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Esport - Rainbow Six Siege : Entretien avec P4 et Chaoxys de Tempra Esport

Esport - Rainbow Six Siege : Entretien avec P4 et Chaoxys de Tempra Esport
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Pour certains, l’ascension de l’une des meilleures équipes françaises de R6:S est un mystère. Pour d'autres, elle n’est que la simple traduction d'un travail de forcenés. Nicolas « P4 » Rimbaud et Christophe « Chaoxys » Soares rejouent le parcours.

Esport - Rainbow Six Siege : Entretien avec P4 et Chaoxys de Tempra Esport

Au sortir d’une tonne de péripéties, vous êtes enfin arrivés en European League. Quels ont été les ingrédients de base permettant cette ascension ?

Christophe Soares (Chaoxys) : De base, je pense que ça part d’un collectif soudé. En plus d’être coéquipiers, on est devenus avant tout des potes.

Nicolas Rimbaud (P4) : Le collectif, ouais. Par rapport à certaines équipes, ça fait maintenant un moment qu’on est ensemble (près d’un an et demi, n.d.l.r) et même si on a traversé beaucoup de galères, on s’est accroché, on est resté ensemble, à bosser et persévérer. Pour moi, le point le plus important c’est de ne pas faire comme certaines personnes qui vont lâcher ou changer tout le temps d’environnement dès qu’il y a un problème. Nous on est resté soudés, et au final ça paye.

Certains joueurs ont eu un début d’exercice un peu compliqué, à l’image de Dirza qui n’avait jamais joué dans une compétition aussi relevée. J’imagine que cette saison va être celle de la transition pour certains d’entre vous ?

N.R : Ouais, on peut dire que c’est un Nouveau Monde. Même si toutes les équipes qu’on joue maintenant on les a déjà jouées avant, que ce soit en prac ou même en officiel, c’est sûr que ce n’était pas le même enjeu. Donc oui, pour certaines personnes il faut se mettre dans le bain, réussir à trouver ses marques, pour se mettre pleinement dedans.

Chao, tu as déjà côtoyé ce très haut niveau - notamment avec Voy - par le passé. Est-ce que c’est normal cette pression quand on arrive pour la première fois à cet échelon ?

C.S : Clairement, je peux le comprendre. Après, il y a aussi le changement de structure à prendre en compte (l’arrivée chez Tempra Esport juste avant le coup d’envoi de la saison, n.d.l.r) dans l’équation. Certains de nos entrainements de préparation n’ont pas été totalement productifs, du coup on a pris un peu de retard. Donc c’est quelque part une saison de transition, oui. Après, à titre personnel je suis content : on va dire que j’ai retrouvé la maison. (Rires.)

Comment envisagez-vous la suite ? Pour quand prévoyez-vous ce fameux soulevé de marteau au Six Invitational ?

N.R : Il n’y a pas de date fixée. C’est un peu l’objectif de toutes les équipes, dont la nôtre puisque c’est le plus gros titre gagnable sur ce jeu. On ne prévoit pas vraiment. On continue juste de s’entrainer comme on l’a toujours fait, on a nos objectifs. Là, on a réussi à monter en European League, notre but ça va être d’aller le plus haut possible. Si on peut arracher des Majors, on va le faire. On essaie de gagner un maximum de matchs pour grappiller un max de points pour aller au Six Invitational. Si on arrive à se qualifier pour la prochaine édition, on sera très contents et on donnera tout pour aller soulever le marteau. Si c’est pas cette année, ce sera celle d’après. Mais en tout cas, dans l’optique de l’équipe, on n’est pas prêts de partir tant qu’on n’aura pas soulevé le marteau.

La scène dans sa globalité a été très agréablement surprise par le niveau de jeu de Shiinka - le pur support de l’équipe - depuis vos débuts européens. Comment expliquer une éclosion aussi rapide ?

C.S : Je pense que c’est dû à ce qu’on disait au début. L’entente, la cohésion de l’équipe, ça lui permet d’être à l’aise dans ce qu’il entreprend. Il n’a pas de stress en situation de clutch. C’est un tout. Il est épanoui dans l’équipe et forcément ça révèle son potentiel. C’est simplement un monstre.

N.R : C’est ça en fait. Pour moi Shiinka ça a toujours été un monstre. Il est sur le jeu depuis le début, c’est juste qu’il avait besoin d’une bonne cohésion de groupe, d’un endroit où il se sent bien et avec nous c’est le cas.

Comment gère-t-on quand on doit jouer deux affiches d’EUL et une autre de FL dans la même semaine ?

N.R : Ça nous fait un sacré emploi du temps, c’est cool. Après on ne va pas se mentir : on se focus beaucoup plus sur nos matchs d’European League, car c’est le plus important. C’est le plus haut niveau et c’est là que résident nos plus gros objectifs. Même si le titre de Champions de France est important, on va dire que la plus grosse préparation de nos matchs s’effectue pour l’EUL, avec notamment de l’anti-strat, alors qu’on va aborder ceux de 6 French League sur d’autres aspects, comme le fait de se focus davantage sur notre jeu et ce qu’on sait faire.

Nicolas Rimbaud - SiegeGG - Rainbow Six Siege
Nicolas Rimbaud - SiegeGG

Avant tout ça, il y a eu le passage IziDream, un chapitre important de votre histoire. En quoi cette structure vous a permis de franchir un cap ?

C.S : Déjà, au niveau de l’emploi du temps. On est passé full time et ça nous a fait grandement nous améliorer. C’est ce qui nous manquait quand on ne l’était pas. On n’avait pas le temps de bien travailler, toujours en train de courir à droite à gauche, car il y avait plein de choses à bosser alors qu’on ne pouvait pas se focus à 100% sur le jeu, ayant pour certains un taf à côté. Le fait d’avoir rejoint IziDream, en étant en Gaming House en plus, c’était dingue. C’est aussi grâce à eux qu’on en est là aujourd’hui.

Il faut dire que vous sortiez d’un sacré bourbier : l’épisode Bastille Legacy, la non-qualification en Challenger League, certains transferts au pire timing. Beaucoup auraient disband. Pourquoi avoir continué tous ensemble ?

N.R : Parce qu’on croyait en nous. On avait conscience du potentiel qu’on avait. On a loupé une qualif’ CL (Challenger League, n.d.l.r) de rien du tout, sur des trucs à la con. Il y a eu des changements de joueurs compliqués à réaliser aussi, mais on est quand même restés ensemble, car on savait qu’on avait le niveau. On savait que ça ne servirait à rien de disband parce que ça allait tout gâcher. Et quand on voit on où est aujourd’hui, on voit qu’on a bien fait d’assumer ce choix. On a cru en nous, et on savait qu’on pouvait le faire tous ensemble.

Au départ de votre roster, il y a la fusion de Spoken et Chaoxys rejoints par P4, Dirza et Kopp chez DeathroW. Comment s’est fait ce rassemblement ?

N.R : À l’époque, j’avais déjà fait des qualifs’ CL avec Click. Il y avait Zephir, Spekto, Kopp, Noera et moi. À la fin de ce projet, on s’est retrouvé Kopp et moi, avec l’idée de jouer avec Dirza. Il n’avait pas d’équipe à ce moment-là, du coup on a commencé un truc à trois. Il fallait trouver deux autres joueurs et on a très vite trouvé plusieurs binômes potentiels : d’un côté on testait avec Setzz et Dareal, à côté de ça il y avait Kuqus et Chile, et puis Spo et Chao qui sont aussi venus nous voir pour nous expliquer qu’ils étaient motivés pour nous rejoindre. On avait le choix et on s’est décidé très rapidement. Comme on était des jeunes joueurs, qu’on avait encore beaucoup de choses à apprendre, on a préféré se diriger vers l’expérience et ça a été le meilleur choix qu’on ait pu faire.

C.S : J’avais eu une expérience aussi avec Click, avant qu’ils prennent part aux playoffs des qualifs’ de la Challenger League. Avec P4 et Kopp donc. Et j’avais vu le potentiel qu’ils avaient. Je disais à Spoken et Draz (coach de DeathroW à cette époque, n.d.l.r) qu’ils valaient vraiment le coup. Ça faisait un moment qu’on en parlait et dès que l’opportunité s’est avancée, on l’a saisie.

En parlant de Draz, c’est quelqu’un qui vous a pas mal apporté au niveau de votre évolution en tant qu’équipe et individualités. Quelle a été la chose la plus marquante qu’il vous ait apprise ?

C.S : (Silence) C’est dur… Je dirais la cohésion de groupe. Le fait de tout se dire, du moins de ne rien cacher. Les liens qui sont entre nous aujourd’hui je pense qu’ils resteront pendant un long moment.

N.R : Il m’a beaucoup apporté sur le jeu aussi…

C.S : En tant que lead ouais, du coup.

N.R : Sur le lead, sur des problèmes de comm’ que j’avais. Il m’a aidé aussi à peaufiner certains points. Et sinon comme dit Chao, c’est la cohésion de groupe. Savoir comment bien vivre dans un groupe, ne pas créer des problèmes bêtement, savoir tout se dire, tout mettre sur la table. Histoire d’avoir une vie collective saine.

Aujourd’hui, vous n’avez plus de coach, mais un excellent manager en la personne de Tortank. Comment vous organisez-vous ? Qu’est-ce que ça change de se passer d’un coach ?

N.R : Ça manque quand même, parce qu’un coach ça aide toujours. Pour l’instant, en vrai, on arrive à faire sans. Au niveau du jeu, ce qui est bien c’est que dans l’équipe on n’a pas trop de problèmes et on essaie de les régler entre nous, de se débrouiller pour les régler au plus vite. Pour ce qui est du reste, s’il y a besoin d’analyser d’autres équipes, avec Chao on le fait, même si c’est un travail en plus. Et après, Tortank nous aide beaucoup - même si ce n’est pas un coach et qu’il ne peut pas trop intervenir pour ce qui est du jeu -, il nous aide parfaitement sur ce qui est : comportement, la façon de dire les choses, comment désamorcer les problèmes, avoir un bon mood. Ça permet de garder le groupe stable. On verra le moment venu pour recruter un coach. Je ne pourrais pas dire qu’on peut s’en passer.

C.S : Ce serait un gain de temps pour pas mal de choses.

Mais du coup, c’est davantage d’un analyste dont vous avez besoin, plus qu’un coach non ?

C.S : En vrai oui...

N.R : (Il coupe) Il ne nous faudrait pas un pur analyste. Un coach-analyste ce serait bien, car quelqu’un qui s’y connaît bien sûr le jeu, dans certaines situations où on n’arrive pas à se mettre d’accord sur certains points, bah le coach pourrait aider. Donner son avis et aider sur pas mal de choses.

C.S : Il y a aussi pas mal de trucs qu’on ne peut pas voir en jouant, et un coach, d’un point de vue extérieur, peut voir ces choses, donc c’est pas mal d’en avoir un pour trancher dans ces moments-là. Donc ça reste quand même important.

Christophe Soares - SiegeGG - Rainbow Six Siege
Christophe Soares - SiegeGG

Après avoir fini 3ème de la 6 French League et avant d’entamer votre parcours européen, vous avez recruté un joueur : Voy, alors que d’autres noms plus « clinquants » se chuchotaient. Pourquoi lui ?

N.R : Je ne le connaissais pas plus que ça personnellement. Mais il y avait la sûreté d’un joueur d’expérience, d’un bon niveau. C’est Chao qui nous a convaincu même si avant ça on avait déjà réalisé un test avec lui, avant le recrutement de Kuqus, mais il n’avait pas voulu venir à ce moment-là. Par la suite, j’ai pu jouer avec lui en Ranked, j’aimais bien la personne, sa vision du jeu. Donc après on a trust Chao. Ensuite, on a feat tout de suite avec lui, les pracs se sont bien déroulés il collé avec l’équipe et tout s’est fait naturellement.

Le fait que tu es team-up avec lui avant a joué un rôle Chao ?

C.S : C’est ça, à 200%. Je savais clairement ce que Voy pouvait apporter à l’équipe et je savais que c’est ce qui nous manquait. On avait besoin de quelqu’un d’expérience, qui a de la voix. Et je savais qu’il allait parfaitement compléter l’équipe, ne serait-ce que dans l’ambiance, mais aussi dans ce dont on devait travailler.

La période 2018 a été plutôt compliquée pour toi Chaoxys, avec des projets compliqués tels que Vires, puis des obligations personnelles et un train de vie infernal pour lier l’esport à ta vie. Qu’est-ce qui t’a empêché de décrocher totalement ?

C.S : Le jeu. J’aime la compétition, j’aime le jeu. C’est ce qui m’a fait rester. C’est ma passion et je voulais absolument en vivre. Après, il y a eu une phase, au début de la 6 French League (la première saison, n.d.l.r), où j’ai voulu arrêter après les trois premiers matchs. À l’époque où on était encore chez Bastille. Je pouvais plus, le travail et en plus les matchs et les pracs, je n’y arrivais pas. J’étais trop fatigué pour jouer et je n’arrivais pas à être à mon maximum. Ça se ressentait dans l’équipe et intérieurement ça me mettait mal d’être un poids. Je voulais stop, mais ils m’ont convaincu de continuer. Avec Tortank on a trouvé des solutions pour que ça aille mieux, ça a marché et par la suite on a trouvé le projet full time. On connaît la suite.

P4 toi tu es sorti un peu de nulle part, puis tu as pris le LIG d’une équipe avec des joueurs plus expérimentés que toi, tu t’es montré très impactant en jeu mécaniquement, tu y es pour beaucoup dans la montée de l’équipe jusque l’European League. Comment garde-t-on la tête froide quand on fait tout cela à seulement 19 ans ?

N.R : Comment garder la tête froide ? Je reste humble. Déjà c’est arrivé très vite, donc je n’ai pas vu la chose venir. Tout s’est enchaîné très rapidement. J’ai fait mon petit bout de chemin, en montant petit à petit. J’avais une petite expérience de lead, alors je l’ai pris, en partie parce que personne n’avait l’air chaud pour le faire. Les gars m’ont fait confiance et ont apprécié mon lead. Ça m’a aidé à m’améliorer par la suite, et aujourd’hui je pense qu’il est bon et qu’on arrive bien à jouer avec.

Ta percée expresse a-t-elle suscité l’intérêt de clubs plus gros que le tien à l’époque ?

N.R : Par un ou deux plus gros clubs, oui. Qui étaient déjà en Pro League. J’ai toujours dit non parce que j’ai toujours cru au potentiel de mon équipe. Quand je voyais ce qu’on était capable de faire, je savais qu’on était capable d’y aller par nous-mêmes. C’est pour ça que je suis toujours resté et aujourd’hui je ne regrette pas mes choix. Avec du boulot et en continuant, on peut même aller encore plus haut, car on a vraiment l’équipe qu’il faut pour le faire. Aussi, j’ai encore besoin de continuer de travailler, de progresser, de prendre de l’expérience et apprendre encore et encore pour devenir le meilleur.

Une dernière question me taraude : vous êtes en Italie, le pays des séducteurs, et dieu sait que Dirza en est un grand. Combien de conquêtes à son actif pour l’instant ?

C.S : (Éclate de rire)…

N.R : (Rires.) Alors, écoute ! Pour l’instant zéro.

C.S : Le loup vient d’arriver.

N.R : Le loup vient d’arriver, et il a trouvé sa femme. (Rires.) Donc le loup est sage, c’est un homme sage.

C.S : Le loup est timide avec la barrière de la langue aussi.

NR : Ouais, aussi. (Rires.)

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Christopher Lima
Luzi

Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

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