Crédits photos : @TimoVerdeil
Le week-end du 20 au 23 Septembre dernier, un record international a été battu par 54 streamers francophones lors de la troisième édition du Z-Event : 3,5 millions d’euros ont été collectés pour l’Institut Pasteur. C’est la plus grosse levée de fonds jamais effectuée sur Twitch par un stream caritatif. Le Z-Event rentre ainsi dans l’histoire du Gaming et brise les frontières francophones d’une part grâce à leur record et d’une autre en ayant reçu des soutiens de la part d’influenceurs étrangers tel que Ninja.
Si l’histoire de la troisième édition du Z-Event est belle, elle est sublimée lorsque l’on se rend compte de la profondeur des racines de cet ambitieux projet entrant dans le paysage fourni des streams de jeux vidéo de bienfaisances francophones et internationaux. Retenez bien l’année 2011, là où le stream caritatif de jeux vidéo touche nos contrées européennes grâce à la diffusion des Games Done Quick animés à l’époque, entre autres, par MisterMV. Ce personnage aussi, il faut le retenir.
Un autre personnage intervient dès 2012, connu sous le nom « Athene ». Il multiplie les interventions et projets pour installer l’effort caritatif gaming en France avec, notamment, l’opération Sharecraft sur World of Warcraft qui rapporte 1 million de dollars en faveur de « Save the Children », une ONG qui œuvre pour la défense les droits de l’enfant à travers le monde depuis 1919. En 2013, Athene lance la plateforme « Gaming For Good » qui offre des jeux vidéo en échange de dons et continuera sa lancée sur World of Warcraft avec « The Siege » qui atteindra les 2 millions de dollars en un seul week-end. D’autres projets, d’autres initiatives voient le jour et plantent le décor. Un terrain fertile pour la suite qui se conclut, à cet instant, avec le rendez-vous du Z-Event.
En 2016, le Projet Avengers voit le jour, initié par Athene. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est normal. Il s‘agit du tout premier « Z-Event », un air de prototype sans le nom, le premier moment où ZeratoR associe son image populaire auprès des gamers à un événement caritatif d’envergure. Il réunit 16 amis streamers dans un salon. Ils lancent leurs streams respectifs pendant 34 heures d’affilées et lèvent 172.000€ au total au profit de l’ONG « Save The Children ».
Une épopée folle et française est née. Après un salon et 16 streamers, ZeratoR revient l’année suivante en 2017 dans un sous-sol et plus de 30 streamers. Rappelez-vous, l’ouragan Irma se déchaîne alors : c’est l’un des plus spectaculaires de notre histoire moderne, le premier à avoir été classé en catégorie 5 sur une période de 4 semaines pleines. Les îles Saint-Martin, les îles Vierges, la côte nord de Cuba et la Martinique — pour ne citer qu’elles — sont sévèrement touchées. Les dégâts de l’ouragan se chiffrent en centaine de milliards de dollars. Un appel massif aux dons est lancé par les ONG pour inciter à une solidarité mondiale avec les victimes d’Irma.
Une des réponses françaises a un nom : le Z-Event. Il se déroule du 8 au 11 Septembre 2017, et ZeratoR en est la figure de proue. En 60h de live consécutives, il récolte plus d’un demi-million d’euros pour soutenir la Croix Rouge et ses efforts pour venir aux secours des sinistrés. Dès lors, le phénomène devient viral et les consciences s’éveillent au gaming caritatif puisque l’événement est largement médiatisé. Le geste est beau. Déjà, quelques têtes reviennent : Sardoche, DominGo, MoMan, Jiraya, Xari, Jeel, LRB… Le streaming gaming français est soudé, rassemblé.
Cette première édition est un succès.
S’arrêter là ? Non. Il fallait provoquer le destin, passer la barre du million récolté, mettre plus de vert dans nos cœurs de gamers.
2018, ce n’est plus un sous-sol ni un salon qui accueille l’escouade d’amis et collègues streamers rassemblés par ZeratoR et son side-kick de toujours, Dach. Il est question de 40 streamers réunis du 9 au 11 Novembre, qui en plus de 60h de live accomplissent l’exploit insensé de réunir plus d’1 million d’euro pour Médecins Sans Frontières.
Les larmes, les cris et l’émotion sont au rendez-vous. En fermeture de live, nous verrons ZeratoR en tête à tête avec Dach confier à ses quelques centaines de milliers de viewers : « On ne fait que jouer à des jeux vidéo. C’est nul ! (rire) » Mais le jeu vidéo rassemble, fédère, et, ce soir-là, réunit 1 million d’euros. Dach le corrige : « Mais non c’est pas nul ! » Il a raison.
Les médias s’emparent de l’exploit. La France toute entière sait. Le président Français, Emmanuel Macron, adresse un mot de remerciement aux streamers et à toute l’équipe. Un geste annuel, il avait déjà relevé l’initiative de 2017. La radio ? Elle était sur place grâce à DominGO qui a animé tout un épisode de son émission sur NRJ en direct de la salle à l’aide de son équipe d’animateurs habituelle : Aaley, Doigby et Zanki0h.
La question est alors sur toutes les lèvres : « Et pour 2019, alors ? Les 2 millions ? » Chose impensable pour ZeratoR et son équipe. Ils espèrent (lui et Dach) le franchir mais n’y pensent pas vraiment. Ils relativisent leur succès passés : comment faire plus ? La barre du million est déjà folle. C’est déjà merveilleux de réunir autant d’argent. Si déjà ils atteignent le million ils seront contents.
Le rappel est battu. Du 20 au 23 Septembre s’est tenue la troisième édition du Z-Event. La line-up de streamer est parmi les plus belles que l’on ait vu jusqu’ici. Les éternels sont là : MisterMV, MoMan, DominGO, Doigby, Nono, Aaley, DFG, BestMarmotte, Antoine Daniel, Alphacast, Sardoche... À leurs côtés, de grands noms du gaming français se dégagent : Gotaga est présent pour la seconde fois avec ses Masterkill et ses shifumis mettant en jeu des sommes d’argent improbables, et surtout Squeezie. Le plus connu des youtubeurs français se rajoute à ce roster de rêve et brise les quelques frontières qui existaient entre youtubeurs et streamers avec à ses côtés JoueurDuGrenier.
Les streams s’allument tous ensemble comme le veut la tradition. On vogue d’univers en univers en quelques clics. Les t-shirt de l’événement sont mis en vente. Tout le fruit de la vente sera rajouté à la cagnotte finale dans les dernières heures.
Le compteur est débloqué. Les chiffres s’affolent dès les premières heures et c’est en quelques heures seulement qu’ils passent la barre des 400 000 € le vendredi soir. Le dimanche à midi, c’est le million qui est atteint dans les cris et la joie générale. Il reste 12h de live et ils vont réaliser un exploit hors norme. Il faut tenir le rythme de ce marathon, l’appel est martelé : grands et petits dons sont sollicités. Les petits sont les plus importants scandent les uns et les autres. La ferveur touche l’assemblée de streamers. On lance des assauts sur les streams des uns et des autres pour atteindre les objectifs de dons de tout le monde, surtout les plus drôles et loufoques.
L’homme qui souffrira le plus de cette frénésie ? Kameto. Il a promis de rentrer du Z-Event, se tenant à Montpellier, jusqu’à chez lui, à Marseille, en vélo si sa cagnotte personnelle atteignait les 75 000€. Squeezie est le second homme de ce match qui va lancer à l’assaut toute sa communauté et les dizaines de milliers de viewers de son stream.
C’est 45 000 € qui sont levés sous la galvanisation incroyable de Squeezie en l’espace de… 17 minutes.
Le youtubeur français fera tomber les uns après les autres les sub-goals comme autant de murs de paille soufflés par ses cris et ses appels aux dons. On déplore le What The Cut N°38, ce légendaire épisode qui n’a pas été la cible des raids ; mais on y croit encore à cet énième WTC d’Antoine Daniel !
La dernière course est lancée dans un grand appel général aux alentours de 20h. À cet instant, personne ne le sait encore mais les 3 millions sont en route.
ZeratoR révèle une information qui va déchaîner les foules. La vente des T-shirt de l’évènement — un goodie unique et exclusif — ajoute un demi-million d’euros à la cagnotte globale.
Nous sommes le dimanche 23 Septembre 2019, il est 21h52.
La cagnotte affiche 2,5 millions de dons récoltés à cet instant.
La joie explose, s’éparpille dans les rangs et enfin, le défi fou est lâché : atteindre les 3 millions. Scandé par ZeratoR et son microphone : « Évidemment, on ne va pas en rester là ?! » c’est presque en cœur que son escouade répond : « Évidemment que non».
L’irréalisable se produit en quelques heures. Dans la joie, les larmes, les pleurs, les cris, la salle est galvanisée, les tchats sont illisibles, les dons pleuvent. 1€, 10€, 100€... Jusqu’au plus gros don : 26.000€ de Ninja, le célèbre streamer américain. Les structures esports, les éditeurs de jeux vidéo, les médias… tous se réunissent dans le dernier effort, cette dernière ligne droite du Z-Event.
Le temps s’arrête. ZeratoR et Dach sont en tête à tête, dans ce rituel de fin.
Ils débriefent, parlent, lisent des dons, n’arrivent pas à se rendre compte de la folie qu’ils viennent de faire avec leurs amis de tout horizon : ils viennent de rassembler un peu plus de 3,5 millions d’euros pour l’Institut Pasteur.
Le chargé de communication de l’Institut est passé le samedi et il n’y croyait pas. Un sourire lui barrait le visage : « C’est fantastique ! » nous confie-t-il. Bien sûr monsieur, c’est ce que le jeu vidéo fait de mieux : rassembler.
Ça y est. Ils l’ont fait. Ils viennent de battre tous les records. Le compteur continue de tourner encore. C’est avec une humilité touchante qu’ils vont partager la gloire de cet événement qui est loin d’être une exception française, une fois dans l’année. C’est Dach le premier qui se met à parler de tout ce qui existe, de sa fierté d’avoir aidé à faire naître un projet similaire aux Games Done Quick, l’un des premiers streaming gaming caritatif qui existe depuis 2010 et a lieu deux fois dans l’année réunissant les plus grands speedrunners du monde pour leur levée de dons. Ils vont en citer pleins, étourdis par les noms, ne souhaitant en oublier aucun : Le Téléthon Gaming, Chœur de Gamers, l’Ultime Decathlon, Bourg-La-Run… Ils n’oublient pas Le French Restream qu’on retrouve à la racine du streaming gaming caritatif avec les diffusions des GDQ.
ZeratoR salue les initiatives américaines, les toutes premières, parce qu’on le dit : le gaming caritatif n’a rien de nouveau. Si on omet les initiatives locales qu’il y a du avoir, c’est en 2007 qu’on retrouve le premier projet gaming caritatif avec « Bus for Hope », puis 2008 avec le « Mario Marathon ».
Leurs deux voix se mêlent pour remercier la large famille du gaming caritatif, et informent : ils ne sont pas les seuls, il faut s’intéresser à tous les projets. Le Z-Event c’est une fois dans l’année, mais il y en a tant d’autres, pour tous les goûts !
Ce n’est plus qu’une affaire de férus speedrunner commenté souvent par MisterMV, le vieux monsieur du jeu vidéo français.
Alors qu’ils sont interrompus par Mickalow pour annoncer fièrement que les 54 streamers de cette édition s’engagent à courir le marathon de Paris en 2020 en sub-goal ultime à même le microphone de ZeratoR, l’heure tourne. Le temps du Z-Event est écoulé.
Toutes les choses ont une fin. Il est 00h58, les streams sont en écran d’attente. Un silence règne presque dans la salle alors que tout le monde se rapproche les uns des autres pour réussir à rentrer dans le champ de la caméra de ZeratoR. Sur son live, c’est en cœur qu’ils remercient les viewers, les donateurs et scanderont avec énergie le cri de guerre de l’événement en frappant vigoureusement leurs mains.
Il est 1h. Le silence règne sur Twitch. Un silence avec un goût de devoir accompli.
Jamais autant cette maxime « Les vrais héros ne portent pas tous des capes » n’aura sonné aussi vraie à nos oreilles.
Merci à ZeratoR, à Dach, à la production, aux 54 streamers rassemblés pendant ces 55 heures de live et aux viewers et donateurs pour cet effort collectif grandiose.
Merci.
À l’année prochaine.