Ça y est, c'est fait. La finale des Worlds 2019 est déjà terminée. Ça n'a pas traîné. Partout, des « G2 ! G2 ! » et « Let's go G2 ! » assourdissants dévalent les gradins. La voix de l'Europe est debout dans les travées de l'AccorHotels Arena et scande « Carlos ! Carlos ! » , tandis que les barrières de la tribune Sud cèdent maintenant sous un mouvement de foule. C'est bel et bien un envahissement partiel de la scène qui se produit à Bercy.
Ocelote assiste à la scène, voilé d'un grand drapeau G2 Esports. Il est submergé par l'émotion, mais reste digne, presque familier, devant les caméras. Sous une pluie battante de confettis, ses joueurs sont portés en triomphe, à bout de bras. Ils ont réussi un Grand Chelem historique. C'est un exploit monumental. C'est surtout l'arène toute entière qui retient son souffle lorsque promisq décide de s'avancer de quelques pas. D'une main, il montre le logo G2 de son maillot. De l'autre, il s'empare de la Summoner's Cup qu'il brandit d'un coup, déterminé, face au public Parisien. C'était son destin. À cet instant précis, les champions du monde reçoivent l'ovation d'une vie.
Les analystes avaient vu juste. G2 Esports vient de gifler FunPlus Phoenix, trois à zéro, en finale des Worlds 2019. Les Chinois n'ont rien pu faire. « Ils ont tous été tourmentés, dégoûtés par les G2 ! Mais qu'est-ce que c'était que ça ? » hurle Chips au micro, la voix en miettes. À ses côtés, sur le bureau de cast, Noi ne peut plus se contenir : « Regardez Perkz ! Contemplez le meilleur joueur du monde ! Il a mangé chinois aujourd'hui. Et c'était buffet à volonté ! ».
Élu MVP de la finale, le Croate a du mal à retenir ses larmes. Sa performance a été tout simplement stratosphérique dans ce Bo5. Il n'est même pas mort une seule fois. Au micro de Sjokz, Caps lui rend hommage lors de l'interview d'après-match :
« Luka a été fantastique. C'est surtout remarquable de sa part d'avoir autant éclipsé les FunPlus malgré la blessure de Mikyx. C'est vrai, notre support s'est fracturé le poignet dès la première game, sur un mauvais flash-in, je crois. Je pense qu'on peut dire que notre botlane a gagné avec trois mains aujourd'hui, oui ».
promisq tend l'imposant trophée à Mikyx qui le refuse en grimaçant. C'est Jankos qui s'en empare et qui entame maintenant un sacré tour d'honneur avec Wunder. Le « First Blood King » a récidivé trois fois dans cette rencontre et a fait vivre un calvaire à Tian avec sa Elise. Il se contente pourtant de petites foulées car il ne peut pas décemment faire un malaise à chaque finale.
En ce qui le concerne, Wunder n'en a pas fini. Le toplaner des G2 interpelle des Chinois occupés à débrancher leurs périphériques. « Hé, ton Kled, toi, là-bas ! Tu veux des conseils ? ». Carlos lui paye un high five mérité. Il est là, en train de distribuer à tous ses joueurs des maillots avec une étoile dessus.
« C'est vrai que mon fils est un génie. Je suis si fier de lui ». Dans la cohue, ESPN a réussi à se frayer un chemin jusqu'à Caps Dad, qui célèbre cette victoire. Le journalisme est total. « Ce Doinmi, Doubini là, certains le voyaient meilleur que mon fils. Maintenant, il annonce qu'il met un terme à sa carrière. Ça me paraît évident que Rasmus l'a traumatisé et, personnellement, je pense que j'aurais pris la même décision à sa place. Je suis si fier de mon fils ».
Les Chinois sortent de scène sous une haie d'honneur des G2. Même si le score parle de lui-même, FunPlus Phoenix a été un adversaire honorable qui a essayé de composer avec ses qualités. Chez les spécialistes, le constat est partagé. À qui attribuer les bons points dans une finale si parfaite des Européens ?
Duke évoque simplement « l'émergence d'une macro moderne qui s'appuie à la fois sur un duo mid/jungle diligent et sur des roamings disruptifs dans leur construction ». Zaboutine préfère avancer le modèle nord-Américain qui, selon lui, « n'a rien à voir avec l'Europe lorsqu'il s'agit de convertir une pression de lane en pression de map ». Pour Nono, c'est le « sixième homme » qui a tout fait, cela ne fait aucun doute.
On médaille les héros de l'Europe comme il se doit. Romain Bigeard fait cadeau de sa lance-baguette à Perkz, l'homme du match propulsé au Panthéon des joueurs. L'AccorHotels Arena gronde « EU ! EU ! EU ! ».
En conférence de presse, les FunPlus Phoenix refont le match sans leur midlaner, affaibli par une défaite humiliante. Doinb s'est enfermé dans les loges et refuse d'en sortir. En bon psychologue, PapaSmithy est devant sa porte et entame "Fly, Phoenix, Fly" a capela pour qu'il daigne ouvrir.
Les G2 sont, eux, détendus et au complet devant un imposant parterre de journalistes. Les questions fusent : « Comment expliquez-vous que Fnatic ait pu perdre 3-1 contre cette équipe ? ». Carlos interrompt soudainement la séance de questions/réponses pour se joindre à la messe déguisé en clown. Avec son nez rouge et sa perruque arc-en-ciel, il a une annonce à faire. Pour fêter le titre, le shop de G2 Esports accueille une déclinaison de hoodies raffinés en édition limitée, floqués avec bon goût. Il y a, au choix, l'indémodable "Claps was here", le séduisant "Told you, Faker !" et l'équivoque "Perkz took my lane and my wife".
L'AccorHotels Arena s'est finalement vidée de ses supporters. Le personnel de l'événement s’attelle déjà au rangement de la salle. Tous se montrent reconnaissants envers les Européens pour cette victoire expéditive : ils vont pouvoir profiter de leur dimanche soir.
C'est vraiment une belle journée.