A l'annonce des franchises participant au LEC, seuls deux nouveaux noms nous étaient présentés : Rogue et exceL Esports. Avec un projet intéressant, aucune des deux n'avaient vraiment un effectif de rêve et personne ne les voyait au sommet. Rogue terminera d'ailleurs à la 10e place du Spring Split, ce qui ne démentait pas les pronostics. Et pourtant, tout va changer au Summer Split...
Faire confiance aux jeunes
Après l'échec du Spring Split, Rogue prend une décision risquée et pourtant nécessaire : remplacer presque tout son effectif par des joueurs issus de l'équipe academy qui performait vraiment bien en Ultraliga. Wadid, Sencux et Kikis quittent donc la structure. Profit et HeaQ, quant à eux, feront encore quelques apparitions peu fructueuses.
Au Summer Split donc, mis à part le vétéran Vander, les joueurs de Rogue ont été soit jamais soit très peu vus au top niveau européen. On peut donc facilement considérer l'effectif comme étant une équipe de rookies. Après le succès inattendu de SK Gaming, le public a appris à ne plus sous-estimer les jeunes joueurs sortis des EU Masters, mais de là à les pronostiquer en demi-finale des playoffs, personne ne s'y attendait vraiment.
A la place de HeaQ, on trouve donc Woolite, déjà aperçu chez Roccat en 2014 mais que l'on ne voit plus du tout depuis. S'il n'est pas aussi solide que ses coéquipiers, l'AD Carry a tout de même su trouver sa place dans le jeu et se permet même de très belles performances de temps en temps.
Au mid, remplaçant le très critiqué Sencux, c'est Larssen qui impose son jeu et son talent. Le jeune suédois de 19 ans aurait pu être présent dès le Spring Split mais il a fait le choix de terminer ses études et d'obtenir son "bac" avant de devenir vraiment professionnel. Difficile de critiquer un tel choix, au contraire... Et au vu de ses performances, les fans ne regrettent certainement pas de l'avoir attendu.
Dans la jungle, l'échec de Kikis en a choqué plus d'un mais Inspired est venu calmer les esprits. Innovant dans ses choix de route, le jeune Polonais d'à peine 17 ans a rapidement fait oublier son compatriote de 23 ans. Si jeune et pourtant déjà parmi les meilleurs d'Europe à son poste !
Enfin, au top, Finn remplace le coréen Profit et permet à son équipe d'avoir beaucoup d'agressivité de son côté de la Faille. Déjà considéré comme un spécialiste de Kled, le suédois de 20 ans a plus d'un tour dans son sac.
L'effet Vander
Pour contrôler les quatre jeunes talents, il fallait à Rogue un vétéran habitué au shotcall, un véritable commandant, calme et intelligent. Qui de mieux que Vander ? Un des supports les plus sous-estimé de sa génération. Déjà âgé de 25 ans, le Polonais est un des joueurs les plus vieux de la ligue et a déjà réalisé plusieurs petits exploits dans des équipes "de seconde zone". Autant dire qu'il est habitué aux défis et aux causes considérées comme perdues par les analystes.
Il arrive en EU LCS avec Roccat, les kingslayers, après avoir déjà fait partie de nombreuses petites équipes. Il fait ensuite partie de la version de H2K qui réalisera l'exploit d'arriver en demi-finale de la Coupe du monde, contre toute attente à l'époque. En 2018, il s'est hissé en finale des playoffs du Summer Split contre Fnatic avec Schalke 04. Il est toujours dans des équipes que l'on n'attend pas et qui réussissent à surprendre.
Rogue ne serait donc qu'un tour de plus du spécialiste des underdogs ? Peut-on parler d'"effet Vander" ?
Un Summer Split d'anthologie
Maintenant que nous avons rappelé la recette, il est temps de revenir sur les résultats. Sans vraiment dominer, Rogue va d'abord se hisser en playoffs avec un score moyen de 7-11. Mais là où la jeune franchise fait fort, c'est dans les équipes qu'ils battent. En effet, ils se sont imposés deux fois contre Origen et ont fait 1-1 contre toutes les autres équipes qui finiront à égalité en fin de saison. Ce simple fait et un brin de chance donnent à Rogue le luxe d'être qualifié d'office après 17 matchs et leur offre un match sans enjeu contre Fnatic.
Choisi par Splyce comme adversaire, Rogue va réaliser l'exploit de dominer 3-0 une équipe que l'on voyait comme un challenger de Fnatic et G2 Esports. Le jeune effectif a tout simplement atomisé les serpents dans tous les secteurs de jeu et s'est offert une place en demi-finale alors que beaucoup considéraient déjà leur place en playoffs comme un miracle.
Contre Schalke 04, ils n'ont pas démérité et s'offrent même le luxe de gagner une partie. Vaincus, ils se sont cependant battus comme des lions, contestant chacun des objectifs tout au long des 4 matchs. Après un split de cette qualité, on a hâte de revoir cette équipe l'année prochaine avec plus d'expérience... On entendra encore parler de Finn, Larssen, Inspired et même du vieux Vander, soyez en sûrs !