He's alive ! Bloodstained : Ritual of the Night est enfin disponible, plus de 4 ans après avoir soulevé autour de 5,5 millions de dollars sur la plateforme de financement participatif Kickstarter. Initié par Koji Igarashi, il est le dernier descendant du genre Metroidvania, des titres d'action/aventure en 2D mélangeant les caractéristiques des séries Castlevania de Konami et Metroid de Nintendo. Dans le cas de ce Bloodstained, il s'agit d'un action-RPG dans lequel il va nous falloir explorer de fond en comble un manoir anglais du 18e siècle. Chaque partie du manoir possède ses propres ennemis, coffres cachés et compétences à débloquer, lesquelles peuvent être utilisées pour re-découvrir les anciennes zones (salles cachées, lieux inaccessibles). Le metroidvania a beau avoir perduré grâce en partie à la scène indé, son jeu fondateur (Castlevania : Symphony of the Night) n'a jamais connu de suite. C'est là l'ambition d'Igarashi avec Bloodstained : réaliser le nouvel opus que les fans n'ont jamais eu. Malgré un développement chaotique et des preview peu encourageantes, Bloodstained a-t-il de quoi s'imposer comme le nouveau représentant de son genre en 2019 ?
- Genre : Action/aventure, metroidvania
- Date de sortie : 18 juin 2019
- Plateforme : PC, Playstation 4, Xbox One, Nintendo Switch
- Développeur : Artplay, WayForward, Inti Creates
- Éditeur : 505 Games
- Prix : 39,99€
- Testé sur : PS4 Pro
Vampires suck
Les événements de Blodstained : Ritual of the Night prennent place à la fin du 18ème siècle, dans une Europe où la science prend de plus en plus d'importance. Nous y incarnons Miriam, une orpheline récupérée par des alchimistes afin de servir de cobaye dans des expériences visant à faire d'elle un réceptacle à cristaux, des contenants remplis de pouvoirs démoniaques. Malheureusement tout ne se passe pas comme prévu et la belle plongera dans un long coma. L'expérience marchera finalement sur Gebel, un autre humain, qui détruira la guilde d'alchimistes à l'aide de ses pouvoirs et créera sa demeure, le fameux château du jeu. Réveillée de son long coma, Miriam va prendre le maximum d'infos auprès des alchimistes restants et régler définitivement son compte à Gebel.
Si les Castlevania ont toujours brillé par leur gameplay, l'atmosphère en a toujours été un élément majeur. Sur un fond d'ambiance gothique, Bloodstained est finalement un fourre-tout artistique assez dérangeant. Le design des héros est classique, bien que réussi, mais celui des ennemis tient limite de l'aléatoire. Il y a littéralement de tout, souvent sans cohérence. Cependant, si nous nous battons littéralement contre tout et n'importe quoi, quantité et variété sont au rendez-vous. Les boss, très inégaux également (le passage d'un monstre marin à un samurai basique fait très mal) relèvent tout de même le niveau. Le tout est servi par une technique un peu datée, couverte par un cel-shading qui malheureusement ne cache pas tout. Pour subsister, l'atmosphère peut néanmoins compter sur une excellente bande-son, concoctée par les vétérans Michiru Yamane (Castelvania depuis Symphony of the Night), Ippo Yamada (Mega Man ZX) et Jake Kaufman (Shovel Knight, Shantae). En termes de framerate, nous avons rencontré quelques micro-ralentissements sur PS4 Pro, mais absolument rien d'alarmant. A noter que sur Pro et One X, le titre supporte le combo 4K/60fps.
Back to basics
Loin d'un AAA en ce qui concerne sa plastique et pas aussi cohérent dans sa direction artistique que nombre de ses confrères indés, Bloodstained rattrape absolument tout sur son gameplay. Aux mouvements de base (attaquer, se baisser, sauter), il ajoute un système de fragments de cristaux à récupérer sur les démons tués. Ils sont disponibles par dizaines, et divisés en cinq types bien distincts : une attaque avec triangle, un pouvoir dirigeable avec R2, une aptitude de terrain avec R1 (une main géante pour attraper des objets, des transformations), un bonus passif et un familier. Chaque ennemi vaincu dans le jeu peut vous apporter l'un de ces 5 fragments, ce qui aura pour effet d'améliorer leur classe et ainsi leur efficacité. A noter que toutes les aptitudes actives coûtent des mp, donc attention à les utiliser avec parcimonie.
Comme tout metroidvania qui se respecte, Bloodstained se déroule dans un unique château divisé en un grand nombre de salles. Parmi elles, deux se distinguent : les salles vertes et les salles rouges. Les premières vont vous permettre de vous téléporter entre toutes les salles vertes du manoir, tandis que les secondes sont là pour sauvegarder et régénérer vos jauges de vie et mp. Aucun checkpoint n'est disponible et par conséquent, chaque mort vous fera revenir à la sauvegarde précédente. Il est donc bon de vous mettre dès le début de partie dans l'état d'esprit de sauvegarder rapidement, de peur de perdre des précieuses minutes/heures d'exploration sur un coup mal placé.
Koji Igarashi : architecte
Dans un effort de modernité, le titre assure les minima en proposant un système d'équipement complet, accompagné de craft et surtout d'une quantité faramineuse d'objets à débloquer. Une palanquée d'armes variées sont disponibles partout dans le manoir, mais ce n'est pas tout. Pour mettre un peu d'ordre dans tout cela et organiser un peu la progression, un hub est disponible à l'entrée de la bâtisse. Ce dernier est rempli de personnages types de RPG comme un alchimiste, un marchand/forgeron et une donneuse de quêtes secondaires.
Avec autant d'éléments placés de part et d'autre de la carte, nous aurions pu craindre une progression hachée. Il est très aisé de se casser les dents sur un tel genre, d'autant plus avec la pression et l'exigence d'une fan base aussi pointilleuse que celle des premiers Castlevania. Le pari est réussi haut la main puisque le level-design est tout simplement excellent : les bêtes varient, les ambiances aussi, les boss sont parfaitement placés dans le manoir, s'enchaînent de manière fluide et apparaissent juste avant que nous n'ayons le temps de nous lasser d'une zone. Etant donné la quantité d'allers-retours que nous sommes amenés à faire dans le titre, ce n'est pas plus mal que ces dernières se succèdent rapidement.
Pas cupide pour un sou
Bloodstained : Ritual of the Night a coûté à ses fans plus de 5 millions de dollars et le moins que nous puissions dire, c'est que chaque denier a été savamment dépensé. Plus que de proposer une expérience visuelle, Iga et les studios qui l'ont épaulé arrivent sur le marché avec une expérience d'une générosité rare. La formule de Symphony of the Night y est boostée à son paroxysme, et le titre transpire littéralement du contenu par tous les pores. Chaque zone est remplie à ras-bord de nouveaux objets et ennemis afin d'augmenter constamment vos possibilités. Débloquer de nouveaux pouvoirs sur chaque ennemi tué permet d'apporter un flot de variété constant, aidé par l'aspect addictif d'une progression fluide et d'un feeling d'armes maîtrisé. Ces dernières possèdent même des combos cachés, à découvrir dans les nombreuses bibliothèques du titre. Quelques éléments cosmétiques sont également personnalisables comme les couleurs de la tenue, la peau ou la coupe du joueur.
Concernant la durée de vie précise du titre, elle dépend en partie de vous. Comptez une grosse quinzaine d'heures pour un bon premier run, et bien plus si vous souhaitez explorer chaque recoin du titre et/ou vous entraîner à enchaîner les boss dans un second mode dédié. Si vous lisez ces lignes étonnés puisque vous avez terminé le titre en 2 fois moins de temps, relancez-le et refouillez le monde. Le titre a encore une bonne série de salles et de boss à vous offrir. Tout cela bien évidemment sans compter les 13 prochains DLC gratuits à venir parmi lesquels un mode multijoueur local, en ligne, un donjon aléatoire en mode "roguelike" (Dead Cells, Rogue Legacy) ou encore deux nouveaux personnages jouables. Il est toujours plaisant de voir les fans autant récompensés pour avoir soutenu massivement un jeu quand les gros éditeurs ne répondent pas présent. Il y a tout juste un an, nous doutions encore de la viabilité du produit final et désormais, nous le saluons et nous avons déjà les yeux rivés sur la suite. Iga a définitivemet gagné la confiance de ses fans.
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