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Esport - Counter-Strike : Entretien avec Bryan « Maka » Canda

Esport - Counter-Strike : Entretien avec Bryan « Maka » Canda
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Fer de lance d’une Team Heretics qui ne cesse de progresser, Bryan Canda est un joueur d’avenir. Conscient des étapes à franchir, il se livre sur de nombreux thèmes, dont la course à la qualification pour le Major de Rio, et l’ESL One Cologne, qu’il débutera cet après-midi face à Vitality.

Esport - Counter-Strike : Entretien avec Bryan « Maka » Canda

Commençons avec quelque chose de simple : qui est Bryan Canda ?
J’ai 23 ans et j’habite en région parisienne. Je joue à CS depuis fin 2015 et je tiens actuellement le rôle de sniper dans l’équipe Team Heretics. J’ai fait une Licence en économie en parallèle de l’esport. Et en dehors de Counter-Strike, j’aime la NBA, le football, énormément le sport de manière générale, mais aussi passer du temps avec mes potes.

Tu as montré un niveau de jeu exceptionnel durant l’ESL One : Road to Rio, en mai dernier. Qu’est-ce qui avait provoqué cet état de forme ?
Je pense avoir eu une période où tout allait bien pour moi. Que ça soit mon rythme, mon hygiène de vie et tout ce qui va avec. J’essaie aussi toujours de repousser mes limites, d’avoir une mentalité de « tueur ». À côté de tout ça, le collectif était au point, ce qui aide toujours à réaliser de belles performances individuelles. J’affectionne les « grands rendez-vous », vu que je n’ai pas souvent l’occasion de faire des événements comme le Road to Rio, je me suis donné à 1000%.

Est-ce que durant cette période tu as attiré la curiosité de grands d’Europe ?
Je pense que l’équipe, tout simplement, a attiré la curiosité de la plupart des équipes d’Europe. Si moi j’ai particulièrement attiré la curiosité de grands d’Europe ? Je dirais : pas tant que ça. Je pense qu’il en faut un peu plus pour que les gens s’intéressent vraiment à moi.

L’arrivée de Nivera, en mars dernier, a coïncidé avec votre grande percée au classement HLTV, et une actuelle position dans le Top 30. Peut-on dire qu’il était la pièce manquante à votre réussite ?
Clairement, il a été un très grand facteur de mon point de vue sur la progression nette de l’équipe à court terme. En espérant que notre travail à long terme nous amènera à réaliser les mêmes performances.

Parle-nous un peu de lui, d’ailleurs. Les observateurs en parlent comme d’un nouveau Misutaaa, lui-même considéré comme un nouveau ZywOo. Est-ce que c’est justifié ?
Il a de très belles qualités. C’est un joueur exceptionnel, que ça soit sur le serveur et en dehors du serveur. J’apprécie jouer avec lui. Il s’est bien intégré au groupe, et ça se ressent. Il est à l’aise dans sa façon de jouer et je pense qu’il a encore beaucoup à exploiter de son potentiel. Il est très polyvalent, et il sait créer la différence dans les moments où l’équipe est en difficulté. Il est aussi très constant. Après, je pense que ZywOo est un joueur d’une autre planète, chaque joueur est différent et Nivera est Nivera.

Qu’apporte un élément comme kioShiMa au sein de votre collectif ?
Fabien est un joueur d’expérience. Il a vécu des majors, des grands tournois, des grandes victoires et des défaites cuisantes. Il nous apporte toute son expérience suivant la situation qu’on doit appréhender. On peut s’appuyer sur lui dans des moments de stress où il est très calme et il nous gratifie parfois d’actions sorties de nulle part, capables de débloquer un match.

On a le speech de la jeune pépite avec Nivera, et du guide expérimenté avec Kio. Mais qu’en est-il de xms ? Peux-tu nous le décrire un peu en tant qu’homme et joueur ?
Ils ont chacun eu leur parcours, qui semble assez similaire dans le fond, mais avec quelques différences. XMS a eu le droit a une belle ascension jusqu’à arriver chez Team Envy où l’équipe semblait en crise. C’est un joueur extrêmement gentil et à l’écoute, je pense qu’il ne croit pas encore assez en lui avec les déceptions qu’il a rencontrées au cours de son parcours. Mais le jour où il se fera un peu plus en confiance, il montrera à tout le monde le réel niveau qu’il peut atteindre, je l’espère.

Et du côté de Lucky ?
D’un côté, il a eu le droit à une progression très lente au sein du bas de la scène française, jusqu’à atteindre un excellent niveau chez 3DMAX, pour ensuite sauter chez G2, là où il a accumulé énormément d’expérience avec de gros noms tels que KennyS ou Shox. Il a agrandi sa palette de jeu au fil du temps, ce qui fait qu’il s’est senti capable de se proposer en tant que LIG depuis quelques mois. En dehors du jeu c’est quelqu’un de relativement calme et introverti.

Concentration maximale ©FlickShot - Counter Strike 2
Concentration maximale ©FlickShot

Tu viens de faire 23 ans et tu as un excellent niveau sur CS:GO, que te manque-t-il pour franchir un palier supplémentaire ?
Individuellement, je pense qu’il ne me manque pas grand-chose pour franchir le prochain cap, je pense être sur la bonne voie. Sinon, en équipe, le palier supplémentaire c’est de jouer les prochains gros tournois, tel que le Major auquel nous pouvons encore prétendre pour la fin d’année. Mais aussi d’autres grands événements, ou une ligue comme l’ESL PRO LEAGUE. On verra ce que le temps me réserve.

Ce sont des choses que tu penses pouvoir acquérir dans ton équipe actuelle ?
Oui. Nous avons prouvé que nous sommes un outsider sérieux et nous pouvons nous qualifier dans les grandes compétitions. Le plus compliqué sera de faire bonne figure, mais tant que l’équipe performe, rien n’est impossible.

Comme tu l’as évoqué, Heretics est aux portes du Major brésilien et il reste un gros tournoi pour engranger des points. Comment appréhendes-tu la fin des qualifications ?
J’attends impatiemment le prochain tournoi, on va tout donner pour atteindre ce Major. Je n’appréhende pas spécialement la fin des qualifications, j’attends juste le jour J pour pouvoir montrer qu’on est capable d’obtenir une place à ce Major.

Qu’est-ce que vous devez travailler le plus en équipe pour passer un nouveau cap et vous installer durablement au plus haut niveau ?
Il faut qu’on solidifie nos bases et qu’on montre qu’on est capable de survoler les équipes qui sont censées être un rang en dessous de nous. Et ne pas toujours vouloir attendre les grands matchs pour pouvoir être à 2000%. Les petits matchs comptent aussi, il faut passer par là et s’imposer nettement pour être réellement redouté par tout le monde.

Est-ce qu’on peut prendre rendez-vous dès maintenant pour Rio ?
Avec le COVID-19, je pense que c’est risqué. (Rires.) Je suis assez confiant de moi et du groupe pour pouvoir aller à Rio, on y croit à fond, avec le soutien que l’on reçoit on ne peut que réussir !

Disputer (enfin) ton premier Major, est-ce devenu une obsession ?
À défaut d’être une obsession, c’est un objectif de carrière surtout.

En remportant l’ESL Championnat National Summer 2020, vous avez validé votre place pour l’ESL One Cologne en ligne (début contre Vitality aujourd’hui à 18h30, n.d.l.r). Comment se passe votre préparation ?
Notre préparation a débuté début août, au sortir du player break. C’est un tournoi qui va énormément refléter notre dynamique jusqu’au prochain tournoi qualificatif pour le Major, je pense. On est toujours avec notre coach B1GGY qui nous épaule chaque jour. Le planning est assez chargé avec d’autres matchs officiels qui se présentaient, entre open qualifiers, ESEA Climber Cup, ESEA MDL Relegations… On fait du mieux qu’on peut pour optimiser notre temps de travail.

Qu’est-ce que tu penses de la situation actuelle de la scène CS avec toutes ces histoires de burnout ?
Je pense que c’est une accumulation aux fils des années d’un tas de choses. C’est fort probable que des joueurs encore en activité subissent des burnouts. Le rythme qu’imposent les organisateurs de tournois prend énormément de place sur le planning, que ça soit les tournois depuis le COVID-19, ou même avant en voyant les LANs qui s’enchaînent pour les équipes du T1. Je pense que c’est une situation extrêmement compliquée à gérer pour les joueurs, et même pour le staff de chaque équipe. Cela me semble logique que des équipes se projettent à prendre des remplaçants pour pouvoir laisser souffler les 5 joueurs majeurs de chaque équipe. Donc que certaines équipes se retrouvent à 6 voir 7 semble être la solution du moment, peut-être pas pour l’avenir. Je pense que les structures et organisateurs de tournois devraient faire plus attention aux joueurs, car le planning sur CSGO est pas mal surchargé et laisse place à peu de temps de repos. En espérant qu’avec le temps les burnouts diminuent…

Es-tu impacté toi aussi par tout ça ?
Oui, clairement pas à la même échelle, mais enchaîner de longues journées, ne pas avoir de week-end, de temps de repos, ça en devient épuisant. Le planning est souvent surchargé, malgré que cela reste notre travail et passion, il faut prendre conscience qu’il faut se trouver du temps pour soi-même. Donc faire du sport, se créer des activités en dehors de CS avec des amis, la famille, reste essentiel pour préserver un bon mental pour continuer le long marathon qu’est CS au fil de l’année.

Counter Strike 2

Petite curiosité : dans un monde fictif, si on te proposait là maintenant une place chez G2 ou Vitality, tu prendrais laquelle ?
Question dangereuse ça ! Je demande un joker. (Rires.)

Chez G2 tu pourrais retrouver maLeK, ton coach de l’époque chez 3DMax. Quelle chose tu retiens le plus de ses enseignements ?
Je retiens qu’il est quelqu’un de très mature avec de l’expérience et qui ne lâche pas tant qu’il n’atteint pas l’objectif qu’il s’est fixé. C’est quelqu’un de très gentil humainement, et très exigeant en tant que coach. J’ai passé du bon temps avec lui malgré que ça ait été court.

Au niveau de l’anglais, ça va tu gères ?
Je pense très bien m’en sortir en anglais. J’ai toujours eu l’habitude de parler et d’entendre de l’anglais, que ça soit via la musique, les séries, les films et même certaines discussions avec des amis.

Qu’est-ce que tu penses de l’état actuel de la scène française ? Est-ce que tu as confiance pour l’avenir et le renouvellement de joueurs dans les prochaines années ?
Je regarde très peu la scène française en ce moment. Je connais certaines personnes qui y sont. Si on doit parler du top niveau de la scène française, tout semble bien se passer. Si on doit parler du subtop français, je ne saurais pas trop quoi en dire, même si je vois certains bosser énormément, comme d’habitude. Je pense qu’il y aura toujours du renouvellement de joueurs dans les prochaines années. Il y a toujours des pépites qui arrivent avec une grande envie de percer.

De quelle manière la pandémie du covid-19 a-t-elle bouleversé votre routine d’entraînement ?
Notre routine d’entraînement n’a pas beaucoup changé, le COVID n’attaque pas le réseau internet. Cependant, j’ai beaucoup de regret d’avoir manqué Rio pour le Minor, Montréal pour la Dreamhack et Cologne pour l’ESL Cologne. Sans compter les quelques bootcamp à Madrid qu’on aurait pu concevoir en préparation de ces événements. Derrière tout ça, de mon côté j’ai énormément changé ma routine de vie vu que je suis en région parisienne et que je suis entouré de personnes à risque. Je fais un peu attention.

Depuis tes débuts sur CS:GO, quel est le meilleur joueur avec lequel tu as joué ? Et contre lequel tu as joué ?
Je ne saurais pas trop dire quel est le meilleur joueur avec lequel j’ai joué, mais je dirais Jackz qui est maintenant chez G2 depuis un bon bout de temps. Ou bien Nivera qui semble bien lancé pour aller très loin sur CS. Le meilleur joueur contre lequel j’ai joué ça doit être s1mple, évidemment. Après, electronic est un des joueurs qui m’a le plus traumatisé. (Rires.)

Beaucoup de joueurs Counter-Strike sont allés voir ce qui se tramait du côté de Valorant. As-tu joué au jeu ? Quels sont tes avis dessus ?
J’y ai pas mal joué pendant la Beta et récemment pendant le player break. Le jeu est super plaisant à jouer, le shoot est identique à celui de CS, tout le reste est très différent tout de même. Je pense que le jeu a un énorme potentiel avec Riot Games aux commandes. Il a l’air énormément populaire en Amérique du Nord, un peu moins en Europe. À voir sa progression au fil du temps, le jeu est encore très jeune et a encore énormément de choses à changer pour se faire une place dans l’esport et en tant que FPS de renommée. Il faut lui laisser du temps.

Photo : FragLider

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Christopher Lima
Luzi

Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

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