La nouvelle est tombée comme une bombe, hier soir, sur le réseau à l’oiseau bleu : Tempra Esports va se séparer de son line up français. Celui-là même qui avait réalisé la montée en European League en 2020, avant de réaliser une saison intéressante sur les serveurs. À savoir : une sixième position acquise dans un championnat plus que relevé, la participation au Six Major européen de novembre, et le fait d’avoir été proche de rejoindre le Six Invitational.
Ce sont les joueurs et leur staff qui ont tous posé la nouvelle, via un tweet uniforme, annonçant leur disponibilité individuelle sur le marché avant la fin de leur contrat effective en mars prochain. Côté structure, aucune raison n’a pour le moment été livrée, même si des raisons économiques pourraient se trouver en amont de la décision.
Deux scénarios peuvent désormais survenir. Le premier : Tempra Esports n’a pas renouvelé ses joueurs pour une question de résultats (ce qui paraît toutefois peu probable) et compte renouveler totalement son roster pour le prochain exercice. Si le nom des Italiens de Mkers a été murmuré par-ci par-là, cela ne pourrait pas être le cas des cinq joueurs, puisque pour remplacer complètement un roster d’une saison à l’autre, une organisation doit aligner deux joueurs qui ont évolué la saison précédente en European League, ou son équivalent dans les autres régions du globe.
Ce qui nous amène au second scénario : la structure italienne pourrait décider de vendre sa licence — les emplacements de ligues régionales sont légués par Ubisoft aux clubs dans une sorte de partenariat — à une autre organisation, en réalisant une plus-value ou en récupérant une partie de l’argent qu’elle a investi depuis son arrivée sur Rainbow Six. Sans prendre en compte l’équipe française dans l’opération donc, potentiellement vue par Tempra comme un frein aux négociations, avec la volonté de vendre vite sans trop de contraintes.
En cas de rachat de la licence, un nouveau club d’European League pourrait décider de recruter tout ou partie des ex-Tempra, ou une nouvelle équipe construite en respectant la règle précédemment citée. En attendant, que vont devenir P4 et compagnie ? Si un club achète la licence à Tempra et décide de les recruter, alors ils pourraient se maintenir dans la division en respectant le règlement établi en amont par Ubisoft. Sinon, ils seront libres d’être recrutés chacun de leur côté par d’autres organisations, ou de stopper leur carrière.
Subsiste aussi le fait de tout reprendre de zéro, en conservant le même groupe de joueurs, même si cette idée a peu de chances de devenir une réalité. Pour la communauté, passionnés et professionnels en tête, cela est donc vécu comme un drame. Les joueurs ayant longtemps combattu pour faire leur trou jusqu’en EUL, il est en effet difficile de comprendre ce cruel épilogue.
Subsiste alors un acteur qui serait capable de modifier légèrement les règles du jeu pour structurer plus efficacement le circuit et mieux protéger les intérêts des joueurs dans ce genre de situation. Ubisoft, l’éditeur de Rainbow Six Siege, également principal organisateur de ses tournois et de ses règles, n’est en effet pas confronté pour la première fois à ce problème de passation / retrait de licence dans une ligue majeure, après les cas eUnited, Evil Geniuses et Luminosity Gaming aux États-Unis.
S’il était autrefois très important de donner davantage de pouvoir esportif et de partage de revenus aux clubs présents à haut niveau sur la scène, afin de consolider celle dernière sur le long terme en alliant le savoir-faire de l’éditeur, celui des grandes structures esportives, et des joueurs, la question de la protection des intérêts de ces derniers devrait désormais devenir le principal chantier à venir dans la transition de l’ancien circuit professionnel de la discipline vers son nouvel écosystème.
Une prise de responsabilité et une meilleure communication pourraient-elles être le remède à tous ces problèmes ? Rien n’est moins sûr.
© Tempra Esports