups. On ne retrouve ainsi pas de joueurs très connus chez AGO Rogue, K1CK et Illuminar Gaming cette année.
- Les germanophones comptent également plus sur des jeunes joueurs ambitieux que des valeurs sûres de la scène européenne; On remarque surtout que cette année ils se présentent avec beaucoup d'anciens pensionnaires de la LFL : Nuclearint, SLT, Karim kt, Enjawve... C'est un peu triste pour nous, mais si on suit une logique de chaîne alimentaire cela place la Prime League en-dessous de la LFL.
- La ligue espagnole a elle perdu se sa superbe avec les années. L'époque dorée où Selfmade, Nemesis et Crownshot martyrisaient les European Masters semble aujourd'hui bien loin. Parmi les membres du Big 4, c'est celle qui a l'armada la moins imposante.
Sur ce point, la LFL sort une nouvelle fois avec un léger avantage.
La nationalité des joueurs : le bât qui blesse
Les ligues régionales européennes ont notamment pour but de faire émerger de jeunes talents au niveau national pour les préparer ensuite au plus haut niveau. Ce n'est pas le seul objectif, mais la LFL cherche quand même à faire émerger des talents français, là où l'Ultraliga espère former les futures stars polonaises. Et à ce petit jeu, la ligue française fait figure de mauvais élève. Certains diront que les structures françaises ont les moyens de recruter à l'international et qu'il ne faut en conséquence pas se priver d'importer des talents. Mais il faut espérer ne pas devenir comme les LCS qui payent chaque année leur manque de talents locaux.
Sur les 15 joueurs titulaires des équipes du Big Four, la LFL a au final très peu de talents locaux.
- Ultraliga (Pologne) : 13 joueurs locaux
- Prime League (Allemagne, Autriche, Suisse) : 7 joueurs locaux
- LVP (Espagne) : 6 joueurs locaux
- LFL (France) : 2 joueurs locaux
La puissance à court terme d'une ligue ne dépend pas de la nationalité de ses joueurs. On peut donc espérer qu'aujourd'hui encore la LFL soit la meilleure ligue européenne régionale. Cependant sur le long terme il faudra surveiller avec attention les évolutions et faire attention à un possible déclassement... En attendant place au jeu et que la meilleure équipe gagne ces European Masters.