Vitality a beau ne pas avoir gagné de Major hier, les émotions, elles, traduisaient la sensation d’un tout comme ; qu’elles soient palpables chez un apEX fêtant de manière virulente un clutch inscrit, ou chez Cnd, présentateur d’un média français de Counter-Strike, dont la voix fut tremblante au moment d’avouer avoir vécu l’une des plus belles histoires du Counter-Strike français. Une chose est sûre, même si l’événement en question ne représentait « que » l’Europe, rassemblée en ligne plutôt qu’en LAN : pour la France de Counter-Strike et Vitality, il y aura un avant et un après-IEM Beijing.
Réunissant plus de 28.000 spectateurs sur son stream hier soir (un record en matière de CS:GO dans l’Hexagone), la chaîne d’1PVcs a retransmis une finale dantesque : la cinquième de Vitality en 2020, avec pour grand scénario le fait d’avoir perdu les quatre premières. Et une remontada, aussi, accessoirement. Puisque Vitality a été dans un premier temps mené par deux maps dans un Bo5 qui sera finalement remporté, notamment grâce à un grand ZywOo inscrivant un move dans la postérité.
Heureux bourreau des Russes de Natus Vincere et de leur tsar Aleksandr « s1mple » Kostyliev (3-2), Vitality n’a pas seulement gagné une finale qui se faisait (trop) attendre. Non, les Vés ont fait plus que ça, puisqu’ils ont remporté un tournoi au meilleur du pire des moments : après avoir perdu son leader en début d’année, remplacé au pied levé par un autre joueur de la formation sans véritable expérience dans ce domaine (apEX) ; après avoir recruté un rookie de 17 ans (misutaaa) et avoir parfait sa formation ; au beau milieu d’une crise économique et sanitaire échaudant toute une industrie et toute une pratique déjà touchée par des cas d’épuisements professionnels ; et surtout — par conséquent, pour pallier tous ces problèmes — après avoir dû mettre en place un système de rotation de joueurs sur une scène sceptique quant à ce genre de pratique.
Pour tout un tas d’autres raisons (les clutchs de shox, la régularité de RpK, l’intégration du prometteur Nivera, la mise en lumière évidente de l’apport du staff encadrant, en premiers lieux), ce match a été la traduction sur le serveur de nombreux symboles. Une œuvre d’art, véritable, trônant désormais dans la salle des grands moments du CS francophone. Une parenthèse de bonheur, en ces temps difficiles. Et une certitude : Vitality est actuellement sur le toit du monde, avec un nouveau statut. Celui d’une équipe devenue régulière, difficile à battre, et innovante. Ses deux prochaines sorties ? Ce sera lors des finales automnales du BLAST Premier (8-13 décembre), et les IEM Global Challenge (15-20 décembre). L’occasion rêvée pour elle de pouvoir catapulter une nouvelle dose de dopamines à tous ses fans.
Photo : HLTV