Crédit photo : @ChloeRamdani
Quand l'une des salles les plus mythiques de Paris scande comme un seul homme le nom de Gotaga, comment ne pas être contemplatif du chemin qu'a parcouru l'esport ces dernières années. 2500 personnes, en chœur, faisant vibrer les murs de la salle étoilée du Grand Rex. Trois étages, tous pleins à craquer, et une ferveur plus que palpable. À notre arrivée, une demi-heure avant le show, la foule est déjà amassée devant le cinéma. La plupart des spectateurs ont d'ailleurs investi le rez-de-chaussée de la salle, ne laissant aucune place disponible ; très vite, le deuxième et le troisième étage subiront le même sort. Dans la file, on distribue des jetons Redbull, monnaie d'échange pour une canette gratuite. Ce sont eux qui sponsorisent l’événement. Le Gotaga On Tour, c'est une tournée de 4 dates, débutée en octobre, qui mêle la compétition — avec des joueurs pros de Fortnite — et des formats plus fun impliquant des spectateurs. Un tour de France ambitieux, irréalisable sans partenaire financier.
À l'entrée, "Mel", la sœur du French Monster, est débordée. Elle s'occupe de faire rentrer les participants qui ont été sélectionnés pour monter sur scène lors de l’événement. La "GCorp" c'est une affaire de famille. On reconnaît facilement les mêmes têtes à l'organisation, qu'importe la taille de l'event. Coté merch, c'est Camille, la compagne de Gotaga, qui est aux affaires. Alors que la salle finit de se remplir, la chanson de Roby Fayer, Ready To Fight, se met à retentir, enflammant un peu plus le public, qui donnait déjà de la voix. La chanson, qui introduit désormais chaque arrivée du joueur, est devenue une véritable signature. C'est à ce moment que BrokyBrawks arrive sur scène. C'est lui qui a été choisi pour ouvrir le bal, et pour cause : le showman entame une chanson qui attise encore davantage la ferveur de la salle. Le moment est tout choisi pour Doigby et Gotaga, qui entrent alors en scène, galvanisés par un public plus que réceptif.
La soirée démarre par un mode créatif, une sorte d'escape game en coopération. L'occasion de faire participer deux joueurs du public qui ont sélectionnés via des concours en amont. Profitant de certains moments calmes, Pyro, l'autre caster de la soirée, offre des écrans à des heureux élus dans le public. Au cours de la soirée, on annonce qu'un seizième et dernier spectateur va être choisi pour monter sur scène. C'est Stef Capela. Les vieux de la vieille l'auront sans doute reconnu. Ancien arbitre et actif de la scène Call Of Duty, il a fait le déplacement d'Australie spécialement pour la soirée. Lui, qui voulait faire une surprise à Gotaga, est alors pris à son propre jeu. Face à Doigby et Pastaga51, l'autre joueur sélectionné du public — c'est son vrai pseudo —, ils s'affrontent sur le mode escarmouche de CoD.
Le clou de la soirée peut alors débuter : le Royal Rumble. Format compétitif de Fortnite, le mode voit s'affronter 8 joueurs pros, sélectionnés via les différentes étapes de la tournée.
Teeqzy, incroyablement soutenu et visiblement pas impacté par le stress, réalise un début de tournoi impressionnant, profitant de son aisance mécanique pour aggro la plupart des participants. Airwaks, qui ne semble pas non plus intimidé par le format — 50 000 € à partager entre le trio de tête — affiche une bonne régularité, notamment dans ses prises de hauteur. Il faut dire qu'il aurait pu avoir la pression. Dans la phrase introductive de chaque joueur, chacun a lancé une pique envers le joueur Solary, l’annonçant d'avance grand gagnant de la compétition, quand lui tweetait quelques secondes plus tôt : "Personne me met favori et vous avez bien raison, c'est un top 8 et rien d'autre". C'est pourtant bien lui et Badsniper qui se démarqueront le plus. Le joueur Vitality, très régulier, finira en tête, suivi à trois points près par Airwaks. Badsniper, "qui était encore en cours quelques heures plus tôt" précise Doigby, se retrouve alors face à un Grand Rex surchargé, scandant son nom et déployant des banderoles en son honneur. Au final, le classement se jouera dans un mouchoir de poche, puisque seulement 10 points sépareront le 7ème et le 1er. Un tournoi à fort enjeu, qui s'est pourtant déroulé dans un très bon esprit, permettant à la soirée de se terminer de la plus belle des manières.
Terminé ? Pas vraiment. À la toute fin, BrokyBrawks réitère sa performance du début de soirée en prenant le micro pour dédier une chanson à Gotaga. Ami de toujours de l'ancien joueur CoD, il entonne alors un son rétrospectif, personnel, rappelant toutes les embûches du parcours jusqu'à la gloire d’aujourd’hui. Celui qu'on nomme "Le French Monster", Corentin, introverti de nature, tombe son armure, offrant une accolade sincère à son compagnon de toujours.
À ce moment-là, c'est à lui qu'on pense. Corentin Houssein, le jeune adolescent, parti de sa chambre à tout juste 15 ans, quittant le lycée deux années plus tard pour se consacrer à sa passion, et contribuer aujourd’hui à poser les bases du gaming en France. Dans le public, un fan demande : "Et maintenant ?"
"Maintenant ? Je ne sais pas, c'est encore dur à dire, y'a Neo qui me parle de Stade de France... C'est encore un peu présomptueux". Et pourquoi pas ?