Dévoilée en grande pompe sur les réseaux sociaux, la Face It Pro League de Rainbow Six devrait signer un tournant dans l’histoire de la compétition de cet esport qui ne cesse de croître. Et qui s’inspire, aussi, beaucoup des autres. Sur Counter-Strike, la FPL s’est installée au fil des années comme une véritable institution. C’est elle qui offre le plus d’avantages aux esportifs professionnels, au moment de jouer en dehors de leur collectif habituel. Reposant sur un principe de Solo Q et de draft, cette compétition semi-fermée met en avant les plus grandes stars du jeu, qui peuvent se donner en spectacle en stream, dans des conditions proches de celles qu’ils rencontrent en match officiel.
En prime, une dotation de 5000 euros sera larguée chaque mois pour la FPL européenne, un argument de poids pour motiver les candidats. Même si l’essentiel est ailleurs. Car qui dit plus de streams de joueurs pros, dit davantage de culture Rainbow Six compétitive véhiculée auprès de la communauté. Ce qui vient contrebalancer le fait que jusqu’ici le principal esport-spectacle proposé sur Twitch et Youtube était — en dehors des matchs de compétitions officielles — des cessions de Ranked (et ses nombreux maux, comme une atmosphère éloignée de ce qui se fait en compétition, que ce soit par rapport aux règles, ou au style de jeu très débridé et peu collectif, mais surtout les problèmes de cheat) réalisées par les joueurs et les influenceurs.
Mais derrière ce principe de spectacle, c’est surtout la capacité de la scène à faire émerger des talents qui devrait apporter le plus en matière de nouveauté. Le circuit de la FPL offre en effet la possibilité à n’importe quel joueur talentueux de monter — via plusieurs étapes ouvertes aux amateurs — au sein de la ligue, et donc de venir se frotter aux plus grands noms de la scène. En gros : l’opportunité de se révéler et de se faire un nom. Beaucoup plus facilement que ce qu’il était possible de faire auparavant, en tout cas.
Loin des standards du mode Classé directement intégré au jeu, le circuit de la FPL offre davantage de compétition à qui le souhaite. Pour jouer en R6TM, en NextRound Daily Cups, ou en Open Cup — qui représentent à eux trois les possibilités d’engranger du Elo FACEIT et atterrir dans un qualifier fermé (début le 24 septembre prochain) dont les deux meilleurs rejoignent par la suite la FPL — il faut en effet posséder un micro, communiquer en Anglais, et respecter les mêmes règles qu’en compétition officielle.
À la clef : une place aux côtés des meilleurs compétiteurs de la région donc, ces derniers représentant un casting de choix, avec à son lancement tous les joueurs de l’European League, la plupart de la Challenger League, et certains même de Championnats nationaux, comme la UK League. Nul ne sait pour l’instant comment se déroulera l’ouverture des portes pour les autres professionnels par la suite. Mais parmi les noms des acteurs déjà présents, figurent des Niclas « Pengu » Mouritzen, Stéphane « Shaiiko » Lebleu, Fabian « Fabian » Hällsten ou encore Danil « JoyStiCK » Gabov.
Côté CS:GO, le système a fait ses preuves, en ayant vu « depuis 2015 (…) plus de 30 étoiles montantes devenir des joueurs professionnels ». La mouture Rainbow Six compte bien quant à elle surfer sur une tendance similaire avec son nouveau jouet. Le cas le plus connu, à juste titre, sur Counter-Strike, étant sûrement ZywOo, le jeune AWPer de Vitality qui s’est imposé comme le meilleur joueur de la discipline en 2019.
La grande différence entre les deux versions de FPL (celle de CS:GO et celle de R6:S) réside finalement dans la restriction d’âge. Si ZywOo a pu se révéler aussi tôt, c’est en partie parce que les compétitions sur CS sont ouvertes aux mineurs, tandis qu’Ubisoft a très rapidement bouclé les siennes aux majeurs uniquement. Les R6TM ayant été ouverts jusqu’ici aux joueurs âgés de 13 ans et plus, et sachant que ce mode offre du ELO FACE IT, nous nous sommes interrogés sur le fait de voir potentiellement des joueurs mineurs arriver jusqu’en FPL Rainbow Six. Sondé par nos soins, Sua, membre du staff de la compétition, a déclaré que « toutes les restrictions d’âge sont actuellement discutées et tout le monde sera mis au courant en conséquence ».
« La FPL, c’est génial. Je suis un grand fan du système, non seulement pour la pratique, mais aussi pour développer de nouveaux talents. Nous connaissons tous les histoires à la Cendrillon, de joueurs comme Frozen ou Ropz qui sont entrés dans le jeu professionnel grâce à la FPL. J’espère que nous aurons des histoires de ce genre à l’avenir aussi sur Rainbow Six », a même conclu, à titre personnel, celui qui officie également comme analyste du côté de G2. Forcément, la perspective de dénicher des talents de dix-sept ans pour les faire passer pros à leur majorité, cela ne pourrait qu’enchanter la structure européenne d’Ocelote. Comme toutes les autres, d’ailleurs.