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Call of Duty et l’e-sport : À nos actes manqués

Call of Duty et l’e-sport : À nos actes manqués
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Comment l’un des jeux vidéo les plus vendus de l'histoire compte-t-il retrouver une place de choix sur la scène compétitive mondiale ?

Call of Duty et l’e-sport : À nos actes manqués

« L’histoire de Call of Duty, c’est presque une fenêtre de temps ratée pour Activision ». La conclusion est signée Stéphane « Skypper » Cochara, confrère journaliste et expert du milieu des gamers. Call of, c’est son dada. Des guides de jeu, du suivi compétitif, de la présence aux plus grands tournois du sport électronique : il sait de quoi il cause. À l’image de Théo Reunbot, alias Rivenzi, présentateur de l’émission Frag sur la chaîne ES1, venant rapidement confirmer l’intervention de son homologue en avançant sur la table « un acte manqué avec l’e-sport ».

Leurs propos font sens. Posés devant les micros de Jean-Christophe Drouet et Thibault Braccio, en direct du show Pro Gamer, sur l’antenne de RMC, les deux invités - bien qu’en désaccord sur de nombreux autres sujets - accordent de cette manière leurs violons sur la question qui leur est posée : « Pourquoi Call of Duty peine aujourd’hui à s’imposer comme un jeu e-sport ? ».

Une problématique légitimement abordée, à l’aube du lancement de la CoD League (le 24 janvier) ; la compétition professionnelle qui rythmera l’activité compétitive de l’univers Call of Duty tout au long de 2020. Et qui aura la mission de replacer ce mastodonte — une franchise qui se veut l’une des plus rentables de l’histoire du gaming en ce XXIe siècle — sur la carte de l’e-sport, accessoirement.

Retour vers le futur

Il fut un temps durant lequel Call of Duty s’est pourtant imposé comme un enfant naturellement majeur de l’e-sport. C’est à peu près à ce moment-là qu’Activision a néanmoins complètement raté le coche avec son date compétitif. Ne se risquant pas d’y aller à 100%, prenant a contrario la tangente et les prémices d’un retard conséquent avec une concurrence qui s’organisait déjà — parfois sans forcément en avoir conscience — à bousculer les codes de l’univers sportif des jeux vidéo. On pensera à l’intouchable CS:GO, à l’ascension de League of Legends, ou encore Blizzard (pourtant lié à Activision) et son ambitieux projet d’Overwatch League dans les cartons.

En 2013, alors à son apogée avec l’opus Black Ops II et ses 30 millions de ventes, Activision semble en effet loin de penser à une réelle et profonde professionnalisation de son circuit compétitif. À l’époque, l’éditeur américain préfère se reposer sur les meilleurs joueurs de son dernier titre, qui servent dans le même temps d’influenceurs, pour donner de la visibilité à son œuvre. Les compétitions, elles, à défaut de se démocratiser, ne décollent pas. Ou du moins pas autant qu’elles ne le devraient.

Il faudra attendre 2016 et le lancement de la CWL (la Call of Duty World League) pour entrevoir des signaux liés à la volonté de franchir sérieusement la barrière de l’e-sport. Trop tard. Call of Duty s'échaude. Ghost a fait un flop monumental (une diminution de près de 10 millions de ventes par rapport à son prédécesseur), et même si les Black Ops restent des valeurs plus ou moins sûres, le côté futuriste implanté à tort et à travers — en pensant que cela allait attirer les joueurs — rebute progressivement les habitués. Balancé en pâture dans le sillage de la CWL, Infinite Warfare enregistre par ailleurs le pire nombre de ventes (13,42M) depuis Call of Duty 3, sorti pour sa part dix ans plus tôt. Mauvais timing donc.

Sauf que CoD reste CoD. Une machine dont les bases sont solides et ne laissent pas insensible la majorité des passionnés de FPS. La preuve irréfutable ? Le reboot de Modern Warfare, classé numéro 1 des ventes sur le sol américain en 2019, en seulement quelques mois. Celui-là même qui servira de terrain de jeu de la CoD League. Malgré certains points noirs, il semblerait qu’il ait déjà complété un objectif de taille, à savoir réconcilier Call of Duty avec sa communauté. Ce qu’a vite recoupé Rob Kostich, président d’Activision Publishing, s’empressant d’annoncer qu’au « cours des trois premiers jours, Modern Warfare comptait plus de joueurs et d’heures de jeu que n’importe quel opus de Call of Duty sur la même période depuis ces six dernières années ». Décollage express.

Call of Duty : Modern Warfare

S’inspirer de L’Overwatch League et la dépasser ?

L’une des principales raisons présageant d’une réussite minimum pour la CoD League ? Sûrement le fait qu’elle n’avancera pas à tâtons. Dans la peau du chien guide d’aveugle : l’Overwatch League, qui entamera sa troisième saison dans quelques semaines. Il faut le dire : Blizzard Activision s’est en quelque sorte contenté de transposer le modèle compétitif de son FPS cartoonesque à celui de Call of Duty. Un choix cohérent, étant donné l’ancrage actuel de la ligue franchisée que Nate Nanzer — avant de rejoindre Epic Games en Mai dernier — et ses équipes, ont su inscrire dans le paysage e-sportif.

Des noms de franchises accolées à des villes pour apporter de l’identité et du storytelling fort, une entrée dans la ligue payante et valorisée à plusieurs millions de dollars (25M pour la CoD League, selon ESPN), une professionnalisation supposée rapide et équitable pour les joueurs, l’arrivée de nombreux investisseurs et partenaires dans le but d'apposer une stabilité financière à l’écosystème… Sur le papier, ce modèle calqué sur les plus prestigieuses ligues de sport américaines (NFL, NBA, MLB) semble bien ficelé.

Sans créer un énorme boom, l’Overwatch League a ainsi su introduire un modèle innovant dans l’e-sport. Ce qui semble bien fonctionner pour le moment. Bien qu’il y ait des limites. Ces limites, ce sont la popularité du jeu, et son gameplay. Prenez un joli conteneur, rien ne vous garantira que son contenant plaira à tout le monde. Un manque de nouveautés régulières et de contenu décrié par les joueurs, une meta (la façon de jouer la plus dominante rencontrée en jeu) qui n’a pas toujours fait l’unanimité, bref : Overwatch semble avoir atteint son plafond de verre, et la futur sortie d’Overwatch 2 pour redonner un coup de fouet à tout ce schmilblick en est la principale preuve.

Quid de Call of Duty qui s’apprête à suivre la même voie en termes de compétitions ? Il se pourrait que cela fonctionne légèrement mieux. Pour résumer grossièrement : Overwatch a balancé son ambitieux projet de ligue franchisée à la face du monde, sans forcément savoir comment serait accueilli le jeu en lui-même. Tandis que Call of Duty, ses 17 années d’expérience et son opus Modern Warfare qui offre — pour l’heure — un suivi omniprésent et du contenu gratuit régulier, pourraient davantage séduire et pousser sa fanbase à suivre sa ligue.

Y a-t-il de la place pour la CoD League aujourd’hui ?

En théorie, une ligue, dont le modèle est encourageant, couplé à un jeu qui connait un démarrage tonitruant, devrait déboucher sur une scène e-sportive forte. Même si plusieurs questions accompagneront son lancement. La plus importante étant : quelle position Call of Duty va occuper sur l’échiquier des FPS ? La réponse serait : loin du PC, déjà, étant donné la concurrence fortement présente (Counter-Strike, Rainbow Six, Overwatch, PUBG, pour ne citer qu’eux). Activision l’a compris et c’est sûrement pour cette raison que la CoD League prendra place sur PS4, avec des manettes.

Loin de son passé historique, ensuite. Puisqu’en contrepartie de toute la mise en place de sa ligue franchisée, Call of Duty va faire table rase de quasiment tout son ADN compétitif : plus de système de promotion/division dans l’élite, plus de CoD Champs, plus de structures légendaires comme eUnited, et surtout 100 Thieves, dont le dirigeant Matthew « Nadeshot » Haag s’est refusé à soumettre son organisation à la quittance et au règlement (l’identité de marque d’une franchise dans le championnat doit être exclusive et ne pas apparaître sur d’autres jeux) liés à une place dans la CoD League.

Call of Duty : Modern Warfare

Reste désormais à régler un autre problème de taille. Celui-ci est d’ordre géographique : Call of Duty a beaucoup perdu de son influence compétitive à travers le monde. Si bien que son aura devrait peiner à rayonner plus loin que l’Amérique du Nord durant la première édition de CoD League. Prenons le cas de la France, par exemple. Pour l’instant, il ne semble pas y avoir de volonté d’y construire une communauté forte. Pour une retransmission de la CoD League en VF ? À priori, on repassera. Quant à la franchise de Paris Legion, cette dernière ne compte qu’un français dans ses rangs (qui débutera sur le banc), et évoluera pour la plupart du temps depuis les États-Unis…

À l’heure où chaque cador de l’e-sport touche une multitude de coins du globe à travers des circuits internationaux — les LEC, LCS ou LPL sur League of Legends ; l’ESL Pro Tour et le BLAST Premier sur CS:GO ; les Pro League EU, NA, LATAM et APAC sur R6S — la CoD League, elle, ne touchera que les USA, le Canada, L’Angleterre (Londres) et la France (Paris). Se passer de quasiment toute l’Europe, l’Asie, l’Océanie et l’Afrique est-il un choix judicieux quand on lance une ligue qui se dit mondiale ? Bien sûr, la réponse est non.

Ce premier jet de CoD League devrait donc être très important pour l’avenir e-sportif de l’un des piliers des jeux vidéo. Trouver une formule gagnante, spectaculaire et aguichante, puis l’étendre aux autres continents, voilà ce qui devrait être le principal objectif des acteurs qui feront l’e-sport 2.0 de Call of Duty. En faisant l’impasse sur le regret des actes manqués, car le temps perdu ne se rattrape jamais. Comme une balle, après l’avoir tirée.

esport
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Début 2020, il sera engagé dans la Call of Duty League et trimballera sa manette de chaque côté de l’Atlantique. Interview avec le seul Frenchie de la franchise Paris Legion.

Crédits photos : Astro Gaming - Call of Duty

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Christopher Lima
Luzi

Chris « LuZi » Lima - Rédacteur esportif

maxime wiizy od il y a 4 ans

Au-delà du faites de regarder, le viewer veut aussi faire comme le Pro qu'il regarde.<br /> Une scène compétitif florissante sans un mode compétitif in-game sur qu'elle jeu on peut voir ça ??<br /> Ils sont vraiment stupide Activision....

maxime wiizy od il y a 4 ans

Au-delà du faites de regarder, le viewer veut aussi faire comme le Pro qu'il regarde.<br /> Une scène compétitif florissante sans un mode compétitif in-game sur qu'elle jeu on peut voir ça ??<br /> Ils sont vraiment stupide Activision....

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