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Esport - Rainbow Six Siege : Entretien avec Spoken, coach chez TrainHard

Esport - Rainbow Six Siege : Entretien avec Spoken, coach chez TrainHard
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Il s’appelle Jonathan Nolasco, il a 29 ans et il nous reçoit en direct du bootcamp de sa nouvelle organisation, TrainHard, pour évoquer sa reconversion en coach, lui qui détient l’un des palmarès français les plus fournis. Entretien qui transpire l’accent du sud et les cigales.

Esport - Rainbow Six Siege : Entretien avec Spoken, coach chez TrainHard

Quelle belle journée, n’est-ce pas ?

Clairement ! (Rires) Avec tout ce qui nous était arrivé ces derniers temps, on peut dire que oui, c’est une belle journée.

Que vous est-il arrivé de si compliqué ?

On a eu quelques difficultés à trouver une structure après qu’on ait appris que Tempra Esports ne renouvèlerait pas nos contrats. Derrière, on a eu, en plus, des départs de joueurs. Mais on arrive finalement à conserver notre place en European League en rejoignant TrainHard et en remontant une équipe très intéressante. Donc ça va.

On reviendra sur ce sujet un peu plus tard, mais, avant cela, tu peux nous expliquer comment on peut passer d’électricien sur les chantiers à l’esport professionnel ?

(Il éclate de rire et reprend sur une touche plus sérieuse) C’est simple : quand j’étais encore un petit collégien, en 2006, j’ai découvert Counter-Strike 1.6, sur lequel j’ai passé énormément d’heures, jusqu’à ne plus aller vraiment en cours. Exemple à ne pas suivre, forcément ! (Rires) J’ai fait plein de LAN par-ci par-là, en essayant de graviter autour de la compétition professionnelle. Dès que CS:GO est sorti, j’ai migré dessus. Mais quand R6:S est sorti, je me suis dit : c’est ce jeu. C’est ce jeu sur lequel je dois évoluer. C’est ça qui m’a fait lâcher Counter-Strike alors que j’étais à 100% focalisé dessus.

À ce point-là ?

Oui. Tu ne pouvais pas me faire toucher autre chose. Pas de Call of Duty ou de Battlefield… (Rires)

C’est donc sur R6:S que tu vas construire ta carrière. Comme pour l’OM dans le football, Yunktis, ton premier projet à haut niveau, est d’ailleurs devenu le premier club français à remporter la Pro League. Comment s’est construit ce succès de l’intérieur ?

Au début, je ne faisais que des petites équipes. Je ne trouvais pas vraiment ce qui me convenait, jusqu’à ce que je tombe sur une annonce de Yunktis. J’ai posé ma candidature et j’ai été pris. Ensuite, on a fait toutes les qualifications pour la Pro League et l’histoire s’est écrite d’elle-même. Tous les rôles au sein de l’équipe étaient prédéfinis : Sixquatre (Benjamin Leray, NDLR) avait monté le projet avec Falko (Vincent Baucino, NDLR), il s’occupait de tout ce qui était stratégie, et nous on était un peu plus focalisé sur l’apprentissage du jeu et notre viseur. On a beaucoup joué, car on avait la « chance » d’être cinq joueurs over dispos, car tous au chômage. C’est ce qui a peut-être permis de prendre une petite avance sur les autres équipes et sortir du lot.

La réussite ? Signez ici, s'il vous plait - Rainbow Six Siege
La réussite ? Signez ici, s'il vous plait

L’année suivante, tu remportes la première édition de la Challenger League, avec Christophe « Chaoxys » Soares, Aherys, Voy et Hicks, du côté d’unKnights. Tu ne serais pas le genre de gars qui réussit tout ce qu’il entreprend du premier coup ?

J’aimerais bien (Rires.) Pour faire court, après Yunktis, je me suis rapproché de Chao et de son équipe. On s’est mis à travailler. Les basiques, parce qu’on a fait les qualifs 48h après avoir monté l’équipe. Mais on a beaucoup bossé derrière et on a déroulé jusqu’à remporter le titre.

En LAN ou sur les serveurs vocaux, il y a quelqu’un qui t’accompagne tout le temps, ton papa, aussi surnommé Mimo. Comment expliquer le lien aussi fort qui vous unit ?

Comme pour pas mal de gens à leurs débuts, ça a été compliqué de faire comprendre ma passion pour les jeux vidéo. Te déplacer de LAN en LAN, avec un PC qui coûte mille balles, ça peut faire peur aux parents. Mais il a commencé à me suivre dès qu’il a vu du concret, notamment quand on s’est qualifié pour les finales de la Pro League et que j’ai dû me rendre à Leicester. À ce moment-là, il a pris conscience que l’esport avait un potentiel et allait exploser.

Tu n’as vraiment aucun gamer dans ta famille ?

Pas du tout ! Mon père ne sait même pas tenir une souris (Rires.) C’est un collègue à moi qui m’a fait découvrir CS et tout est parti de là.

Quand tu dis un collègue, tu parles d’un ami ?

Oui, c’est ce qu’on dit par chez nous ! (Rires)

Tu fais partie de la génération de joueurs qui ont dû se professionnaliser esportivement en ayant un métier totalement différent à côté. Dans le BTP la journée, sur les serveurs compétitifs le soir : ça a dû être très éprouvant non ?

C’est beaucoup d’investissement. Surtout quand tu es en couple. Il faut arriver à faire beaucoup de concessions, de compromis, et avoir le sens de l’organisation.

Finalement, le premier salaire « acceptable » que tu vas recevoir viendra d’un statut de… coach. Lorsque tu rejoins Tempra, fin 2020. J’imagine que ça a dû te faire un bien fou ?

Je n’ai pas eu la chance d’être rémunéré convenablement en tant que joueur. J’ai donc dû repartir travailler dans mon domaine de base à un certain moment. Mais c’est sûr que quand Tempra est venu me voir pour travailler à temps plein sur le jeu, ça a été une réussite personnelle.

Un contre-jour parfait - Rainbow Six Siege
Un contre-jour parfait

À côté du coaching professionnel, tu enseignes depuis quelque temps du Rainbow Six dans une école d’études-esport. C’est important pour toi la transmission du savoir ?

C’est important, oui. J’adore partager mon expérience. Que ce soit dans le jeu, ou même en dehors du jeu, j’aime apprendre aux jeunes ce que je connais. Donc pour moi la reconversion a été quelque chose de logique.

Même si à 29 ans tu as une certaine légitimité de vécu, comment obtient-on le respect des jeunes joueurs ? Ton palmarès et ton expérience sur le jeu doivent beaucoup aider non ?

Le palmarès joue un minimum. Même s’il commence à dater et qu’ils me taquinent en me traitant de boomer (Rires.) Plus sérieusement, je pense que le plus important c’est de savoir trouver les bons mots pour leur parler, et ensuite leur faire comprendre les choses. Parfois, tu peux tomber sur des personnes qui s’expriment mal, qui ragent ou qui vont mal parler aux autres. Ça peut vite braquer un joueur d’une vingtaine d’années qui est encore frêle ou qui a le sang chaud. Donc il faut pouvoir dialoguer avec les jeunes, avant de pouvoir travailler avec.

Malgré des résultats encourageants avec Tempra, vous reprendrez bientôt votre chemin en European League sous le maillot d’une nouvelle structure, TrainHard, et sans trois de vos anciens camarades. Que s’est-il passé ?

Nos contrats n’étant pas renouvelés, on a rapidement cherché une organisation qui obtiendrait la licence d’Ubisoft pour conserver notre place en European League. Dans le même temps, il y avait une période d’essais sur la scène. On a donc autorisé nos joueurs à faire des tests chez d’autres clubs. Logique, étant donné qu’on ne savait pas de quoi notre futur serait fait. Certains d’entre eux ont été intéressés parce qu’ils ont vu, et ils ont donc décidé de tenter l’aventure ailleurs. De notre côté, on s’est retrouvé un peu à court de solutions et on devait donc trouver des joueurs et une structure.

Il a fallu être fort dans les têtes de Chaoxys, Dirza et Tortank, le manager de l’équipe, pour surmonter cette épreuve non ?

C’est sûr… Après, personnellement, je sais comment fonctionne l’esport. C’est toujours pareil depuis le début, il y a très peu de stabilité. Là chose pour laquelle je suis le plus déçu, c’est que c’est une équipe qui était stable depuis plus d’un an, avec des résultats loin d’être dégueulasses. Je trouve donc dommage qu’il n’y ait pas eu de suite, mais c’est l’esport. Maintenant : nouveau challenge. Et en tant que coach, je suis prêt à relever ce défi.

Que penses-tu du choix de P4 et Shiinka de rejoindre Vitality ?

De mon point de vue, c’est un choix de carrière. Rejoindre une structure comme Vitality, je pense que c’est le rêve de pas mal de jeunes à l’heure actuelle. Donc je peux comprendre ce choix. Mais bon, par rapport à ma vision des choses, là où je pense qu’ils n’ont peut-être pas pris assez de recul, c’est que l’équipe qu’ils avaient était très stable, avec des résultats positifs, et repartir de zéro, sans certitudes… (Il marque une pause avant de conclure) Je trouve que c’est un gros pari.

L'œil du tigre - Rainbow Six Siege
L'œil du tigre

Ces deux-là, en rejoignant les Vés, resteront en EUL. Mais qu’en est-il de Voy, qui réalise un pas en retrait en s'éloignant de ce championnat ?

C’est quelqu’un qui aime la stabilité et la tranquillité. Alors, quand il a vu deux joueurs partir, le fait de devoir reprendre les choses à zéro, avec un déménagement à gérer dans la même période, je pense qu’il s’est dit que faire un pas en arrière pour avoir un peu plus de temps pour lui pouvait être quelque chose de bien. Quand tu es en EUL, il y a beaucoup de bootcamps, beaucoup de travail, il avait peut-être besoin de lever un peu le pied.

Dans l’opération, vous récupérez de votre côté deux pépites : BlaZ et NoerA. Qu’est-ce que tu réserves à ces deux-là pour leur évolution ?

Ils seront épaulés par trois gros noms de la scène internationale. Des joueurs qui connaissent bien le circuit professionnel et la mentalité à adopter. Ces trois joueurs — avec nous, le staff — vont pouvoir apporter énormément de choses à ces jeunes esportifs, dans un environnement sain et propice à la progression.

Après un an d’inactivité, Spark fera son retour sur la scène Rainbow Six au sein de votre collectif. Pourquoi avoir fait appel à lui ?

En sachant qu’on allait récupérer deux joueurs qui n’avaient jamais connu le niveau exigé en European League, on s’est mis en quête de trouver un dernier joueur d’expérience. En fin de mercato et pris de court, il n’y avait plus énormément de possibilités. Mais Spark étant disponible, lui faire une proposition était quelque chose de logiquement naturel, étant donné l’énorme expérience qu’il a accumulée sur la scène internationale.

Il n’y a pas un risque qu’il ait trop perdu de son savoir-faire après une pause aussi longue ?

Non ! Il propose un niveau plus que correct. Il a continué de jouer, il a fait des tests à droite à gauche et a passé beaucoup d’heures à s’entretenir. Ce n’était pas une pause nette. Dès les premiers entraînements, il proposait clairement quelque chose qu’on recherchait.

En parlant de joueurs français en pause à grande expérience, il y a en a que l’on aurait bien vu vous rejoindre : Théophile « Hicks » Dupont. Qu’est-ce qu’il devient ? Tu as des nouvelles de lui en tant qu’ex-coéquipier ?

Il s’est sûrement retrouvé au cœur de la shortlist de pas mal d’équipes. Mais c’est un cas spécial (Rires.) Pour le moment, je pense qu’il a besoin de continuer la pause qu’il a entrepris, même si je n’ai pas de doutes quant au fait qu’on le reverra prochainement sur la scène.

Tu penses que ce roster a les moyens de faire de meilleurs résultats que son prédécesseur ?

On ne peut pas trop en parler tout de suite, car c’est tout neuf. Mais j’ai confiance. Le jeu proposé sera différent de celui qu’on proposait à l’époque et on peut faire quelque chose de très correct. Je crois en notre projet.

Le 18 mars prochain, début de la nouvelle saison d’European League, face à tes anciens mates et staff, Jahk et DraZ de chez NaVi. Quel camp va le mieux rentrer dans la tête de l’autre ?

DraZ reste mon coach référent depuis le début. Mais ça serait une belle chose pour moi de remporter ce match, et de pouvoir le chambrer derrière (Rires.)

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Vitality change de visage sur Rainbow Six Siege

La structure française opère un retour à ses origines tricolores en recrutant trois joueurs de la scène nationale. Les joueurs étrangers eux, dont le très réputé Fabian, sont écartés.

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Christopher Lima
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Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

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