Après des Grandes Finales pleines de rebondissement et d'émotions, le calme s'est petit à petit réinstallé sur la compétition Overwatch. San Francisco Shock, gagnant de la Saison 2, s'est réinstallé sur son trône, malgré la résistance des équipes asiatiques Shanghai Dragons et Seoul Dynasty.
Philadelphia Fusion, qui avait pourtant fait une saison exemplaire, et qui tentait une nouvelle fois la course au titre avec notre frenchie Poko, s'est écroulée devant Shanghai et Seoul. Que ce soit la faute aux conditions particulières, qui ont amené les deux équipes américaines en Asie, ou tout simplement la méta qui leur était moins favorable, Philly n'a pas réussi à remonter la tête, et a dû s'incliner.
C'est dans ce calme après la tempête qu'on a commencé à recevoir des nouvelles de la compétition. Entre les Contenders qui reprennent des couleur et à qui Blizzard offre même le privilège d'un skin IG, et les rumeurs concernant Overwatch 2 et la saison prochaine d'Overwatch League, on a pu avoir quelques insights sur ces sujets.
Retour sur cette année
2020 avait été annoncée comme l'année des homestands. Chaque équipe devait recevoir, à domicile, au moins trois semaines d'Overwatch League. Un rêve en perspective pour de nombreux fans, mais aussi pour les joueurs, staff; et même commentateurs. Si les premières semaines ont pu voir quelques-uns de ces homestands réussir avec brio, les choses ont très vite capoté, et on en sait tous aujourd'hui la raison.
En effet, le Covid-19 s'est abattu sur le monde, annulant d'abord les homestands asiatiques, et face à la pandémie, tout le système de match à domicile s'est écroulé, comme un château de cartes. Un par un, les gouvernements interdisaient, avec raison, les rassemblements. Les matchs annulés, l'énorme machine de l'OWL risquait de s'écrouler et n'avait qu'un seul choix viable : se réinventer.
D'un format où les voyages étaient omniprésents, au point où certains posaient la question de leur viabilité, la Ligue a du faire une énorme transition vers un format en ligne avec deux régions : Amérique et Asie. Pour soutenir ses franchises, une des solutions que Blizzard a amené sur la table a été de suspendre les frais qu'elles devaient payer à la Ligue. Sur le sujet, Jon Spector a assuré que Blizzard travaille de concert avec les équipes, afin de les soutenir au mieux : "Nous continuons de travailler en partenariat avec nos franchises, au cours d'une année difficile, afin de nous assurer qu'elles bénéficient de tout le soutien dont elles ont besoin pour réussir". Malgré les difficultés, cette transition en ligne a permis beaucoup d'expérimentations, et notamment l'arrivée des tournois mensuels, qui ont été une bouffée de fraîcheur pour les équipes et les fans.
Le May Melee, le Summer Showdown et enfin la Countdown Cup ont permis de voir la résurgence de plus petits tournois, se déroulant sur un mois entier, et offrant un but direct à toutes les équipes. Pour Adam Mierzejewski, "L'addition des tournois est une solide extension de la saison régulière." Gloire et argent étaient mis sur la table et ont été une excellente occasion de remotiver les troupes. Adam rajoute en riant que, selon lui, "il n'y a pas une seule personne qui, en revenant sur cette année, puisse dire que les tournois mensuels n'étaient pas bons."
Parmi les changements, on compte aussi les bans de héros, qui ont eu lieu pendant un long moment, avant d'être retirés. Une autre des craintes de Blizzard était notamment la stagnation des méta, qui leur avait été énormément reproché du temps de la composition GOAT — qui avait régné sur la seconde saison de l'Overwatch League. Et si on peut dire une chose de cette année, c'est que la variété a été très présente pendant cette Ligue.
A-t-on atteint le meilleur état du jeu compétitif ? C'est compliqué de le dire, et cela nécessite de mettre les choses en perspective. Selon Jeff Kaplan, "La plupart des joueurs diraient que dans une méta idéale tous les héros seraient viables d'une certaine manière, en compétition." Pour lui, ce but est très compliqué à atteindre d'un point de vue de game design et de l'équilibrage, et au final, "l'idéal, c'est quand la méta est fluide, quand elle est plus dépendante de la carte ou des équipes qui s'affrontent que statique." Avoir une méta fluide, permettant curiosité et inventivité, c'est mettre en avant le côté excitant du jeu, que ce soit pour les spectateurs, mais aussi pour les joueurs, et aussi amener la surprise dans chaque nouveau match.
Un des atouts de l'OWL, c'est d'avoir une ligue sœur : la Call of Duty League. Les deux instances ne fonctionnent pas totalement ensemble, mais elles discutent, et s'inspirent l'une de l'autre. "Nous sommes en contact avec la CDL tout le temps, probablement tous les jours" nous expliquait Sean Miller. Parmi les innovations qui ont pu arriver de la CDL, on peut compter les tournois mensuels, qui sont inspirés de leur modèle de tournoi. Un autre exemple vient de la façon dont les phases finales ont été organisées, et notamment sur le seeding des équipes. Ce système, où les équipes les moins bien classées ont un parcours bien plus difficile que celles du top classement vient de l'exemple de la CDL.
Passer en ligne, c'est forcément se passer du public. Et créer une certaine distance entre supporters et joueurs, qui était censée être abolie cette année grâce aux homestands. La grande majorité de la Ligue, aussi bien joueur, que membres du staff, mais aussi des casteurs étaient dans une grande demande de cette relation avec le public. Pour Mitch Leslie, "le travail a vraiment été différent cette année, et, en quelque sorte, plus académique." Le format en ligne a aussi imposé la création de deux mini ligues, une en Asie, et une en Amérique, avec des équipes qui n'auront jamais pu s'affronter, créant des microcosmes différents, jouant avec des métas légèrement différentes. Un des grands atouts de la saison 2 avait été la grande rivalité entre San Francisco Shock et Vancouver Titans, qui s'était construite tout au long de l'année, et qui avait atteint son climax durant les grandes finales.
Cette année, il aura fallu attendre la toute fin de la saison pour enfin avoir quelques matchs entre les équipes des deux régions. Il aura fallu attendre la fin de saison pour voir une histoire se créer, lors des Grandes Finales, afin de découvrir qui était LA meilleure région. Salome "Soe" Gschwindon a exprimé les choses ainsi : "même s'il n'y a pas eu le public pour créer de l'engouement sur place, je pense qu'individuellement, nous étions tous tellement excités de voir enfin ces équipes se mesurer les unes aux autres et s'affronter pour voir enfin quelle région était la plus forte." Au final, la réponse s'est avérée plus compliquée à trouver, et on a surtout revu l'équipe de San Francisco Shock, certes moins imposante que l'année dernière, mais tout aussi imbattable. A-t-on atteint l'étape où San Francisco est devenu indétrônable ?
Pour autant, s'ils devaient choisir de jouer dans une équipe, Jeff Kaplan et Jon Spector ne choisissent pas l'équipe californienne. Jeff lui préfèrerait Fusion et s'explique ainsi : "Je pense qu'ils ont montré une grande persévérance" malgré la défaite, ils auront toujours continué à se battre. De son côté, Jon Spector partirait à Shanghai en tant que Chopper. S'il rebondit sur les paroles de Jeff Kaplan, à propos de ce qu'à vécu Fusion — être si proche du but et pourtant échouer — il ne peut pas s'empêcher de penser aux Dragons. "Un de mes matchs préférés de l'histoire de l'OWL a été la première victoire des Dragons à la Blizzard Arena en 2018. Ce fut un moment incroyable." Il explique aussi son choix en parlant de l'arc de rédemption qu'à vécu l'équipe, et on ne peut que le comprendre. Partir de l'équipe la plus faible de l'OWL, pour finir en étant considéré comme une des toutes meilleures cette saison, c'est assez incroyable pour être noté.
La grande absence de cette année : la Coupe du Monde
S'il y a bien une compétition dont les Français raffolent, c'est bien celle-ci. Qui n'avait pas eu de frisson en voyant l'annonce de l'équipe de France #AvecleVI de l'année dernière ? Qui n'a pas vibré lors des matchs, qui n'a pas été en feu lors de la victoire historique contre la Corée du Sud, réputée imbattable ? Qui n'a pas crié SOOOOON devant son écran ou sur place lors des phases de groupe à Paris ?
Alors que nous arrivons bientôt à la date fatidique de son début lors des années précédentes, aucune annonce n'est arrivée. Pire encore, la BlizzCon, où ses phases finales avait lieu, a été décalée à l'année prochaine. L'année 2020 ne sera toujours pas celle où nos frenchies pourront briller, et remporter la première place tant espérée par les fans et les joueurs.
Mais il ne faut pas croire que les équipes de Blizzard n'apprécient pas la compétition, loin de là ! En effet, notre bon Papa Jeff l'adore : "La Coupe du Monde est l'un de nos événements préférés". Il rajoute même que ce sont probablement ses moments préférés en esport "de tous les temps" et de ceux qui ont été les plus "mémorables". Bon, forcément, il est du côté des USA, et ce sont donc les matchs de cette équipe qui l'ont le plus marqué. Parmi eux, les premiers qui lui viennent en tête sont les "multiples matchs entre la Corée du Sud et les USA". Quand il doit évoquer le meilleur moment d'OWWC, Jeff n'hésite pas. "Pour moi, c'est le match entre la Corée du Sud et les USA, je crois que c'était en 2017. Ce n'était même pas un match de finale, c'était un match de qualification. Mais la compétition était si folle dans ce match... Nous étions dans l'Arena d'Anaheim et chaque siège était rempli. Il y avait une file d'attente énorme à l'entrée, et tout le monde acclamait aussi bien l'équipe des USA que celle de Corée du Sud". Jeff a été très touché par ce moment : "J'ai été dans de nombreux événements esportifs majeurs. Mais le match entre la Corée du Sud et les USA les a tous dépassés." L'une des choses qui l'a le plus marqué "Voir comme les fans étaient passionnés pour de l'esport Overwatch, alors que l'Overwatch League n'avait pas encore commencé a vraiment été quelque chose de magique." S'il se rappelle forcément de Jake sur son Chacal, on ne peut ne pas penser à l'équipe Française composée du roster Rogue qui aura fini dans le Top 8. Un grand moment d'esport.
Pour lui, la Coupe du Monde sera très difficile à organiser cette année :"Nous aimons la Coupe du Monde, mais il est extrêmement difficile en ce moment de savoir comment l'organiser", notamment dû à la situation mondiale et au Covid. Même la Blizzcon a dû passer en mode BlizzcOnline après avoir été repoussée à l'année prochaine. Et pour Jeff, "La Coupe du monde ne fonctionne pas autant si elle est en ligne". On comprend aisément, car une des forces de ce tournoi, c'est son aspect LAN qui permet de regrouper joueurs et public afin d'offrir un spectacle sans pareil. Une transition vers un tournoi en ligne, sans les moyens de l'OWL semble, au minimum, extrêmement compliquée. Les serveurs avantageront obligatoirement les équipes proches, tandis qu'un déplacement de toutes les équipes vers les Etats-Unis est absolument impossible dans le contexte actuel.
Pour Jon Spector aussi, la Coupe du monde est importante "J'aime la Coupe du Monde et l'esprit de compétition qu'elle suscite dans le monde entier. C'est incroyable.". La question qui se pose n'est donc pas : est-ce qu'elle reviendra ? Mais plutôt : comment la faire revenir dans un moment de pandémie tel que celui que nous connaissons ?
Les Contenders en avant
À sa création, une des forces de l'esport d'Overwatch a été l'organisation de tournois prestigieux par des organisations tierces. Ils ont amené de nombreuses équipes au plus haut niveau, et tout fan français devrait avoir déjà entendu parler de Rogue, dont le roster, composé entièrement de joueurs Français, était redouté partout dans le monde.
Alors que l'Overwatch League s'officialisait, le soutien à ses compétitions tierces a beaucoup réduit de la part de Blizzard, à tel point qu'ils ont plus ou moins disparus. Un retour de ces tournois "first party" dans l'écosystème d'Overwatch est cependant en cours, et devrait être plus important dans une période post Covid. À présent autorisés par Blizzard, ils pourraient bien être en passe de redevenir un pilier de l'esport sur le jeu, notamment au niveau du T2 (Niveau Contenders). Adam Mierzejewski a notamment mis en avant le fait qu'il y avait déjà eu plusieurs tournois récemment en Amérique du Nord et Europe afin de permettre des qualifications pour les Contenders Trials.
Avec l'arrivée d'Echo, un nouveau tournoi de ce type a été organisé, le FlashOps Echo Showdown.
Ce tournoi a permis de voir s'affronter des joueurs issus de tous les niveaux de la compétition, les équipes inscrites étant autorisées à faire jouer un maximum de 2 joueurs Contenders et OWL dans leur roster. Avec 25 000 $ en jeu par région, il a été un moment assez important d'esport, et a permis de créer de nouvelles passerelles entre les joueurs. À leur manière, les All-Stars ont aussi été très intéressants sur ce point, permettant de créer une autre forme de compétition, plus basée sur le fun, avec notamment l'utilisation de modes de la Forge comme Tiny Overwatch. "Peut-être qu'à l'avenir, nous aurons l'occasion d'organiser davantage d'événements de ce type où les joueurs de l'OWL et des Contenders jouent ensemble. Mais aussi de simplement mettre en avant ces joueurs qui pourraient rejoindre l'OWL dans le futur" nous a teasé Adam Mierzejewski.
Au niveau des Contenders, Adam Mierzejewski et Sean Miller ont été clairs : le but pour l'année 2021 est d'améliorer les choses, notamment en écoutant les demandes des joueurs, et du public. La compétition permet de booster la League, étant donné que c'est là qu'on trouve les talents de demain. "Nous nous appuierons toujours sur les Contenders pour faire émerger les talents à travers le monde" nous a dit Adam Mierzejewski. Sean Miller a notamment pris un exemple de la réussite du programme Contenders en tant que fournisseur de talent avec le rookie de l'année : Alarm venu tout droit des Contenders chez Fusion University qui a eu un très grand impact.
Il ne reste maintenant plus qu'une inconnue : la sortie d'Overwatch 2. Sean Miller l'a assuré : "Nos équipes travaillent très dur sur OW2 et sur les contenus qui arrivent". Il a indiqué que les équipes d'OWL "seraient tenues au courant" avant la sortie publique, aussi bien sur l'arrivée du nouveau jeu que sur d'autres "changements majeurs" dans le futur.