Crédit photo : ChloeRamdani
30 heures de stream, 172 joueurs, 11 jeux, plus de 9 millions de vues en cumulé : pas de doute, la ZLAN 2020 fut un succès probant. Pourtant, l’événement a souffert d'un démarrage compliqué. Initialement prévue le 24 avril, la LAN avait d'abord dû être reportée au mois suivant en raison des conditions sanitaires, puis une nouvelle fois pour au final se dérouler au mois d’août, du 28 au 30 pour être précis.
Au royaume du multigaming
La ZLAN, c'est une compétition en duo durant laquelle les joueurs doivent s'affronter sur pléthore de jeux pour décrocher la victoire et les 40 000 € promis aux gagnants. D'Age of Empires 2 : Definitive Edition à Overcooked 2 en passant par de la course de canards (oui, oui...) et du calcul mental, il y en a pour tous les goûts. Point de rendez-vous : le Double Mixte. Situé en banlieue lyonnaise, le bâtiment de 10 000 m² est scindé en deux étages : les joueurs en haut, les accompagnants en bas. À l'intérieur et avant le lancement, plus de 40 personnes s’attellent à faire de ces trois jours une réussite.
A l'initiative de l’événement, Zerator va s'affairer à animer la compétition les trois jours durant. Loin de se cantonner au cast, en amont il gère avec minutie toutes les étapes du projet pour en faire une réussite. "Pendant un moment on a eu cette exception très française des Web TV, puis petit à petit la France a rejoint le mouvement des streamers qui peu à peu deviennent des "marques". Zerator en est l'un des premiers. C'est un entrepreneur, il a envie de faire des choses, de créer des projets, de réinvestir que ce soit dans son studio de jeux vidéo, dans le caritatif, dans le spectacle..." confie Mister MV. "Quand les gens vont voir un événement de Zerator, il savent que ça va être bien fait" commente Antoine Daniel, présent sur la compétition en tant que commentateur.
L'esportainment, la recette parfaite ?
À mi-chemin entre esport et entertainment, la LAN semble avoir trouvé son créneau. Et c'est son créateur qui en parle le mieux. "Je pense que la ZLAN ça fonctionne parce que c'est une LAN que j'ai créée comme j'aimerais la jouer et comme j'aimerais la regarder. J'ai voulu faire une LAN multigaming, parce que je trouvais que les événements traditionnels étaient trop ancrés dans un modèle ancien et avaient du mal à évoluer. L'esportainment c'est du gaming tryhard mais sans se prendre au sérieux."
Et même sans se prendre au sérieux, gagner une telle compétition est une performance plus qu'honorable. Si dans l'esport classique, il vous faudra être excellent sur une licence, ici, vous devrez être — au moins — très bon sur de nombreux jeux différents. C'est une sorte de décathlon qui vous demandera tantôt d'être fin stratège, tantôt d'avoir des réflexes rapides et de la précision ou encore d'être bon en mathématiques... En somme, d'être totalement multitâche.
En tout cas, si d'aucuns prennent la compétition à la légère, d'autres comptent bien aller le plus loin possible. Sur place, deux équipes se dégagent. Les joueurs en chaussures, sereins mais assez fatalistes quant à l'issue de leur parcours, et les autres (en minorité), de la team claquettes/pantoufles avec Sardoche et Khalen en têtes de gondole. Ceux-là ne sont pas ici pour la rigolade, mais bien pour écraser leurs adversaires. Si de la buvette se dégage une bonne ambiance et quelques provocations bon enfant, une fois dans la salle principale, les visages sont fermés et la pression monte. L'heure n'est plus au copinage, mais à la stratégie et aux ajustements de dernière minute. Parfois, ils n'ont que quelques instants pour se familiariser avec un jeu qu'ils ne connaissent peu ou pas. Difficile en effet d'être irréprochable dans ce melting-pot de dix licences diverses et vraiment variées. En salle, l'engouement augmente en même temps qu'avance la compétition.
Pas de répit pour les compétiteurs
Globalement, des premières phases de poules se dégage une ambiance décontractée. Sur le stream, seule la voix des commentateurs semble perturber le calme de la salle. En réalité, elle est loin d'être silencieuse. Ici et là partent des cris de joueurs, tantôt réjouis, tantôt déçus. Certains amis, se retrouvant ennemis le temps d'un weekend, n'hésitent pas à se provoquer, participant à la bonne ambiance générale.
Mais plus les épreuves s’enchaînent, plus les joueurs commencent à entrevoir la victoire. Surtout en parvenant à s'échapper de l'étape la plus punitive : les groupes de huit. Les 64 duos restants s'affrontent alors dans huit poules de huit équipes. Seuls les premiers de chaque groupe franchissent l'étape suivante. Passé ce cap, le podium n'est plus très loin. Sur les huit duos restants, quatre recevront un prix. 40 000 € pour les premiers, 2 000 € pour les quatrièmes.
À l'étage inférieur, l'ambiance est décuplée à l'arrivée des demi-finales. Les chaises se remplissent de participants éliminés, restés pour soutenir les duos restants. Sardoche et Titatitutu, très attendus, vont affronter Skyyart et Slideforever. De l'autre côté se joue un duel fratricide entre Kenny et Khalen qui sont opposés à Etoiles et Nykho. Pour les premiers, la tension est palpable. Pendant les pauses, les temps morts, on s’entraîne. Pas question de s’arrêter à une marche du podium en ayant ne serait-ce qu'une once de regret. Hélas pour eux, l'équipe de Skyyart semble mieux préparée et malgré un BO5 magnifiquement disputé, Sardoche et Titatitutu finissent par s'incliner. Notons que l'équipe ne repartira pas les mains vides, après avoir remporté l'épreuve de calcul mental et son superbe boulier en or promis aux vainqueurs. De l'autre coté des demi-finales, un événement va faire pencher la balance et provoquer la victoire de Kenny et Khalen : un vol de marmite. Lors de l'épreuve d'Overcooked 2, l'équipe s'empare (sans même s'en rendre compte) de l'ustensile de cuisine de l'équipe adverse, qui se retrouve alors réduite à regarder, dépitée, les deux adversaires multiplier les commandes sans pouvoir rien y faire.
Mais la ZLAN n'a pas encore dévoilé toutes ses surprises et, avec la finale, arrive le moment de dévoiler l'épreuve mystère. "Fall guys, peut-être ?" se demande-t-on dans le public. "Non, Zerator a dit que le jeu n'avait jamais été streamé. — Ça doit être en rapport avec la bâche." Car oui, beaucoup l'ont remarqué : un engin semble être dissimulé sous une bâche proche de la scène. Et c'est effectivement là-dessous que se cache le dernier jeu, qui va être disputé lors de la finale. "Je ne peux rien vous dire au sujet du jeu, mais je peux vous assurer que ce sera incroyable" confie alors Antoine Daniel. À entendre la réaction de la salle, il ne s'était pas trompé. Un rire général explose alors au moment de dévoiler... la course de canards.
Malgré la victoire nette de Khalen et Kenny sur cette formidable épreuve, ce seul et unique point ne suffira pas à devancer leurs adversaires visiblement mieux préparés sur le reste des épreuves. Après avoir remporté le Gamepass Challenge, Skyyart, aidé de son duo Slideforever, remportera le trophée tant convoité de la ZLAN.
Si en amont de la compétition beaucoup de joueurs trouvaient l'entraînement trop dur, trop chronophage, à la fin du weekend, la majorité des participants semblaient heureux de ces trois jours de rigolade. Et comment ne pas les comprendre ? Avant tout, la ZLAN, ce sont des joueurs et des organisateurs passionnés, tous réunis autour d'un attrait commun pour les jeux vidéo. Et après 72 heures passées sur place, je n'ai qu'une seule envie : m'inscrire pour la prochaine édition.