Microids nous a convié cette semaine à la preview de Blacksad : Under the Skin. Pour rappel, le titre est la première grosse adaptation de la BD à succès éponyme. Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, la série nous plonge dans un New York anthropomorphe des années 1950. L'histoire suit les aventures de John Blacksad, un chat noir détective privé, héros solitaire et ancien militaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qui caractérise cet univers, c'est un scénario extrêmement bien ficelé de Juan Díaz Canales ainsi qu'un dessinateur, Juanjo Guarnido, ancien des studios Walt Disney, mettant un point d'honneur sur des expressions faciales incroyables, le dynamisme des scènes d'action ainsi que la vie et les détails présents dans de nombreuses planches. La première bande-annonce dévoilée à la Gamescom 2018 avait su attiser la curiosité de tous, sans en dévoiler sur le gameplay. On ne savait alors pas le traitement que le titre allait recevoir. Quelques images et un story trailer publiés en début d'année et annonçant une sortie le 26 septembre 2019 ont fait sortir le studio du silence, mais de grosses interrogations restent en suspens.
Ce qui est sûr, c'est que le public risque d'être très exigeant avec cette adaptation. Découvrez nos impressions sur la version PC du titre, illustrées de plusieurs vidéos inédites, après une grosse heure et demie manette en main.
- Genre : Puzzle, Aventure
- Date de sortie : 26 Septembre 2019
- Plateforme : Nintendo Switch, Playstation 4, Xbox One, PC, Mac
- Développeur : Pendulo Studios
- Éditeur : Microids
- Prix : 49,99€
Un sombre polar
L'ancien champion de boxe respecté et propriétaire d'un club de boxe de New York, Joe Dunn, vient d'être retrouvé pendu. Au même moment, la star du club, Robert Yale, qui devait disputer l'un des combats les plus importants de sa carrière, vient de disparaître sans donner aucune nouvelle. Sonia Dunn, fille du propriétaire, reprenant les rênes de la salle, fait appel au célèbre détective John Blacksad pour résoudre ces deux mystères ; sans ce combat, l'établissement devrait mettre la clé sous la porte.
C'est de cette façon que le titre commence. Une intrigue plutôt basique, mais qui réserve quelques belles surprises et retournements de situation. Blacksad se veut être un polar sombre, les codes y sont, tout est respecté et il propose une histoire totalement originale et officielle. Cinq personnages sont tirés des BD : Jake, Weekly, Poli, Smirnov et bien sûr John. On pourra noter plusieurs mentions à Natalia Wilford sans en dire plus sur le rôle qu'elle joue. Le studio annonce également que trente et un nouveaux personnages ont été créés spécialement pour Under the Skin. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir dévoré les BD pour tout comprendre. Et c'est en effet dans ce sens que le jeu dirige le joueur, il est récompensé pour sa curiosité, beaucoup d'éléments du décor en apprennent plus sur le passé des personnages et leurs personnalités, et ce, d'une façon intelligente. John est en effet le protagoniste et la voix off de l'aventure, il commentera absolument tout ce que le joueur aura décidé d'examiner.
Du côté du doublage, Under the Skin propose une très bonne interprétation de la part des acteurs et particulièrement la voix de John qui correspond vraiment à ce que l'on pouvait attendre après toutes ces années à connaître ce personnage, rauque et posée. Petite cerise sur le gâteau, le doublage français est également disponible et cette option est sélectionnable à tout moment dans les options sans avoir à redémarrer le jeu avec pour exemple Jérémie Covillault, voix récurrente de Tom Hardy, dans le rôle de notre matou.
La musique, également, sait convaincre avec une touche dominante Jazzy qui nous renvoie directement au New York des années 50, de ce côté l'ambiance est clairement au rendez-vous. Par moments, le jeu nous donne vraiment l'impression d'être devant un ancien polar. Le rythme calme des scènes d'exploration aide vraiment à se vider la tête et se calmer pour résoudre les énigmes. Le rythme plus soutenu des scènes d'action rappelle quant à lui certaines scènes de Cowboy Bebop et vient renforcer l'immersion de manière subtile et très efficace.
Appelons un chat un chat
La BD Blacksad marque par sa patte graphique très détaillée et expressive, les personnages sont charismatiques à souhait et les décors sont tout simplement incroyables. On en est même à ressentir les impacts des coups lors des scènes d'action et les visages se déformant pour donner des expressions à la fois humaines et animales en font une œuvre anthropomorphe plus que réussie. C'est sur ce point qu'une adaptation de la série relève d'un véritable défi. Et c'est bien sur la partie technique qu'il va être difficile d'évaluer le titre pour l'instant. La version présentée était apparemment un build spécialement conçu pour la preview, mais aucune information quant à l'avancée de celle-ci et c'est ici que l'on peut émettre des doutes. De ce que l'on a pu voir, il reste beaucoup de travail à effectuer. En effet, plusieurs bugs se sont glissés dans cette session : après avoir examiné un mur, John est tout simplement devenu invisible, en voulant décrocher le téléphone, nous nous sommes retrouvé dans un mur et impossible d'en sortir, des objets disparaissent et apparaissent à nouveau dans le reflet du miroir, les cheveux de Sonia lui rentrent dans le dos et la main de Blacksad traverse les objets. Malheureusement, la liste ne s'arrête pas là, il y avait par exemple des moments pendant les dialogues durant lesquels les personnages n'ouvraient simplement pas la bouche. À ce constat assez inquiétant s'ajoute la rigidité dans les mouvements, les mouvements de lèvres assez approximatifs et hachés, des textures pas toujours précises et la plupart du temps des visages pas très expressifs. Le carnet de notes présentait également un gros problème. Cet outil permet de faire le bilan de ce que l'on a découvert sur chaque personnage. À chaque fois, plusieurs photos illustrent chacun d'eux, malheureusement les photos ne changeaient parfois pas d'un profil à un autre. On se retrouvait alors avec la photo de Sonia Dunn illustrant Weekly.
Le niveau de détail dans chaque tome est réellement impressionnant, l'aquarelle sublime chaque planche afin de créer des effets incroyables. Under the Skin lui propose des environnements moins précis et surtout moins vivants. Si l'on prend le titre seul, les jeux du genre nous ont habitués à cela, mais dans ce cas précis, il risque malheureusement de souffrir de la comparaison avec son support originel.
Tout n'est évidemment pas à jeter. Pendulo a opté pour une direction artistique assez simple mais efficace. Les personnages respectent fidèlement l’œuvre et ça fonctionne, la DA s'adapte bien pour un rendu très satisfaisant. Le choix des couleurs est également un point fort du titre, que ce soit au niveau du character design ou des décors, c'est une réussite. Le filtre légèrement sépia, vieillissant le tout, fait merveilleusement bien le travail. De ce côté, le studio a fait les bons choix.
Nous sommes conscients que ces bugs sont aisément rectifiables pour le studio, mais proposer un hands on avec tous ces soucis alors que le titre doit sortir fin septembre, cela a de quoi préoccuper. Difficile donc de juger l'amélioration que le titre va recevoir en 2 mois. On espère en tout cas que cette partie technique ne va pas entacher le potentiel d'Under the Skin.
Toutes griffes dehors
Même s'il était annoncé comme tel, on attendait avec curiosité de voir la façon dont ce point'n'click allait traiter l’œuvre de Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales. Le gameplay se divise en réalité en trois catégories. Les phases d'enquête laissent le joueur naviguer librement dans l'environnement. Il est possible de repérer tous les indices dans une zone, d'avoir différentes interactions avec le décor, de faire ses propres choix et d'interroger des potentiels témoins et suspects. Cette approche se fait de façon libre, l'enquête peut être faite dans l'ordre voulu par le joueur, mais il faudra bien réfléchir avant de prendre une décision, qui semble parfois sans importance, mais qui aura un impact sur le comportement des différents personnages. Que ce soit dans les dialogues ou les décisions prises, des dialogues à choix multiples sont proposés et Blacksad pourra adopter différents personnalités en fonction des décisions prises. John pourra être le plus bienveillant des détectives, ou au contraire être appâté par l'argent ou encore jouer de son charme pour obtenir ce qu'il souhaite. Cela dépend totalement de la morale du joueur.
Afin de changer l'attitude des personnages envers Blacksad, l'utilisation du Cat Senses sera essentielle. Fonction disponible pendant les dialogues, il sera possible d'étudier l'interlocuteur grâce à sa vue, son ouïe ou son odorat sur-développés, ce qui permettra d'ouvrir de nouvelles pistes de discussion. Non, ce n'est pas révolutionnaire en soi, mais dans le contexte, c'est très appréciable.
Comme on pouvait s'en douter, les scènes d'actions, elles, se déroulent pendant des cinématiques à renforts de QTE. Tous les codes y sont, utilisation du joystick, tapotage de boutons à répétitions et cercles concentriques qui rétrécissent pour appuyer au bon moment. À part quelques ralentissements, les scènes sont bien amenés et le déroulement est maîtrisé. On regrettera que le fait de louper une séquence de QTE ne constitue pas un enjeu plus important. Un simple "retry", de ce que l'on a pu voir, à volonté, pour recommencer toute cette partie suffira à retenter sa chance. Dans un monde si adulte et mature, un peu de maîtrise aurait été la bienvenue.
En fonction de ce que John aura découvert, il sera possible de collecter des indices et de les faire coïncider pour en tirer de nouvelles conclusions. Tout ceci se passe dans un menu à part et ce sera au joueur d'aller y faire un tour pour découvrir de nouvelles pistes ou de débloquer des situations. La déduction amène à réfléchir sur l'enquête et permet de ne pas se laisser simplement guider pour arriver au bout de l'aventure.
Les collectibles, cartes des joueurs de différents sport, permettent de découvrir le monde de Blacksad, sans avoir forcément ouvert les BD auparavant. Des informations complémentaires se trouvent écrites au dos de chaque carte. Ce bonus intéressant pour le lore est totalement optionnel et les joueurs souhaitant se focaliser sur l'histoire ne seront pas obligés de chercher ces cartes.